REPENSER L'ECOLE: Améliorer les systèmes éducatifs
Publié le 17/01/2024
Extrait du document
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Améliorer les systèmes éducatifs
Alors que nous traversons une époque de grand chamboulement de nos
valeurs traditionnelles et principes moraux qui, jusqu’ici, avaient structuré et
cimenté nos sociétés et les générations qui se sont succédé autour d’un socle
commun, notre système éducatif traverse une crise qui n’est que le reflet de
l'incertitude générale et des désordres de notre temps.
Les débats incessants entre tradition et progrès, entre les humanités
classiques et les exigences de la modernité, mettent en lumière les défis
fondamentaux de l'éducation.
Dans cet essai, nous examinerons comment repenser l'éducation à la lumière
de réflexions sur le système éducatif, mettant en évidence les aspects
problématiques du diplôme, de la compétition, et de la sélection, tout en
s'appuyant sur les idées d'Albert Jacquard, de Corentin de Salle, et de Paul
Valéry.
Tout d’abord, si le cœur du problème semble résider dans la négligence des
questions fondamentales concernant la finalité de l'éducation, il convient avant
de définir le ou les programmes et méthodes qu’il serait souhaitable
d’envisager, de se demander quel type d'individu nous cherchons à former et
à quelle fin.
Voulons -nous persister dans l’hypocrisie et continuer à manipuler,
formater et abrutir d’idéologies douteuses de futurs citoyens qui se révèlent
être de plus en plus illettrés et à la limite de l’analphabétisme ? Ou bien
sommes-nous enfin véritablement désireux de transmettre à l'enfant les
notions nécessaires pour lui donner les atouts qui lui permettront de contribuer
positivement à la société demain, tout en lui permettant de jouir des acquis de
la civilisation ? Cette proposition offre une perspective qui mérite d'être
explorée.
Ensuite, le diplôme, considéré par d’aucuns, à l’instar de Paul Valéry, comme
l'ennemi de la culture, a pris une place prépondérante dans notre système
éducatif au détriment de l’acquisition des savoirs.
La quête effrénée du
diplôme a, en effet, détourné l'attention de la véritable formation de l'esprit, la
transformant en une simple recherche du minimum requis pour réussir les
examens, ce sésame incontournable destiné à permettre à l’apprenant de
franchir les multiples étapes jusqu’à l’obtention de son diplôme.
Cette dérive
par rapport à ce qui aurait dû être la finalité de l’éducation a eu des
conséquences néfastes sur l'esprit du public, créant des illusions de
compétences et de droits acquis et encourageant des stratagèmes divers et
variés pour écarter les concurrents, franchir les obstacles et décrocher au bout
d’un parcours de plus en plus souvent sinueux, voire tortueux pour certains, le
précieux document censé ouvrir toutes les portes aux vainqueurs.
Dans le contexte de ces observations, la position de Corentin de Salle sur
l'esprit de compétition mérite d'être examinée.
Alors que le biologiste
généticien et philosophe André Jacquard prônait l'éradication de la compétition
de l'enseignement qui concourait selon lui à sélectionner les individus les plus
dangereux et à hypothéquer l’esprit de solidarité indispensable à l’évolution de
l’intelligence, le juriste et philosophe contemporain, Corentin de Salle soutient
l’exact contraire.
L'esprit de compétition, bien compris, n'est pas synonyme
selon lui d’exclusion, mais constitue plutôt une incitation saine à donner le
meilleur de soi-même et à se singulariser.
Les exemples de la Grèce antique
et des Jeux Olympiques offrent une excellente illustration et montrent
comment la compétition peut être un moteur de créativité, d'innovation et
d'excellence.
Cependant, il est crucial de distinguer compétition et sélection.
L'approche
basée sur des quotas, souvent utilisée dans les systèmes éducatifs, est
critiquée et jugée arbitraire, injuste et contre-productive.
La sélection basée
sur des critères objectifs, démontrant l’intérêt et l'acquisition réelle et
approfondie de connaissances et de compétences, est préférable à une
compétition artificielle basée sur des quotas comme c’est le cas dans les
facultés de médecine dont l’accès est conditionné au passage d’un examen
d’entrée destiné à sélectionner un certain nombre d’aspirants d’une part et à
en éliminer un grand nombre d’autres et parmi eux, peut-être, de potentiels
grands médecins qui faute de n’avoir pas pu exceller à cette épreuve sélective
sont renvoyés vers d’autres filières qui leur conviendront moins ou pas.
Enfin, l'école n’est pas simplement un lieu d’acquisition de savoirs comme
nous le rappelle Albert Jacquard mais elle est surtout l’endroit où se pratique
l'art de la rencontre et à ce titre, c’est encore lui qui nous inspire car il voit
dans l’école, l’espace où l’on s’humanise au contact de l’Autre et où l’on
développe la vertu de l’indispensable solidarité qui nous lie les uns aux autres,
reléguant au second plan cet esprit délétère fondé sur la compétition et
l’élimination du concurrent.
En outre, son plaidoyer en faveur de l'effort de compréhension plutôt que de la
simple acquisition / mémorisation / restitution fidèle de connaissances met en
lumière la nécessité de cultiver un esprit critique et curieux chez les
apprenants.
Améliorer les systèmes d'éducation nécessite donc de repenser
fondamentalement les objectifs de l'éducation, de remettre en question le rôle
prépondérant du diplôme, et de trouver un équilibre entre la compétition
stimulante....
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