La pluralité des in uences socialisatrices peut être à l’origine de trajectoires individuelles improbables.
Publié le 17/04/2023
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La pluralité des in uences socialisatrices peut être à l’origine de trajectoires individuelles
improbables.
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Une vaste enquête sur les pratiques culturelles des Français a permis au sociologue Pierre
Bourdieu (1930-2002) de proposer une analyse de la structure sociale basée sur les conditions
sociales de production du goût.
Par exemple, il relie certaines pratiques sociales (alpinisme, fréquentation des musées, écoute de
musique classique) aux groupes sociaux dotés d’un fort capital culturel comme les professeurs
d’université ou les professions libérales.
Plus largement Pierre Bourdieu postule une correspondance entre la hiérarchie des œuvres
(légitimes, moyennes ou vulgaires) et la hiérarchie sociale (classe dominante, moyenne ou
populaire).
Richard A.
Peterson défend l’idée d’un « passage à des goûts omnivores ».
Avec son collègue A.
Simkus, le sociologue américain propose le terme d’« omnivorité » pour souligner que les
classes supérieures diplômées se distinguent par l’éclectisme de leurs goûts.
Par exemple, dans le domaine musical, ils vont écouter des formes savantes de musique
classique et, en même temps, des groupes folkloriques populaires.
Les classes populaires se
singularisent plutôt par la restriction du champ de leur goût (dont la gure limite serait le
« fan »).
Il y a donc toujours des goûts et des pratiques qui sont des marqueurs de statuts sociaux mais ils
se modi ent au cours du temps.
Notons qu’il ne contredit pas le modèle de la légitimité culturelle : l'éclectisme des classes
supérieures reste un signe de domination symbolique mais il veut prendre en compte, avec
d’autres sociologues, les résultats des nouvelles enquêtes empiriques :
• la position sociale n’est pas la seule variable explicative des pratiques culturelles ;
• les « pratiques culturelles » se sont élargies à d’autres formes de loisirs comme la
photographie ou le sport ;
• la massi cation scolaire, les transformations socioprofessionnelles, le poids croissants des
médias, des industries culturelle, des réseaux sociaux numériques, etc.
obligent le
sociologue à réactualiser ses analyses.
Le développement des industries culturelles ont
modi é les modèles de la légitimité culturelle ;
• il faut prendre en compte les di érences de sexe, d'âge, d’origines géographiques, etc.
Il n’y a donc plus de stricte correspondance entre position sociale et préférences esthétiques.
Philippe Coulangeon, étudiant les goûts musicaux des Français, montre que le modèle de la
légitimité culturelle n’est pas révolu (la musique « savante » reste écoutée par les classes
supérieures) mais il souligne aussi que l'appartenance de classe n'explique pas la totalité des
goûts (et des dégoûts).
La pratique d'un instrument ou l'âge sont des variables explicatives pour
l’écoute du rock ou du rap.
Il invite donc à « corriger » le modèle de la légitimité culturelle proposé
par Pierre Bourdieu par le modèle « omnivore/univore » (ou modèle de l'éclectisme culturel).
De plus, comprendre la socialisation des jeunes c’est aussi intégrer les nouvelles pratiques,
notamment les expériences d’immersion dans un pays étranger dans le cadre de ses études
comme l’illustre le programme Erasmus.
Pour le sociologue Vincenzo Cicchelli, les étudiants du programme Erasmus, connaissent une
socialisation cosmopolite, soit « le processus d’apprentissage de la part des individus des
dimensions transnationales du monde qui les entoure ».
La socialisation n’est donc pas uniquement liée au cadre local et national.
Les individus peuvent
avoir des cercles d’appartenances supranationaux voire transnationaux.
Soulignons que le cosmopolitisme des jeunes Européens ne se traduit pas par une citoyenneté
universelle : pour se déclarer Européen, il faut d’abord passer par une identité nationale !
Plus largement, pour Vincenzo Cicchelli, il existe une « condition humaine collective » comme
l’illustre les phénomènes transnationaux comme les compétitions sportives (cf.
FIFA, coupe
d’Europe, CAN, etc.) ou la « dénationalisation » de certains sujets majeurs (changement
climatique, risques terroristes, crise....
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