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Explication de texte SPINOZA, Traité théologico-politique (1670)

Publié le 12/12/2022

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« Philosophie Devoir maison #1 (pour le 06/10) Texte : “Dans un état démocratique [...] sous seule conduite de la raison.” SPINOZA, Traité théologico-politique (1670) La démocratie est-elle un bon régime politique ? Ne faut-il pas craindre que le peuple ne sache pas se gouverner ? Telles sont les questions auxquelles Spinoza répond dans ce texte en montrant qu'il est paradoxal de penser que la liberté n'est que pure fantaisie et réalisation de ses désirs égoïstes, ce qui rendrait impossible la paix et la concorde.

Si la démocratie (du grec demos, le peuple, et kratos, le pouvoir) est le régime politique qui attribue la souveraineté au peuple, elle repose donc sur l'idée selon laquelle tout membre de ce peuple aurait la capacité d'être citoyen.

Or, le peuple n'est-il pas formé d'un ensemble d'individus aux intérêts différents, mus par leur intérêts personnels, fondamentalement ignorants, irrationnels, et par là aveugles à toute forme de justice ou d'intérêt commun ? À cette méfiance à l'égard du peuple, Spinoza oppose la thèse suivante : la démocratie est un bon régime politique puisqu’elle permet de dépasser l'irrationalité et le caractère passionnel des individus, dont l'obéissance aux lois et à la raison conditionne la liberté. Spinoza examine d'abord l'objection selon laquelle la démocratie serait minée par l'ignorance et les passions des individus : il expose en quoi la démocratie apparaît précisément comme un rempart aux conduites capricieuses des individus.

Puis il répond à une objection qui pourrait être opposée à son raisonnement : mais alors si le peuple, en démocratie, doit obéissance aux lois, n'est-il pas esclave ? En réalité, selon Spinoza, le citoyen n'est libre que par les lois, qui expriment la raison. Dans une première partie, Spinoza répond à l'objection commune faite à la démocratie, objection selon laquelle donner la souveraineté au peuple serait oublier l'irrationalité des individus : de ces individus irrationnels et passionnels ne pourraient émaner que des « ordres absurdes ». À cela, Spinoza répond en deux temps.

“Dans un État démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même absurdité.” Son premier argument repose sur le nombre : de la « majorité d'une grande assemblée », dit-il, ne peut sortir « une seule et même absurdité ».

Autrement dit, l'argument est logique : s'il est possible que d'un individu sorte une décision absurde, il est moins probable qu'un grand nombre d'individus prenne une décision absurde ou contraire à leurs intérêts.

En démocratie, la décision étant prise à la majorité, il est peu probable que la majorité des citoyens se prononce en faveur d'une décision irrationnelle.

Ce qui préserve les lois démocratiques du caprice ou de l'irrationalité individuelle, c'est donc que ces lois sont adoptées à la majorité : en somme, il faudrait supposer une raison commune, une sorte de bon sens qui serait majoritaire, soit une rationalité collective. Cette idée d'une rationalité collective, résultant de l'addition des rationalités individuelles, est déjà ce qui fonde la défense de la démocratie chez Aristote, supposant qu'en chacun existe la même faculté à raisonner. Le second argument repose sur une définition précise de la démocratie : son « fondement » et sa « fin », c'est-à-dire ce pour quoi elle est faite, ce qui explique son existence et ce qu'elle vise : la « paix ».

“Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie, qui n’est autre que de soustraire les hommes à la domination absurde de l’appétit et à les maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde et dans la paix.” Or, dire que la démocratie est faite pour établir la paix, c'est dire que sa raison d'être et sa fin sont justement d'imposer les « limites de la raison » à la « domination absurde de l'appétit » qui, lui, nous pousse au conflit.

L’Etat démocratique permet de se préserver contre l’autoritaire grâce à la fonction même de l’Etat démocratique, qui est de vouloir le bien des sujets.

La raison s’oppose ici à l’appétit, qui serait dérégulé et non maîtrisé. En d'autres termes, la démocratie, loin de permettre aux individus d'exprimer leur irrationalité à travers les lois, est faite pour contenir ces désirs qui, nés de leur caractère passionnel, conduisent les individus à s'affronter. De là, Spinoza tire une conclusion portant sur les devoirs du « souverain » et ceux des « sujets ».

Si le souverain est garant de cette paix qui ne s'obtient que par le combat de la raison contre les caprices individuels, les sujets d'une démocratie, eux, doivent obéissance aux lois.

Il leur revient, dit-il, « de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit ».

“Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il appartient d’y pourvoir; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit.” L’écueil ici était de se méprendre sur ce qu’est le souverain : Spinoza n’entend pas par souverain un individu, un monarque, qui aurait tous les pouvoirs.

Pour Spinoza, le souverain peut être une personne dans le sens d’une collectivité : c’est par le contrat social, et donc par l’adhésion de tous, que se constitue le souverain. Spinoza évoque ici le contrat social par lequel s'établissent des devoirs réciproques : en échange de la garantie qu'ils vivront en paix, les citoyens s'engagent à obéir aux lois.

Le souverain.... »

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