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Totalitarisme contre democratie

Publié le 14/10/2024

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« EXPOSÉ 1 : Comparer totalitarisme et démocratie INTRO: « Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire.

» Cette citation de Jean-Paul II souligne la fragilité des régimes démocratiques face à l’érosion de leurs principes fondateurs.

Elle évoque les dérives possibles de la démocratie vers des formes autoritaires, révélant des similitudes préoccupantes avec le totalitarisme lorsque les valeurs essentielles sont négligées. La démocratie, par définition, est un système politique où le pouvoir est exercé par le peuple, soit directement, soit par le biais de représentants élus.

Ses racines remontent à la Grèce antique, au Ve siècle avant J.-C., où des penseurs comme Socrate, Platon et Aristote ont jeté les bases de ce régime.

Le terme, dérivé du grec *demos* (le peuple) et *kratos* (le pouvoir), signifie littéralement « le pouvoir du peuple ».

Ce système repose sur la participation des citoyens, le pluralisme politique, la protection des libertés individuelles et la séparation des pouvoirs.

Aujourd’hui, la démocratie se décline en plusieurs formes, dont la démocratie directe, où les citoyens prennent directement les décisions, et la démocratie représentative, où ils élisent leurs dirigeants. À l'opposé, le totalitarisme est défini dans *Le Lexique de la science politique* comme "un système de domination totale dans lequel l'État concentre tous les pouvoirs et intervient de manière autoritaire dans l'ensemble des activités sociales, économiques et politiques." Le terme a été introduit pour la première fois par Benito Mussolini en 1925, dans un discours évoquant la « volonté totalitaire » de son régime fasciste, avant d’être approfondi par des penseurs comme Giovanni Gentile et Hannah Arendt.

Ce phénomène a pris de l'ampleur en Europe entre les années 1920 et 1940, avec l'ascension de dictateurs tels que Mussolini en Italie, Hitler en Allemagne et les stalinistes en Union soviétique. Pour illustrer la comparaison entre démocratie et totalitarisme, nous avons choisi d'analyser deux pays emblématiques à la sortie de la Seconde Guerre mondiale : l'Albanie, sous la dictature d'Enver Hoxha (1944-1985), et la République Fédérale Allemande (RFA), symbole de démocratie occidentale établie en 1949 et ayant perduré jusqu'à la réunification allemande en 1990.

Cette période est cruciale, marquant une réorganisation des systèmes politiques en Europe : l'Albanie a glissé vers le totalitarisme sous l'influence de l'URSS, tandis que la RFA a embrassé la voie démocratique.

Bien que ces deux pays aient connu des régimes opposés, ils ont également flirté avec le totalitarisme et la démocratie, ce qui rend leur comparaison d’autant plus pertinente. En adoptant une méthode binaire, nous mettrons en lumière les différences fondamentales entre ces régimes tout en examinant comment l’histoire et le contexte social ont façonné leurs trajectoires.

Cette approche nous permettra de mieux comprendre les dynamiques sous-jacentes du fonctionnement de la démocratie et du totalitarisme, ainsi que les conditions ayant favorisé l'émergence de l'un ou l'autre. Ainsi, la démocratie et le totalitarisme représentent deux systèmes politiques majeurs, chacun structurant la société de manière distincte.

Avant de les comparer, il est essentiel de comprendre la notion de "système politique".

Ce terme désigne l'organisation des pouvoirs selon divers critères, notamment la séparation des pouvoirs, le nombre de gouvernants et la relation entre gouvernants et gouvernés.

Maurice Duverger définit le régime politique comme "la forme que prend, dans un groupe social donné, la distinction entre gouvernants et gouvernés." Toutefois, le système politique englobe bien plus que les institutions ; il inclut les valeurs, les interactions sociales et la participation des individus à la vie politique.

Almond et Powell le caractérisent comme "un ensemble de structures dans leur aspect politique." Ainsi, nous pouvons nous demander : en quoi la démocratie et le totalitarisme, bien que structurés autour de la société, se distinguent-ils fondamentalement en tant que systèmes politiques ? Pour y répondre, nous analyserons d’abord les fondements et le fonctionnement du pouvoir dans ces deux régimes (I), avant d’examiner leurs conséquences sur la société (II). En quoi les systèmes démocratiques et totalitaires, bien que organisés autour de la société, se distinguent-ils ? I/ Un pouvoir politique structuré par des mécanismes variés Dans une première partie, nous explorerons d'abord les fondements qui permettent à ces systèmes d'affirmer leur autorité, puis nous examinerons les institutions qui les soutiennent. A) Les bases de l’établissement du pouvoir politique dans ces systèmes Le totalitarisme et la démocratie sont deux régimes politiques qui, bien que fondamentalement opposés, émergent souvent de crises similaires, telles que des bouleversements sociaux, politiques et économiques majeurs.

Les causes de leur émergence et leurs moyens d’action révèlent des réponses distinctes aux mêmes défis sociétaux. Le totalitarisme, comme l’a analysé Hannah Arendt dans *Les Origines du totalitarisme*, surgit dans des sociétés en proie à des crises profondes, caractérisées par une désintégration des structures sociales. Les périodes de modernisation rapide engendrent un sentiment d’isolement et un vide moral.

Après la Première Guerre mondiale, les bouleversements économiques et sociaux exacerbent ce désarroi, rendant les populations vulnérables aux idéologies totalitaires.

Ces mouvements se présentent comme des solutions radicales à la crise de modernité, promettant un ordre unifié et cherchant à éradiquer la diversité culturelle et spirituelle. L’émergence du totalitarisme est souvent associée à des moyens violents d’accession au pouvoir.

De nombreux régimes totalitaires s'imposent par des coups d'État ou à la suite de révolutions violentes.

En Albanie, sous Enver Hoxha, cette dynamique est particulièrement évidente.

Après la Seconde Guerre mondiale, Hoxha prend le pouvoir par une combinaison de stratégies politiques et de répression militaire, établissant un régime communiste autoritaire qui repose sur une idéologie marxiste-léniniste. Hoxha justifie la répression de toute dissidence comme une nécessité pour la défense de l'État.

Ce climat de peur est renforcé par la brutalisation des esprits, aboutissant à l’emprisonnement de 100 000 Albanais pour des raisons politiques entre 1945 et 1991. À l’opposé, la démocratie émerge souvent en réponse à des crises, favorisant l’inclusion plutôt que l’exclusion.

Les revendications sociales croissantes, le désir d’égalité politique et les appels à la justice sociale motivent l’établissement de régimes démocratiques.

Samuel Huntington, dans son ouvrage *The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century*, identifie trois vagues majeures de démocratisation.

La première vague débute au début du XIXe siècle et est suivie par une réaction autoritaire.

La seconde, après la Seconde Guerre mondiale, est marquée par la décolonisation et l’essor des démocraties dans de nombreux pays.

La troisième vague, qui commence dans les années 1970, entraîne des transitions démocratiques en Europe de l'Est, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, souvent déclenchées par des crises économiques et des mouvements sociaux.

Cela ouvre la voie à l'intégration des groupes marginalisés et à une participation politique élargie. Les régimes démocratiques accèdent au pouvoir par des élections libres et régulières, assurant légitimité et représentativité.

Dans la République fédérale d’Allemagne (RFA), la volonté de réconciliation et de reconstruction a été essentielle après les horreurs du régime nazi.

Les nouvelles élites politiques ont compris la nécessité d'établir un système garantissant les droits fondamentaux et la participation citoyenne..

Ce cadre légal a permis d’intégrer des groupes socialement marginalisés et de promouvoir une société pluraliste où diverses voix peuvent être entendues. Après avoir vu les bases de l’établissement du pouvoir politique dans la démocratie et du totalitarisme, on observe que ces régimes s'organisent et se maintiennent à travers des institutions. B) Les instituions au service du maintien du pouvoir politique L'analyse des régimes politiques révèle que le rôle des institutions est crucial pour comprendre l'exercice et le contrôle du pouvoir.

Dans les démocraties, ces structures garantissent la séparation des pouvoirs, la responsabilité et la participation citoyenne, favorisant ainsi le pluralisme.

Dans la République fédérale d'Allemagne (RFA), la séparation des pouvoirs se manifeste par un système exécutif, législatif et judiciaire clairement défini.

Le chancelier, élu par le Bundestag, détient le pouvoir exécutif tout en étant responsable devant le parlement.

Le Bundestag, élu directement par le peuple, joue un rôle clé dans le contrôle du pouvoir exécutif en proposant et en votant des lois.

De plus, le Bundesrat représente les Länder, intégrant les préoccupations régionales dans le processus législatif.

Le pouvoir judiciaire, quant à lui, est indépendant et protège les droits fondamentaux des citoyens.

La Cour constitutionnelle fédérale, créée en 1951, a le pouvoir d'invalider des lois contraires à la constitution, garantissant ainsi le respect des normes démocratiques. En revanche, dans les régimes totalitaires, les institutions sont souvent détournées pour renforcer le pouvoir d’un individu ou d’un parti unique, éliminant toute forme de contestation et favorisant un monisme politique.

En Albanie, sous Enver Hoxha, qui a dirigé le pays de 1944 à 1985, la séparation des pouvoirs était inexistante.

Le pouvoir exécutif était concentré entre les mains du Parti du travail, qui contrôlait toutes les décisions politiques sans permettre de débat ou de dissidence.

Le parlement albanais, le Parlement du peuple, n'était qu'un outil de validation des décisions du Parti, avec des membres choisis pour leur loyauté, et n'exerçait aucun pouvoir réel sur la législation.

Le système judiciaire en Albanie était également entièrement subordonné au Parti.

Les décisions judiciaires étaient souvent dictées par des intérêts politiques, et les opposants au régime risquaient.... »

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