Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et modes de communication B) Liberté ou contrôle de l’information
Publié le 10/11/2024
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et modes de communication
B) Liberté ou contrôle de l’information
1) L’information dépendante de l’opinion ? L’affaire Dreyfus et la presse
1.1) L’enracinement de la république et l’essor de la presse
1.2) Le traitement médiatique de l’affaire Dreyfus
2) L’information entre le marché et l’État : histoire de l’Agence Havas et de l’AFP
2.1) La première agence de presse : l’agence Havas
2.2) De 1945 à 1981 : renouveau démocratique et nouveaux médias
2.3) De 1981 à nos jours, libéralisation et difficultés économiques
3) Information et propagande en temps de guerre : les médias et la guerre du Vietnam
3.1) Guerres et contrôle des médias
3.2) La médiatisation de la guerre du Vietnam (1964-1973)
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et modes de communication
B) Liberté ou contrôle de l’information
Photo « Le président Franklin Delano Roosevelt lors d’une émission de radio en 1942 »
1) L’information dépendante de l’opinion ? L’affaire Dreyfus et la presse
Une 3 p221 « J’accuse, l’Aurore, 13 janvier 1898 »
Quels liens la démocratie entretient-elle avec la liberté d’information depuis la fin du XIX° siècle ?
La presse fait-elle ou suit-elle l’opinion ?
Quel rôle la presse a-t-elle joué dans la mobilisation de l’opinion publique durant l’affaire Dreyfus ?
1.1) L’enracinement de la république et l’essor de la presse
La liberté d’information est indissociable de la démocratie.
A l’exception des périodes de guerre, cette
dernière est définitivement installée en France depuis la fin du XIX° siècle.
Elle repose sur le vote au suffrage
universel qui reflète l’opinion publique générale.
Or les citoyens doivent être informés afin de pouvoir faire
leur choix, tandis que leurs opinions doivent pouvoir s’exprimer entre deux votes.
C’est alors que les médias
interviennent.
Sous la III° République, la démocratie s’enracine alors que la presse française connaît un âge d’or et devient un
média de masse.
La loi du 29 juillet 1881 lui confère une liberté quasi-totale et permet l’apparition de
journaux d’opinion (La Croix, L’Intransigeant) et d’information comme Le Petit Parisien.
L’essor de la presse
ouvre alors un espace propice aux débats contradictoires, participant à la formation de l’opinion publique
tout en constituant le reflet.
L’affaire Dreyfus (1894-1906) constitue un des meilleurs exemples
d’affrontement politique par presse interposée.
1.2) Le traitement médiatique de l’affaire Dreyfus
Dossier p222-223 « L’affaire Dreyfus, une campagne de presse antisémite et nationaliste »
En décembre 1894, le capitaine Dreyfus est condamné à la déportation sur l’île du Diable pour espionnage.
En
novembre 1896, Le Matin publie un bordereau ayant permis de condamner Dreyfus qui entraîne
l’identification du coupable, Esterhazy, par le colonel Picquart.
La presse relaie d’abord la condamnation du
capitaine Dreyfus, puis peu à peu, les « preuves » censées justifier sa culpabilité.
La lettre ouverte d’Émile
Zola au président de la République, parue à la une de l’Aurore en janvier 1898, relance l’affaire.
Dès lors, la
presse alimente un véritable feuilleton judiciaire dans lequel des dizaines de journaux s’engagent pour ou
contre la culpabilité de Dreyfus, pour ou contre la révision du procès.
La caricature, simplificatrice et directe,
devient un moyen efficace de diffuser les idées de chaque camp.
En juillet 1898, Picquart est emprisonné et Zola condamné pour son article s’exile à Londres.
En août, Jean
Jaurès écrit une série d’articles sur l’affaire dans La Petite République.
En juillet 1889, Esterhazy reconnaît sa
culpabilité dans un récit publié par Le Matin.
En 1899, Dreyfus condamné au terme de son second procès, est
gracié.
Face aux dreyfusards qui combattent au nom de la justice et des droits de l’homme, les antidreyfusards
défendant l’honneur de l’armée et la raison d’Etat, alimentent une violente campagne antisémite contre le
« Juif Dreyfus », notamment dans La Libre Parole d’Edouard Drumont.
Le revirement progressif de la presse,
d’abord majoritairement antidreyfusarde, témoigne du ralliement progressif de la frange républicaine
modérée à l’idée de l’innocence de Dreyfus.
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et modes de communication
En février 1898, 48 journaux (87% des titres et 92% des tirages) sont antidreyfusards, 3 (5% des titres et 2%
des tirages) sont pour la révision du procès, 2 (7% des titres et 2% des tirages) sont Dreyfusards.
En septembre 1899, 28 journaux (52% des titres et 58% des tirages) sont antidreyfusards, 9 (16% des titres et
27% des tirages) sont pour la révision du procès, 17 (31% des titres et 15% des tirages) sont Dreyfusards.
Psst… et Le Sifflet, deux quotidiens consacrés à la caricature, sont fondés en février 1898 à l’occasion de
l’affaire Dreyfus et se répondent mutuellement pendant toute une année.
« L’affaire Dreyfus a pris naissance et a été porté devant l’opinion publique en 1896, le jour où fut publié dans
Le Matin le fac-similé du fameux bordereau.
Peu à peu, l’affaire se transforma en question politique, divisant le pays et la presse en deux camps ennemis,
prêts à se mesurer, prêts à en venir aux mains.
Il a fallu aux caricaturistes, bleus, blancs ou rouges, se déclarer
dreyfusiens ou anti-dreyfusiens, de même que, toujours pour obéir aux nécessités du moment, ils commencent
à s’appeler sémites ou antisémites.
Esclaves de l’actualité, ce grand mal moderne, journaux à images et dessinateurs sont donc forcés de
descendre dans l’arène, chaque fois que surgit un événement nouveau.
»
John Grand-Carteret, 1898, journaliste pionnier de l’iconologie.
Conclusion
D’abord contenue dans le huis-clos de la justice militaire, la condamnation du capitaine Dreyfus devient une
affaire quand elle est médiatisée par la presse.
Feuilleton judiciaire à sensation qui facilite les ventes, c’est
aussi une affaire politique dans laquelle la presse d’opinion polémique et participe à la division de l’opinion
publique autant qu’elle en est le reflet.
2) L’information entre le marché et l’État : histoire de l’Agence Havas et de l’AFP
Carte « L’AFP dans le monde aujourd’hui »
Comment l’agence Havas devenue AFP se positionne-t-elle face au pouvoir économique et au pouvoir d’État ?
Comment une agence de presse comme Havas, devenue l’AFP, assume-t-elle sa mission d’information ?
2.1) La première agence de presse : l’agence Havas
En 1835, Charles-Louis Havas crée à Paris la première agence d’information internationale : Havas.
Dès 1845,
l’adoption du télégraphe garantit aux journaux abonnés des nouvelles régulièrement actualisées.
En dix ans,
l’agence s’assure le quasi-monopole de l’information en France.
La branche publicité, crée en 1852, finance la
branche information, en permanente évolution technique.
Très rapidement, la nature des clients se diversifie
avec l’abonnement aux fils de dépêches d’entreprises et d’administrations.
Entre 1848 et 1851, le modèle fait des émules en Europe puis aux États-Unis.
En 1859, pour faire face au coût
élevé des transmissions télégraphiques, les agences Reuter (Londres), Wolff (Berlin), et Havas s’entendent
pour se partager le monde en zone pour la collecte et la diffusion des informations.
En 1870, Associated Press
(New York) rejoint cette alliance qui prend fin en 1934.
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Thème 4 : S’informer, un regard critique sur les sources et modes de communication
Le contexte de la Seconde Guerre mondiale, qui requiert la mobilisation de toutes les ressources, facilite la
mainmise des États sur les organes de presse et le rétablissement de la censure à des fins de propagande.
En France, la défaite de 1940 et l’occupation allemande entraînent la suspension de la liberté d’information.
La branche information de l’agence Havas devient l’OFI (office français d’information) sous tutelle des forces
d’occupation.
A Londres, des journalistes résistants créent l’AFP (agence française de presse).
D’autres créent
en France une agence clandestine, l’agence d’information et de documentation (AID).
2.2) De 1945 à 1981 : renouveau démocratique et nouveaux médias
Texte 6 p226 « Informer : la première dépêche AFP (20 août 1944) »
A la Libération, la démocratie et la liberté de l’information sont rétablies, tandis que la presse est
restructurée.
Les journaux ayant continué de paraître sous l’Occupation sont interdits.
La presse se diversifie :
la presse quotidienne régionale (Midi Libre, Ouest France) et les magazines d’information se développent
(L’Express, Le Nouvel Observateur) tandis que la presse quotidienne nationale se renouvelle (Le Monde).
En août 1944, d’anciens agenciers et des journalistes issus de la Résistance émettent depuis les locaux d’Havas
la première dépêche de ce qui va devenir l’Agence France-Presse (AFP), placée sous la tutelle de l’État.
Elle est
considérée par le pouvoir comme un outil de présence et d’influence sur la scène internationale.
Elle est
étroitement liée à la volonté politique de défendre la France dans le monde et de faire entendre sa voix.
En 1957, cette dernière est privatisée et dotée d’un statut spécifique lui assurant ressources (aides de l’État) et
indépendance.
L’agence doit répondre à sa mission de produire « de façon régulière, une information
exacte, impartiale et digne de confiance au rayonnement mondial ».
C’est un organisme autonome doté de
la personnalité civile et dont le fonctionnement est assuré suivant les règles commerciales.
L’AFP ne peut tenir
compte d’influences ou de considérations de nature à compromettre l’exactitude ou l’objectivité de
l’information ; elle ne doit, en aucune circonstance, passer sous....
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