résolution durable du conflit
Publié le 25/09/2022
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POUR UNE RÉSOLUTION DURABLE DU CONFLIT GUERRIER DANS LA ZONE ANGLOPHONE DU CAMEROUN
INTRODUCTION
La partie anglophone du Cameroun, constituée du Nord-ouest et du Sud-ouest, est en proie à
un conflit guerrier sanglant depuis maintenant quatre années (4) années1 .
Ce qui est apparu,
à l’origine sous les auspices d’une revendication corporatiste d’avocats et d’enseignants, s’est
rapidement muté, nonobstant des réponses gouvernementales aux diverses revendications2
, en crise anglophone, éveillant de manière radicale les velléités sécessionnistes enfouies3.
L’affrontement met aux prises les forces de l’armée régulière de l’État animées par le désir de
restaurer l’ordre et de préserver l’intégrité du territoire, les factions armées indépendantistes
réclamant la création d’un État dénommé « Ambazonie » et les nouveaux groupes armés qui
excellent dans le grand banditisme, le rapt et les demandes de rançons.
Pris entre deux feux, les
populations paient le lourd tribut.
Diverses sources font état de près de 3000 morts, 500.000
refugiés et de nombreux déplacés internes4 .
Sur le front de guerre, la violence sévit avec une
brutalité déshumanisante au détriment de la dignité humaine.
Les scènes de décapitation sont
filmées en direct, puis disséminées dans les réseaux sociaux5 .
Au regard de ce qui précède,
il est clair que la toile du vivre-ensemble et les jalons de l’unité nationale sont profondément
fissurés.
Reconstituer la fresque du Cameroun « un et indivisible », est une véritable urgence.
Le
dialogue entre les parties belligérantes semble être la voie indiquée aussi bien par les partenaires
internationaux du Cameroun que par les voix autorisées à l’intérieur du pays.
1.
À la suite de plusieurs attaques mortelles contre les forces de défense et de sécurité dans la partie anglophone, le Président
de la République va affirmer, en novembre 2017, la détermination de l’État à combattre avec fermeté les forces séparatistes
se revendiquant du mouvement sécessionniste agissant dans la zone.
2.
Traduction en langue anglaise des textes OHADA, création d’une section de Common law à l’ENAM, création d’un ministère de la décentralisation et du développement local, nomination des élites anglophones aux ministères de l’éducation
secondaire et au ministère de l’administration territoriale, subvention des écoles à hauteur de 2 milliards…
3.
Le courant sécessionniste a toujours été porté par le Southern Cameroon National Council (SCNC).
4.
V.
Rapport de l’ONG Amnesty international de février 2020.
5.
Le cas de la gardienne de prison Florence AYAFOR décapité le 29 février 2019 dans la Région du Nord-ouest..
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LE GRAND DIALOGUE NATIONAL (GDN):
ENTRE ESPOIR ET DÉSILLUSION
En dépit des sirènes négationnistes de la crise anglophone et l’ardeur des défenseurs de l’option
militaire pour faire taire les velléités sécessionnistes dans la partie anglophone, le Président de
la République a convoqué les assises du Grand Dialogue National (GDN) du 30 septembre au 04
octobre 2019 en vue de résoudre le problème anglophone.
Cette grand-messe se voulait être un
moment de « catharsis » et de réconciliation fraternelle, après l’échec de nombreux appels au
dépôt des armes par les sécessionnistes6.
À l’issue de ces assises, plusieurs recommandations ont
été adoptées avec la promesse de leur implémentation progressive en fonction de l’opportunité
et des moyens dont disposerait l’État.
De la libération de certains prisonniers de la crise, à la
convocation récente du corps électoral pour les régionales, en passant par l’adoption du nouveau
Code général de la décentralisation, le statut spécial des zones anglophones avec la restauration
de la house of chiefs, la création du comité de désarmement, démobilisation et réinsertion,
de la commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, la mise en place
du comité de suivi des résolutions du GDN, le programme présidentiel de reconstruction et de
développement des régions du Nord Ouest et du Sud-Ouest ; toutes ces mesures, en dépit de
leur pertinence, peinent à restaurer la sérénité tant espérée dans les zones en crise.
L’espoir
suscité par le GDN et, surtout, la mise en œuvre de certaines recommandations tend aujourd’hui
à s’émousser dans la désillusion de la guerre fratricide.
Un an après le GDN, le crépitement des
armes se fait de plus en plus violent.
6.
Ces appels au dépôt des armes ont été réitérés depuis 2018 par le Chef de l’État dans ses différents discours à la nation.
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L’ensauvagement de la situation par les atteintes horribles à la dignité humaine interroge7 .
L’appel
au « cessez le feu mondial » du 23 mars 2020 du Secrétaire général des Nations-Unies en vue de
constituer un front commun contre la pandémie au Coronavirus semble ne pas avoir trouvé un
écho particulier dans la zone en conflit.
L’enlisement de la guerre oblige à un questionnement
sincère sur l’apport du GDN.
S’il était appelé de tous les vœux, le GDN a-t-il tenu la promesse
des fleurs ? En dépit des consultations préalables menées par le Premier Ministre, de la caution
morale des hommes d’église8 et l’appel à la participation de toutes les factions sécessionnistes, il
faut reconnaître que le GDN n’a pas réussi le pari de rassembler autour d’une même table tous les
acteurs du conflit en raison du....
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