Les dimensions politiques de la guerre
Publié le 25/01/2024
Extrait du document
«
Th2 Chap4 -axe 1: La dimension politique de la guerre : des conflits
interétatiques aux enjeux transnationaux.
Si la guerre semble avoir toujours existé, il faut attendre le V°siècle avant notre ère
pour qu’apparaissent les premiers écrits militaires et stratégiques .
Ils concernent
surtout l’art des sièges ( poliorcétique) ou sont des récits historiques (Thucydide et
La guerre du Péloponnèse) plus que de véritables réflexions sur la guerre ou la
stratégie.
C’est en Chine qu’il faut aller pour cela, avec L’art de la guerre de Sun Tzu.
En Europe, c’est le progrès des armements, joint à l’esprit scientifique des Lumières,
qui concourt à cette innovation : débattre de la stratégie, penser la guerre.Et ce sont
les vaincus qui repensent la guerre, à l’image du prussien Clausewitz, qui considère
Napoléon comme « le Dieu de la guerre » à partir duquel tout et tous doivent se
définir.
Jusqu’à la fin du XVIII°s, la stratégie concerne le domaine militaire tandis que le
champ politique appartient à la diplomatie.
A partir des guerres révolutionnaires, la
dimension politique de la guerre s’affirme de plus en plus et le champ de la stratégie
s’accroît.
Pourquoi la guerre est-elle de plus en plus violente depuis la fin du
XVIII°s ?
Comment se transforme la manière de penser et de faire la guerre ?
Les analyses de Clausewitz sont-elles toujours pertinentes pour comprendre les
guerres actuelles ?
« L’épaisseur d’une muraille compte moins que la volonté de la franchir » -Thucydide
« Tout l’art de la guerre est basé sur la duperie.
C’est pourquoi, lorsque vous êtes
capable feignez l’incapacité ; actif, la passivité.
Proche, faites croire que vous êtes
loin, et loin que vous êtes proche.
» -Sun Tzu.
I) Penser la guerre : du Moyen-Age à Clausewitz
« classique »
A) La guerre médiévale et moderne ou
Au Moyen-Age, la guerre est l’affaire de l’élite noble.
Le roi maîtrise peu ses forces
militaires et les premières armées permanentes ne naissent qu’à la toute fin du
Moyen-Age.
Le christianisme, a priori antimilitariste, tente de calmer et juguler les
ardeurs guerrières de la noblesse par la Paix de Dieu ( protection des clercs, des
paysans et des marchands : les sans-armes) et la Trêve de Dieu ( périodes où il est
interdit de se battre, au total la guerre n’est plus autorisée que 80 jours/an).
Surtout,il interdit la guerre privée et il développe l’idée de guerre juste ( menée par
des Princes au nom de Dieu) et de guerre sainte ( la Croisade, inspirée du Djihad
musulman)
Pour aller plus loin : Et le
christianisme créa la guerre juste
A partir de la Renaissance, les armées se professionnalisent ( âge d’or des
mercenaires) et deviennent permanentes.
Elles obéissent directement au roi qui
affirme ainsi sa supériorité sur sa noblesse et affiche sa puissance dans le concert des
nations.
La guerre d’Ancien Régime vise à conquérir des territoires ( Louis XIV et
son « pré carré », les premières conquêtes outre-mer) et non à anéantir l’ennemi
( sauf la Pologne qui disparaît en 1795).
Dans la deuxième moitié du XVIII°s, c’est l’armée prussienne de Frédéric le Grand (
1740-1786) qui marque l’apogée de l’armée du type Ancien régime ,dont l’origine
remonte au XVI°s.
Voir acteur-clé
B) Carl von Clausewitz
Des généraux allemands aux stratèges révolutionnaires, tout le monde a utilisé
Clausewitz, génial penseur de la guerre et patriote prussien.
Voir acteur-clé
En 1832, paraissait en Prusse « De la guerre » de Clausewitz.
Huit volumes de
lecture difficile qui, à la lumière de la levée en masse révolutionnaire et, davantage,
des campagnes napoléoniennes, traitaient de la nature de la guerre, de sa finalité et
de ses modalités.
Ce traité entendait apprendre à penser la stratégie.
Si la guerre, y lit-on, change de
nature à chaque cas particulier, elle obéit pourtant à des principes tirés d'une
affirmation première : la guerre n'est que la continuation de la politique d'État
par d'autres moyens.
Le moyen de la guerre, c'est la violence, qui, pour contraindre l'adversaire, peut
déchaîner des forces illimitées.
La guerre n'est cependant pas un acte autonome.
Elle
n'est qu'un instrument, un prolongement des rapports politiques : en un mot, un
moyen et non une fin.
C'est ce qui explique qu'elle « possède sa propre grammaire
mais non sa propre logique » .
La Révolution française, en mobilisant les masses et en exacerbant la lutte de la
liberté contre l’oppression, a d’une certaine manière amené les Européens vers la
guerre totale alors que les princes ou les cités médiévales se battaient avec des
armées limitées pour des objectifs limités.
Clausewitz écrit également :
« La guerre est un acte de violence et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette
violence.
»
Le nom de Clausewitz est souvent associé à la notion d’ « offensive à outrance » dont
se réclamèrent les stratèges allemands.
En réalité, au niveau stratégique, Clausewitz
fait passer la défense avant l’attaque, parce que celle ci est naturellement plus facile
et que l’écoulement du temps joue en sa faveur.
Une stratégie défensive peut utiliser
des moyens tactiques offensifs ( et inversement).
La défense est la position
dominante de la guerre , son point de départ : la supériorité acquise par des victoires
défensives permettant de passer à l‘offensive, grâce à laquelle la guerre arrive à sa
fin.
L’apport fondamental de Clausewitz à la pensée stratégique se situe probablement
dans ce qu’il nomme la
« trinité » qui réunit le peuple, l’État et l’armée, et puise donc directement dans le
système westphalien
Pour aller plus loin : Du bon usage de
Clausewitz
« un brouillard de la guerre » -Clausewitz.
II) La guerre, « continuation de la politique par d’autres moyens »
A) La guerre de Sept Ans (1756-1763), premier conflit mondial
La guerre de Sept Ans (1756-1763) ne se limite pas à l’Europe.
Son champ de bataille
est le monde des empires coloniaux.
Outre l’Amérique et l’Europe, l’Inde, l’Asie et
l’Afrique furent affectées par un conflit dont ces espaces n’étaient pas seulement le
théâtre mais aussi l’enjeu.
C’est donc une guerre interétatique à la géopolitique mondiale.
Elle permet
au Royaume Uni d’affirmer pour longtemps sa supériorité coloniale et
commerciale sur les mers et l’outre-mer et elle permet à la Prusse de
s’affirmer dans l’espace germanique.
Par la mobilisation des populations ,
des économies et par le niveau élevé des pertes humaines ( 180 000 morts
côté français et idem côté prussien), elle tend à être une guerre absolue.
Les
enjeux ne sont pas seulement territoriaux, ils sont aussi politiques ( France
et Autriche absolutistes contre RU libéral et Prusse éclairée sous Frédéric II )
et religieux ( catholibques contre protestants).
La guerre est bien ici « la
continuation de la politique par d’autres moyens ».
La guerre de Sept Ans se déroule officiellement entre 1756 (date de l’attaque de la
Saxe par la Prusse de Frédéric II) et 1763 (date du traité de Paris, le 10 février).
En
réalité, elle s’enchâsse dans une série de conflits qui ont commencé peu après 1690
entre Hollandais, Français et Anglais pour se terminer le 18 juin 1815, à la bataille de
Waterloo, par la défaite surprise mais cuisante de Napoléon et la victoire définitive des
Anglais dans la maîtrise d’un « espace-monde ».
La guerre de Sept Ans a également enfanté une conception contemporaine de
la guerre : la recherche du démantèlement des forces de l’adversaire dans sa
capitulation.
Le traité de Paris de 1763, signé par George III d’Angleterre,
Louis XV et Charles III d’Espagne, est une catastrophe pour la France,
qui perd presque toutes ses possessions coloniales .
Barry Lindon film.
Pour aller plus loin : France-Angleterre 1755-1815 le duel au sommet.
B) Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes (17921815)
La Révolution de 1789, la levée en masse de 1792 et les guerres
napoléoniennes mettent fin à une longue période de guerres à objectifs et
moyens limités.Les guerres révolutionnaires mettent l’accent sur la
dimension politique et mobilisent les populations : leurs forces physiques,
économiques, militaires mais aussi et surtout morales.
Voir
dates-clés
Pour Napoléon, les forces morales sont trois fois plus importantes que le s forces
physiques.La guerre est tout autant un affrontement entre deux volontés qu’entre
deux puissances.Les guerres révolutionnaires, tout comme les guerres totales,
mettent en jeu les forces morales de toute la population et plus seulement celles des
armées.
Mais si les populations soutiennent l’effort de guerre, elles en deviennent
aussi les cibles privilégiées ( par ex bombardements aériens pour démoraliser
l’arrière, mais qui peuvent avoir l’effet inverse comme le Blitz sur Londres pendant la
2GM) .
L’affaiblissement de leur volonté de poursuivre la guerre peut être fatal à
l’action de leurs armées ( cf USA au Vietnam), et inversement ( luttes pour
l’indépendance, guerres de décolonisations : la certitude de la justesse de la cause
permet la victoire de forces militaires inférieures en nombre et en armes à celle de
l’occupant ou du colonisateur).
La levée en masse des soldats à partir de 1793 se fait sur une population de....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Thème 1 Totalitarismes et Seconde Guerre mondiale (2)
- Fragilités des démocraties, totalitarismes et seconde guerre mondiale
- Trêves et paix dans la guerre de Cent Ans
- corpus 1 absurdité de la guerre hlp terminal
- Grand oral géopo: Comment le régime autoritaire russe contrôle-t-il l’information ? avec l’exemple de la guerre en Ukraine