Y a-t-il une vérité en histoire ?
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«
Problématique
L'Histoire témoigne du passé des hommes.
Elle est composée de souvenirs collectifs des faits dits marquants de l'humanité et est rassemblée en récit
par des historiens.
Il paraît surprenant de se demander si la vérité contient une vérité? L'histoire ne se veut elle pas le témoin objectif du passé des
hommes? Dire qu'il y a une vérité est ce dire qu'elle pas commune à tous? L'histoire est écrite par hommes pour des hommes, où se trouve la trace du
subjectif dans le récit? Y a t il une ou des histoires?
PLAN
I L'histoire comme vérité du passé
L'histoire se compose de témoignages et de preuves concrètes.
Le souvenir collectif est sélectionné pour être condensé en un savoir universellement
admis, elle est donc acceptée comme vraie en se basant sur des accords communs et ceci pour pallier à la mémoire .
II La part subjectif dans le récit objectif
Bien qu'elle se veut le plus objective, l'histoire n'en reste pas moins rédigée par des hommes.
La collecte des preuves, des témoignages, des
souvenirs reste risquée sur le plan de la vérité car elle peut être partielle selon les renseignements que les historiens ont pu rassembler et surtout sur leur
impartialité.
III Entre la vérité formelle et la vérité historique
La vérité est trouble dans l'histoire car elle peut être influencée par le manque de preuves et les directions politiques de ceux qui la rédigent.
La vérité
se base sur des faits rapportés, les nazis par exemple ont voulus brûler toutes les preuves de camps et les victimes pour pouvoir effacer leurs méfaits dans
l'histoire.
Combien de faits sont passés aux oublis par manque de preuves? Peut on appeler « vérité » des faits partiellement rapportés?
Textes utiles
"L'histoire est un roman qui a été; le roman est de l'histoire qui aurait pu être" E.
et J de Goncourt.
La connaissance historique ne consiste pas à raconter ce qui s'est passé d'après les documents écrits qui nous ont été par accident conservés, mais,
sachant ce que nous voulons découvrir et quels sont les principaux aspects de toute collectivité, à nous mettre en quête des documents qui nous ouvriront
l'accès au passé." R.
Aron
"L'historien va aux hommes du passé avec son expérience humaine propre.
Le moment où la subjectivité de l'historien prend un relief saisissant c'est celui
où, par delà toute chronologie critique, l'historien fait surgir les valeurs de vie des hommes d'autrefois." Ricoeur
Leibniz
La connaissance se prend encore plus généralement, en sorte qu'elle se trouve aussi dans les idées ou termes avant qu'on vienne aux propositions ou
vérités.
Et l'on peut dire que celui qui aura vu attentivement plus de portraits de plantes ou d'animaux, plus de figures de machines, plus de descriptions ou
de représentations de maisons ou de forteresses, qui aura lu plus de romans ingénieux, entendu plus de narrations curieuses, celui-là, dis-je, aura plus de
connaissances qu'un autre, quand il n'y aurait pas un mot de vérité en tout ce qu'on lui a dépeint ou raconté ; car l'usage qu'il a de se représenter dans
l'esprit beaucoup de conceptions ou idées expresses et actuelles, le rend plus propre à concevoir ce qu'on lui propose, et il est sûr qu'il sera plus instruit et
plus capable qu'un autre qui n'a rien vu, ni lu, ni entendu, pourvu que dans ces histoires et représentations il ne prenne point pour vrai ce qui n'est point, et
que ces impressions ne l'empêchent point d'ailleurs de discerner le réel de l'imaginaire, ou l'existant du possible.
[...] Mais prenant la connaissance dans un
sens plus étroit, c'est-à-dire pour la connaissance de la vérité, comme vous faites ici, monsieur, je dis qu'il est bien vrai que la vérité est toujours fondée
dans la convenance ou disconvenance des idées, mais il n'est point vrai généralement que notre connaissance de la vérité est une perception de cette
convenance ou disconvenance.
C ar lorsque nous ne savons la vérité qu'empiriquement, pour l'avoir expérimentée, sans savoir la connexion des choses et la
raison qu'il y a dans ce que nous avons expérimenté, nous n'avons point de perception de cette convenance ou disconvenance, si ce n'est qu'on l'entende
que nous la sentons confusément sans nous en apercevoir.
Mais vos exemples marquent, ce semble, que vous demandez toujours une connaissance où l'on
s'aperçoit de la connexion ou de l'opposition, et c'est ce qu'on ne peut point vous accorder.
Jankélévitch
Toute vérité n'est pas bonne à dire ; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n'importe quoi à n'importe qui il y a des vérités qu'il
faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d'euphémismes et d'astucieuses périphrases ; l'esprit ne se pose sur elles qu'en
décrivant de grands cercles, comme un oiseau.
Mais cela est encore peu dire : il y a un temps pour chaque vérité, une loi d'opportunité qui est au principe
même de l'initiation ; avant il est trop tôt, après il est trop tard.
Est-ce la vérité qui s'insère dans l'histoire ? ou la conscience qui se développe selon la
durée ? La chose certaine est qu'il y a toute une déontologie du vrai qui repose sur la saisie irrationnelle de l'occasion opportune et, comme nous dirions
volontiers, de la flagrante conjoncture.
La véridicité ou diction de la vérité est un événement historique.
Ce n'est pas tout de dire la vérité, « toute la vérité
», n'importe quand, comme une brute : l'articulation de la vérité veut être graduée ; on l'administre comme un élixir puissant et qui peut être mortel, en
augmentant la dose chaque jour, pour laisser à l'esprit le temps de s'habituer.
La première fois, par exemple, on racontera une histoire ; plus tard on
dévoilera le sens ésotérique de l'allégorie.
C'est ainsi qu'il y a une histoire de saint Louis pour les enfants, une autre pour les adolescents et une troisième
pour les chartistes ; à chaque âge sa version ; car la pensée, en mûrissant, va de la lettre à l'esprit et traverse successivement des plans de vérité de plus
en plus ésotériques.
A ux enfants le lait des enfants, aux adultes le pain substantiel des forts : c'est en ces termes que Paul s'adresse aux Corinthiens et
aux Hébreux.
Le cycle des études a, lui aussi, ses Petits et ses Grands Mystères [...] ; et l'on peut même dire que toute philosophie qui se propose la
conduction des âmes vers l'essence cryptique - Platon avec sa dialectique, Pascal avec le renversement du pour au contre -, admet plusieurs degrés de
vérité.
Le voilà bien, le « pieux mensonge », celui qui est plus vrai que la vérité même.
ROUSSEAU
L'histoire en général est défectueuse, en ce qu'elle ne tient registre que de faits sensibles et marqués, qu'on peut fixer par des noms, des lieux, des dates ;
mais les causes lentes et progressives de ces faits, lesquelles ne peuvent s'assigner de même, restent toujours inconnues.
On trouve souvent dans une
bataille gagnée ou perdue la raison d'une révolution qui, même avant cette bataille, était déjà devenue inévitable.
La guerre ne fait guère que manifester des
événements déjà déterminés par des causes morales que les historiens savent rarement voir.
L'esprit philosophique a tourné de ce côté les réflexions de
plusieurs écrivains de ce siècle ; mais je doute que la vérité gagne à leur travail.
La fureur des systèmes s'étant emparée d'eux tous, nul ne cherche à voir
les choses comme elles sont, mais comme elles s'accordent avec son système.
A joutez à toutes ces réflexions que l'histoire montre bien plus les actions
que les hommes, parce qu'elle ne saisit ceux-ci que dans certains moments choisis, dans leurs vêtements de parade ; elle n'expose que l'homme public qui
s'est arrangé pour être vu ; elle ne le suit point dans sa maison, dans son cabinet, dans sa famille, au milieu de ses amis ; elle ne le peint que quand il
représente : c'est bien plus son habit que sa personne qu'elle peint..
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