Y a-t-il une nécessité de la religion ?
Extrait du document
«
La religion tient de son étymologie religio l'idée de lien : elle est ce qui lie les hommes entre eux.
Caractérisée par
l'existence d'une communauté d'individus unis par l'accomplissement de rites, la religion est ainsi la manifestation
concrète de la croyance des hommes en un ou des dieux, être(s) transcendant(s) l'homme.
D'autre part, on dit
qu'une chose ou qu'un être est nécessaire s'il ne peut pas ne pas être.
Se demander s'il y a une nécessité de la
religion, c'est chercher à savoir s'il ne peut pas ne pas exister une manifestation de la croyance d'individus en un
ou des dieux.
Il s'agit ainsi de se demander si la nature humaine, la définition de la société, etc.
amènent à considérer que la
religion en général doit (non au sens moral) être.
(Il ne s'agit donc pas de chercher à savoir si telle ou telle religion
est nécessaire.) L'homme peut-il exister sans religion si elle est, comme le montre l'étymologie, ce qui relie les
hommes entre eux ? Est-elle une manifestation conjoncturelle, vouée à disparaître, ou structurelle, qui existera
toujours ?
I- La religion n'apparaît pas comme nécessaire, mais semble être une invention humaine.
1- La religion est une illusion dont l'homme peut se passer.
Texte de Freud
Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait
absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas
le poids de la vie, la réalité cruelle.
Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou
doux et amer - poison.
Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune
névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci.
Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une
situation difficile ; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers.
Il ne
sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole.
Il se trouvera dans la même
situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud.
Mais le stade de
l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut
enfin s'aventurer dans l'univers hostile.
On peut appeler cela "l'éducation en vue de la réalité " ; ai-je besoin de vous
dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de
réaliser ce progrès ?
2- La religion est une invention humaine qui aliène l'homme.
Texte de Marx
Le fondement de la critique irréligieuse est: c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme.
Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu'a l'homme qui ne s'est pas encore trouvé luimême, ou bien s'est déjà reperdu.
Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde.
L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société.
Cet État, cette société produisent la religion, conscience
inversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde à l'envers.
La religion est la théorie générale de ce
monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son
enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles.
Elle est
la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de vraie réalité.
Lutter contre la
religion c'est donc indirectement lutter contre ce monde-là , dont la religion est l'arôme spirituel.
La détresse
religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse
réelle.
La religion est le soupir de la créature opprimée, l'à¢me d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de
conditions sociales d'où l'esprit est exclu.
Elle est l'opium du peuple.
L'abolition de la religion en tant que bonheur
illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.
Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est
exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.
La critique de la religion est donc en germe la critique de
cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole.
Transition
La religion, loin d'être nécessaire, apparaît comme ce qui ôte à l'homme sa liberté.
Elle aurait été inventée par
l'homme pour asservir les autres êtres humains.
Mais la religion ne se manifeste-t-elle pas dans le coeur des
hommes ?
II- La religion est utile à l'homme et à la société : elle n'est peut-être pas nécessaire, mais importante
pour l'homme.
1- La religion est utile dans la mesure où elle « renforce et discipline l'homme ».
Texte de Bergson
La religion renforce et discipline.
Pour cela des exercices continuellement répétés sont nécessaires, comme ceux
dont l'automatisme finit par fixer dans le corps du soldat1'assurancemorale dont il aura besoin au jour du danger.
C'est dire qu'il n'y a pas de religion sans rites et cérémonies.
A ces actes religieux la représentation religieuse sert
surtout d'occasion.
Ils émanent sans doute de la croyance, mais ils réagissent aussitôt sur elle et la consolident ;.
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