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Y a-t-il une logique de la réalité ?

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« La logique de la réalité se définit-elle par opposition à une logique de la pensée ? Est-ce qu'il y a une logique de la réalité, des choses en elles-mêmes, ou est-ce que chaque fois qu'on rencontre de la logique dans les choses, c'est nous qui l'y avons mise (Nietzsche) ? La réalité est-elle logique, et ne peut-elle donner lieu qu'à une seule logique ? La logique fonde-t-elle la réalité, ou est-elle fondée par la réalité ? Kant, dans la préface de la Critique de la raison pure, montre que la réalité ramenée à elle-même produit de l'illusion.

La réalité est une apparence bien comprise ; n'est réelle que l'idée, que l'on ne peut observer, car elle est au- delà de toute connaissance possible (idée de la transcendance) : à une idée ne peut pas correspondre un objet sensible.

Par sa nature même, une idée ne peut pas rencontrer d'objet dans l'expérience.

Par exemple, le monde : le monde, c'est l'idée de la totalité des choses et des êtres existants ; c'est une totalité sur laquelle on ne pourra jamais prendre de point de vue, puisque nous sommes nous-mêmes des êtres existants, et que pour prendre un point de vue sur la totalité des êtres existants, il faudrait s'en exclure, il faudrait la regarder du dehors.

Le monde fonctionne comme une limite indéfinie à la série des choses existantes ; c'est une nécessité de la pensée.

L'idée de Kant est qu'on ne peut rien dire de la logique de la réalité ; la logique définit les conditions par lesquelles nous organisons l'expérience, autrement dit notre perception de la réalité.

Bertrand Russell, dans Signification et vérité, chapitre "Langage et métaphysique", pose la question : peuton inférer quoi que ce soit de notre logique, du langage logique, quant à la structure du monde ? La façon dont on organise notre perception du monde, selon une logique de la pensée, implique-t-elle ou non une logique de la réalité ? Introduction La réalité, communément définie comme « ce qui est », ou « ce qui est réel » (et non imaginaire), désigne ainsi tout fait observable par les sens, tous les phénomènes (physique, organique, chimique etc.) et l'ensemble des choses qui structurent le monde.

La philosophie est elle-même née d'une réflexion sur la réalité, puisque l'homme, soucieux de saisir le sens des phénomènes qui se présentaient à lui, et décidé à porter moins de crédit aux mythes dont les explications pouvaient s'avérer pour le moins douteuses, s'employait à déterminer les lois rendant possibles tel type de phénomène, lois découlant du constat d'une certaine régularité à l'oeuvre dans la nature. L'homme s'évertua alors à définir la structure du réel, ce qui la rend intelligible, c'est-à-dire compréhensible pour une conscience humaine.

Et dès l'Antiquité, les philosophes donnèrent à cet agencement harmonieux qu'est la nature le terme de « Logos ».

C'est de là que provient le logique proprement dit, puisqu'il doit être le reflet de la raison à l'oeuvre dans la connaissance des principes.

Mais un débat capital s'est élevé dans l'histoire de la philosophie, puisque les avis divergeaient sur ce qui pouvait permettre de comprendre le réel, sur le véritable lieu de sa logicité : c'est le débat entre rationalisme et empirisme.

Pour le premier, l'homme peut connaître la structure de la réalité à partir de la seule pensée et de ses principes (Descartes, Spinoza, Leibniz) ; pour le second, le fondement de la connaissance se trouve dans l'expérience sensible (Locke, Hume etc.).

Peut-on ainsi dépasser cette alternative et montrer que la réalité n'est logique qu'au regard d'un rapport sujet/objet où aucun des termes n'est lésé ? I.

S'arracher du Mythos (le mythe) afin d'affirmer l'évidence du Logos (la raison) : - Les Présocratiques, ou philosophes de la nature, se débarrassèrent des explications mythiques pour la compréhension de la réalité, et définirent par l'observation des phénomènes les principes premiers qui les régissent.

Abandonnant alors l'idée imaginaire d'un pouvoir des dieux sur la nature (par exemple la foudre marquait la colère de Zeus), ils tentaient d'extraire de leurs observations la loi fondamentale du monde (Logos). Thalès de Milet, considéré comme le premier philosophe, considérait l'eau comme étant le principe originaire (archè) de toute réalité.

Son disciple Anaximène lui aussi donnera pour premier principe un élément matériel, l'air. - Héraclite contre Parménide : toujours en quête d'une rationalité à l'oeuvre dans le monde (Kosmos), ce débat ne cesse d'intéresser les philosophes encore aujourd'hui.

En effet, Héraclite et Parménide nous orientent sur deux conceptions divergentes concernant la nature de ce qui est, de ce qui est réel.

Parménide présentait l'être comme seul critère de vérité.

Cet être unique, éternel et immuable est au centre de tout ce qui est.

Dès lors il apparaît que le monde sensible et hétérogène, expérimentable par l'homme, n'est qu'illusion des sens, puisque la seule réalité vraie n'est attribuable qu'à cet être originel.

Ainsi seule la connaissance rationnelle, et non l'intuition empirique, peut prétendre saisir la vérité du réel.

D'autre part, Héraclite affirme dans les fragments qu'il nous reste que tout ce qui est est soumis au devenir.

Tout est voué au changement, « tout coule », c'est pourquoi « on ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve ».

Seul le Logos à l'oeuvre dans toute la réalité est capable d'unifier les différences qui habitent le monde sensible.

Ainsi il faut savoir écouter le Logos pour se forger un savoir vrai. - Les penseurs de l'Antiquité déjà montraient l'évidence du concept de réalité, concept immédiatement logique pour tout homme doué de raison, puisqu'il s'érige à chaque instant dans la conscience de l'homme, même à son insu.

Ainsi plus tard Descartes voyait lui aussi en la réalité une de ces « notions qui sont d'elles-mêmes si claires qu'on les obscurcit en les voulant définir » (Principes, I, X).

Spinoza ne dit pas autre chose avec sa définition de la substance : « J'entends par substance ce qui est en soi et est conçu par soi, c'est-à-dire ce dont le concept n'a pas besoin du concept d'une autre chose duquel il doive être formé » (Ethique, I, Déf.

3).. »

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