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Y a-t-il un tribunal de l'histoire ?

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« ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Qui dit tribunal dit jugement. Invoquer le tribunal de l'histoire ce serait donc invoquer le jugement de l'histoire. • Mais de quelle histoire ? Celle(s) élaborée(s) par les historiens ? En ce cas invoquer le tribunal de l'histoire ce serait invoquer un « jury » apparaissant comme moins partial (dans la mesure où il ne serait pas « engagé » dans l'affaire, du moins directement) et moins « partiel » (dans la mesure où il aurait, comme l'on dit, du recul, la connaissance des effets — du moins de certains — de l'acte soumis à jugement, une documentation plus vaste, etc.). • Celle qui « trancherait » dans et par les « faits » : Avoir raison ce serait alors triompher; avoir tort ce serait échouer au regard de l'histoire à venir. • Invoquer « le tribunal de l'histoire » ne serait-ce pas « faire appel » des jugements des contemporains ou du « jugement » de l'« histoire présente ». Que serait un tribunal de l'histoire : les historiens sont-ils juges ou jugés ? Juge-t-on sur le moment ou après coup, quand on parle de tribunal de l'histoire ? Les procès de Nuremberg ou de Tokyo sont d'abord des procès, comme tous les autres, qui visent à punir des crimes.

Mais l'allure historique de ces procès, c'est qu'il y a une véritable volonté d'aboutir à un jugement qui dépasse les simples circonstances particulières : c'est l'humanité qui juge l'humanité.

Il faut aussi distinguer deux sens du mot histoire : - l'histoire comprise comme devenir historique : c'est alors l'évolution des faits qui juge les faits, et il y a comme une sorte de justice immanente à l'évolution des faits (Marx) ; - l'histoire comme discipline, c'est-à-dire l'étude des faits passés.

Ce qui est important ici, c'est que les historiens, non pas jugent les hommes ou les faits, mais donnent de la matière (des documents, des faits, des témoignages) pour juger.

Peut-être que le plus important est donc le fait que les historiens ne doivent pas se considérer comme des procureurs, ou des justiciers, mais qu'ils travaillent dans un souci d'exactitude et d'objectivité.

Ainsi, on voit les limites et les dangers d'une telle notion, en même temps que son importance. Hegel ou la ruse de la raison.

Dans le monde, rien de grand ne s'est accompli sans passion "Dans l'histoire universelle nous avons affaire à l'Idée telle qu'elle se manifeste dans l'élément de la volonté et de la liberté humaines.

Ici la volonté est la base abstraite de la liberté, mais le produit qui en résulte forme l'existence éthique du peuple.

Le premier principe de l'Idée est l'Idée elle-même, dans son abstraction ; l'autre principe est constitué par les passions humaines.

Les deux ensemble forment la trame et le fil de l'histoire universelle.

L'Idée en tant que telle est la réalité ; les passions sont le bras avec lequel elle gouverne. Ici ou là, les hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général; ils agissent librement.

Mais ce qui constitue le fondement général, l'élément substantiel, le droit n'en est pas troublé.

Il en va de même pour l'ordre du monde.

Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison.

Les passions constituent l'élément actif.

Elles ne sont pas toujours opposées à l'ordre éthique ; bien au contraire, elles réalisent l'Universel.

En ce qui concerne la morale des passions, il est évident qu'elles n'aspirent qu'à leur propre intérêt.

De ce côté ci, elles apparaissent comme égoïstes et mauvaises.

Or ce qui est actif est toujours individuel : dans l'action je suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir.

Mais ce but peut être bon, et même universel.

L'intérêt peut être tout à fait particulier mais il ne s'ensuit pas qu'il soit opposé à l'Universel.

L'Universel doit se réaliser par le particulier.

(...) Nous disons donc que rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont collaboré.

Cet intérêt, nous l'appelons passion lorsque refoulant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion". HEGEL, La Raison dans l'Histoire, tr.

K.

Papaioannou, Paris, 10/18, pp.

107-108. L'histoire est le tribunal du monde "Dans leurs relations entre eux, les États se comportent en tant que particuliers.

Par suite, c'est le jeu le plus mobile de la particularité intérieure, des passions, des intérêts, des buts, des talents, des vertus, de la violence, de l'injustice et du vice, de la contingence extérieure à la plus haute puissance que puisse prendre ce phénomène. C'est un jeu où l'organisme moral lui-même, l'indépendance de l'État, est exposée au hasard.

Les principes de l'esprit de chaque peuple sont essentiellement limités à cause de la particularité dans laquelle ils ont leur réalité objective et leur conscience de soi en tant qu'individus existants.

Aussi leurs destinées, leurs actions dans leurs relations réciproques sont la manifestation phénoménale de la dialectique de ces esprits en tant que finis, dans cette. »

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