Y a-t-il un intermédiaire entre savoir et ignorer ?
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Termes du sujet:
IGNORER: ne pas savoir, méconnaître, traiter sans considération, ni intérêt.
SAVOIR / SAVANT:
* Savoir: a) Comme nom, ensemble de connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience.
b) Comme
verbe, avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter.
* Savoir-faire: ensemble de procédés de gestes habituels permettant la réalisation régulière de certains buts.
* Savant: a) Celui qui possède un maximum de connaissances.
b) Celui qui exerce une activité scientifique (un
physicien, un biologiste).
POUR DÉMARRER
Y a-t-il un moyen terme entre la possession d'un ensemble de connaissances sur un sujet déterminé et l'absence
absolue de savoir ? Réponse classique : oui, c'est l'opinion (doxa), le plus bas degré du savoir.
CONSEILS PRATIQUES
Il est essentiel ici de s'attacher aux définitions du terme savoir, qui englobe aussi bien les connaissances
scientifiques que les connaissances plus approximatives.
C'est en examinant ces différentes définitions que vous
pourrez construire un plan de devoir progressif.
BIBLIOGRAPHIE
PLATON, La République, Livres V et VII, Belles Lettres ou Garnier-Flammarion.
Ménon, Garnier-Flammarion.
I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?
La question engage à une réflexion sur les conditions de la science et de la connaissance.
Elle doit conduire à reconnaître d'une part les limites de la connaissance (doute, croyance), et les conditions de ces
limites, d'autre part les processus "dialectiques" de l'accès à la connaissance, accès qui n'est jamais immédiat (rôles
de l'étonnement et de l'hypothèse).
Attention à ne pas prendre "savoir" seulement au sens de "savoir que ...".
Il s'agit ici essentiellement de la
possession d'un savoir "scientifique", ce qui suppose une précision particulière.
II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.
A - LE SAVOIR COMME REMINISCENCE.
Si l'on prend l'opposition "savoir/ignorer" dans son sens le plus commun, il semble que les deux termes s'opposent et
se complètent parfaitement, ne laissant pas de possibilité tierce.
Je sais ce que j'ai appris (par l'expérience ou par l'instruction), et, ce que je n'ai pas appris, je l'ignore.
Cette alternative schématique est d'ailleurs exploitée par les sophistes contre l'entreprise philosophique de Socrate
(Saint Augustin reviendra d'ailleurs sur ce problème dans son De Magistro) .
D'après les sophistes, on ne peut rien apprendre que l'on ne puisse reconnaître comme vrai.
Or, comme l'on est d'abord ignorant, toute science est dès l'abord impossible.
A cela, Socrate répond (dans le Ménon ) que le savoir est possible comme réminiscence, réappropriation d'un savoir
oublié.
L'ignorance, de ce point de vue, serait ignorance apparente.
L'âme, avant son incarnation, aurait pris connaissance des vérités éternelles, qu'un effort de la raison suffirait à se
réapproprier.
Un intermédiaire entre savoir et ignorance, permettant de passer de l'ignorance au savoir, est alors
trouvé.
B - LA CONSTRUCTION DU SAVOIR
Cette solution platonicienne est cependant essentiellement "mythologique", il faut la comprendre analogiquement.
Ce qu'on doit en retenir, c'est que l'ignorance n'est jamais un "état" statique et définitif, que tout esprit ignorant est
toujours-déjà susceptible de savoir et de science.
A quelles conditions cette actualisation d'un savoir potentiel est-elle possible, en quoi consiste concrètement la
"réminiscence" platonicienne ?
1.
La recherche des essences : la réminiscence
Socrate montre par l'exemple la nécessité de faire l'hypothèse de la réminiscence.
En interrogeant l'esclave de
Ménon sur un problème de géométrie, celui-ci finit par trouver la solution alors qu'il semblait l'ignorer : c'est qu'il la
savait depuis toujours mais ne s'en était pas aperçu.
La réminiscence n'est pas un souvenir ordinaire comme le
souvenir d'un événement dans le temps, mais le souvenir d'une autre existence, celle que l'âme menait lorsqu'elle
pouvait contempler les essences.
La réminiscence est le souvenir des essences..
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