Y a-t-il des vérités subjectives ?
Extrait du document
«
Introduction
La certitude qualifie un état d'esprit à l'égard d'un jugement qu'il tient pour vrai sans aucun mélange de doute.
Cet état peut concerner soit un jugement tenu pour évident par lui-même, soit un jugement démontré.
On parle
alors, à l'égard du mode d'appréhension d'un jugement, de certitude immédiate (ou intuitive), et de certitude
médiate (ou discursive).
Dès lors, la question de la certitude renvoie à celle de la vérité.
De fait, la certitude peut
n'être qu'une croyance à laquelle un sujet adhère sans y réfléchir.
Ainsi le vrai, qui caractérise l'être véritable des
choses, n'est pas la certitude, cette dernière désignant le côté subjectif du savoir, ou la conviction.
Peut-on dès
lors parler de certitude comme connaissance vraie ?
I.
les certitudes ne sont jamais totalement fondées
a.
Alors que dans le pyrrhonisme ancien (le scepticisme), l'épochè, ou suspension du jugement, permettait
d'orienter l'âme humaine sur la voie de l'ataraxie (paix de l'âme), la Nouvelle Académie présentait l'épochè comme le
moyen d'acquérir une connaissance certaine.
Arcésilas est le représentant des sceptiques de l'Académie.
Il se
disputait contre le stoïcisme à propos de l'existence des représentations « cataleptiques » qui forcent l'adhésion.
Car pour le stoïcien, le savoir est une compréhension (catalepsis) inébranlable et qui n'est plus destructible par
aucun principe rationnel.
Les membres de l'Académie montreront qu'il n'existe pas de critères de la vérité mais
uniquement des probabilités.
Les représentations ne peuvent être que crédibles, ou « sans empêchement », c'est-àdire qu'elles ne sont pas en contradiction avec une autre représentation.
La certitude la plus probable se constitue
donc lorsque la représentation est complètement examinée : toutes les sources possibles d'erreur susceptibles de
gêner la représentation « normale » se trouvent sondées.
b.
Les grands principes physiques sont eux-mêmes le fruit d'une remise en cause pour l'empiriste sceptique
David Hume.
Les hommes s'attendent toujours à voir tel effet pour telle cause, puisque ce sont des observations
répétées qui les font penser que tout phénomène se produit nécessairement de telle manière.
Par exemple, l'homme
ne peut affirmer que le soleil ne se lèvera pas demain, alors que cette certitude de l'ordre de la croyance est
absolument infondée.
Ainsi la foi en la science semble aussi régie par l'habitude que la foi religieuse.
Avec l'habitude,
l'homme tire du particulier des principes nécessaires et généraux.
Mais il y a des cas qui trompent les croyances :
ainsi la fermière qui nourrit tous les jours ses poules semble aimer ses bêtes.
Cependant on remarque après ce
constat que c'était simplement pour les manger (cf.
Enquête sur l'entendement humain)
II.
La certitude de la conscience de soi
a.
Avec St Augustin, la connaissance ne peut se développer qu'à travers la foi en Dieu.
Il faut s'abandonner à
Dieu, tel est le thème de ses Confessions.
Ainsi la recherche des conditions de la connaissance conduit St Augustin
à la découverte du fondement du savoir dans le certitude intérieure de la conscience.
Dans son effort pour dépasser
le scepticisme, il rencontre un chemin de pensée que l'on retrouvera chez Descartes, à savoir partir du doute pour
établir la certitude de la conscience de soi.
De fait, je peux me tromper sur les choses hors de moi.
Mais pendant
que j'en doute, je suis conscient de moi-même comme doutant.
La certitude de mon existence est présupposée
dans tout jugement, dans tout doute, et dans toute erreur, « car si je me trompe, je suis ».
Ainsi la voie vers les
fondements de la certitude conduit à l'intériorité.
D'où cette injonction classique de St Augustin : « ne va pas vers
l'extérieur, rentre en toi, car c'est au cœur de l'homme qu'habite la vérité ».
C'est donc à l'intérieur que l'homme
trouve certaines vérités nécessaires et sûres, valables indépendamment du temps et universellement (comme les
fondements des mathématiques et le principe de contradiction).
b.
Le doute sera chez Descartes le point de départ de sa philosophie.
Il compte à partir de là atteindre, depuis
des propositions certaines, des vérités plus complexes mais indiscutables.
Ainsi les deux premières méditations de ses Méditations métaphysiques
ouvrent le cheminement cartésien, consistant à remettre en cause toutes ses
pensées.
Il ira même jusqu'à poser l'hypothèse d'un malin génie qui voudrait
toujours le tromper.
C'est par un doute radical, dit « hyperbolique », que
Descartes atteindra ce qui est le plus évident et dont on ne peut douter : la
conscience de soi.
Même dans le doute, le moi doit être présupposé, et c'est
le « je pense donc je suis » qui marquera la première vérité sûre et
inébranlable.
Et de cette certitude de la conscience de soi, Descartes peut
établir d'un seul tenant toute sa philosophie.
Et c'est en rétablissant le lien au
monde extérieur détruit par le doute que le « Je » n'en reste pas à son
emprisonnement dans la certitude de la conscience de soi.
Descartes
admettra ailleurs la possibilité de la certitude morale (certitude plus faible),
qui porte sur « des choses dont nous n'avons point coutume de douter
touchant la conduite de la vie, bien que nous sachions qu'il se peut faire,
absolument parlant, qu'elles soient fausses » (Principes de la philosophie,
205).
III.
certitude et vérité.
»
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