Y a-t-il des sciences d'observation ?
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«
Y a-t-il des sciences d'observation ?
A.
— Une question intéressante est de savoir s'il y a, parmi les sciences de la nature, des sciences
d'observation pure, dont le mécanisme est beaucoup moins compliqué que celui que nous avons décrit dans la
méthode expérimentale, Il convient d'établir ici une distinction :
1° Certaines sciences, telles que la minéralogie, la botanique, I'anatomie„ ne cherchent pas à découvrir des
lois; elles se bornent à décrire et à classer.
Elles se contentent, par la force même des choses, de
l'observation.
Ce sont, dit Cl.
Bernard, des « sciences expectantes, contemplatives ».
2° Il n'en est pas de même d'une science telle que l'astronomie : celle-ci énonce des lois, et des lois très
précises.
Aussi procède-t-elle d'une façon très analogue à celle des sciences expérimentales proprement dites.
Mais pour bien comprendre la portée de la méthode de ces sciences d'observation, une remarque importante
s'impose.
Ce qui fait l'essence, la nature intime de l'expérimentation, ce n'est pas, avons-nous dit, de
provoquer à son gré, ou de supprimer tel ou tel phénomène (ce qui n'est pas possible en astronomie) ; c'est de
vérifier, par des moyens appropriés et combinés, une idée directrice suggérée par l'observation, mais que
l'observation ne contenait pas, puisqu'elle avait été faite des milliers de fois, et toujours en vain.
Voilà
pourquoi, on peut dire que l'astronome expérimente, tout comme le physicien et le chimiste.
Ses moyens
d'expérimentation sont l'hypothèse et le calcul.
Ainsi les hypothèses et vérifications par le calcul d'astronomes
tels que Kepler et Newton, qui « forcent pour ainsi dire les astres à descendre du ciel visible dans le ciel
astronomique, qui est dans leur pensée », sont de véritables expérimentations.
B.
— Il n'y a donc pas de différence essentielle, au point de vue de la méthode, pas plus qu'au point de vue
pratique, entre une Science comme l'astronomie et les sciences d'expérimentation.
Celles-ci ont recours, pour
contrôler l'hypothèse, à une expérience proprement dite (c'est-à-dire à une « observation provoquée » ),
celle-là à une « observation invoquée ».
Au fond, la marche de la méthode est toujours la même : on part des
faits, on risque une idée suggérée par ces faits, et l'on revient aux faits pour contrôler l'idée..
»
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