Y a-t-il des raisons de douter de la raison?
Extrait du document
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ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET.
§ La raison se définit de prime abord et au sens large comme étant simple bon sens ou faculté de bien
juger, de discerner le vrai du faux, le bien du mal.
Au sens strict, elle est la faculté logique de calculer
mais aussi la faculté de réfléchir, dont le but est d'établir la vérité.
§ Le sujet pose le problème de l'infaillibilité de la raison.
La raison est-elle toujours un mode de
connaissance exact ou peut-elle être source d'illusion ? La raison peut-elle nous tromper ? Il semble
de prime abord que la raison, contrairement à la sensation ou à l'imagination par exemple, ne puisse
nous tromper.
Une connaissance fondée en raison serait alors vraie de ce seul fait qu'elle est fondée
en raison.
La raison serait alors norme du vrai et du faux.
§ Dès lors, douter de la raison serait en réalité le fruit de l'ignorance : ne connaissant pas les modalités
de la raison et son critère de vérité nécessaire, nous en viendrions à douter de la raison et de son
pouvoir de dire le vrai.
Il y aurait des raisons de douter de la raison mais ce raison seraient elles
mêmes de fausses raisons, issues d'une ignorance totale du sujet.
§ Mais la raison est-elle vraiment un critère infaillible de vérité ? Ne dit on pas en effet que certaine
choses sont impensables pour la raison ? Or, la raison semble vouloir chercher à tout comprendre, dès
lors, comment être sûre de ce qu'elle nous fait connaître ? La raison, en voulant s'appliquer à des
domaines qui lui sont étrangers, deviendrait alors source d'illusion.
La raison semble alors avoir des
champs d'application restreints et déterminés dans lesquelles elle permet une connaissance mais une
fois ces domaines d'application dépassés, elle semble alors pouvoir donner des raisons qui nous
amèneraient à douter d'elle.
Mais faudra t-il alors une instance supérieure à la raison pour douter de
la raison ?
§ On aurait raison de douter de la raison en ce sens où ce doute, qui reste un moment transitoire dans
la quête de la vérité, permet d'accéder par la suite à la connaissance vraie et certaine.
Mais les
raisons de douter de la raison seraient elles-mêmes réfléchies, au sens où elles viseraient à la
certitude concernant la connaissance.
Il serait ainsi raisonnable de douter de la raison, et ce pour
avoir des connaissances claires et distinctes des choses, c'est-à-dire pour connaître avec évidence.
C'est donc la raison elle-même qui serait la cause du doute sur elle-même : elle serait un tribunal pour
elle-même afin de s'assurer de l'exactitude de ses connaissances.
§ La raison est-elle une puissance infaillible de connaissance du vrai, ou peut-elle être source d'illusion,
en s'appliquant à des domaines qui la transcendent, donnant alors des raisons de douter d'elle-même,
voire se faisant elle-même la source de ce doute, dont le but est l'possession de la vérité ?
PROPOSITION DE PLAN.
I)
La toute puissance de la raison en matière de
connaissance.
§ La raison est un pouvoir de connaître, mais qui plus est, un mode de
connaissance.
La connaissance rationnelle nous enseigne à
distinguer le vrai du faux, et c'est notamment ce qu'expose
Spinoza dans son Ethique, II.
La raison conduit la connaissance et
l'action de l'homme et ainsi : « la sage […] considéré en cette
qualité ne connaît guère le trouble intérieur, mais ayant, par une
certaine nécessité, éternelle conscience de lui-même, de Dieu et
des choses, ne cessera jamais d'être et possède le vrai
contentement » (Ethique, V).
Les domaines de juridiction de la
raison sont donc la connaissance et l'action et la raison est cette
puissance infaillible qui ne peut alors nous tromper.
En effet, dans
les livres I et II, Spinoza distingue le connaissance par la raison de
celle, fausse, que l'on peut acquérir pas l'imagination ou opinion et
qui se caractérise comme étant le premier genre de connaissance.
Or, si l'imagination est en nous source d'erreur au sens où elle n'est
pas puissance du vrai, il n'en est pas ainsi pour le raison.
En effet,
la raison participe des second et troisième genres de connaissances que sont précisément la raison et
la science intuitive.
Or, dans ces deux genres, qui sont les genres les plus élevées de la
connaissance, c'est la raison seule qui est mode de connaissance, dans la mesure où c'est produit un
dépassement du genre de l'imagination.
Dès lors, toute connaissance qui procède de la raison est
vraie, et cette vérité, dite adéquate, est une vérité index sui, c'est-à-dire norme d'elle-même et du
faux.
La raison seule et par elle seule permet alors à l'homme d'accéder à la connaissance du vrai, et,
dans la mesure où la vérité de la raison se sait vraie, se reconnaît comme telle, la raison est toute
puissance du vraie, critère infaillible de vérité dont on ne peut douter.
En effet, c'est l'imagination,
source d'opinion seulement, et donc potentiellement source d'erreur, qui est et doit être objet de
doute pour Spinoza, mais une fois entré dans le second genre de connaissance, l'homme sait sa raison.
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