Y a-t-il des opinions indéfendables ?
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Sujet : Y a-t-il des opinions indéfendables ?
Introduction :
Alors que les partis politiques mettent au goût du jour les « débats participatifs » en
France, il semble que l'échange d'opinion soit de plus en plus valorisé, et qu'il soit de bon
ton d'écouter toutes les opinions, qu'elles viennent d'experts ou d'ignorants.
Toute
opinion serait alors défendable, tolérable dans l’espace public.
L'opinion est un jugement que l'on se forme sans recourir à la réflexion théorique, il est
de l'ordre du préjugé, voire du sentiment.
L'opinion est dite « personnelle », et, liée à la
subjectivité, nous la reléguons à la sphère privée.
On peut alors penser que défendre les
opinions d'autrui est une exigence de tolérance, et un respect pour autrui et pour moimême.
Mais cependant l'opinion est aussi « publique », et parce qu'elle peut être
proclamée, elle peut heurter la sensibilité de certain, et être blessante voire outrageuse.
On peut alors se demander si de telles opinions restent dignes de respect, et, si une
totale liberté de nos opinions est défendable.
Parce qu'elles sont multiples et variées, et
parce qu'elles ne sont pas fondées sur un critère de vérité et validés par le jugement de
la raison, les opinions peuvent se contredire les unes les autres, et l'on ne peut adhérer à
toutes.
Doit-on néanmoins les défendre au nom de la « liberté d'opinion », c'est-à-dire
les tolérer, et admettre qu'elles puissent être recevables ? N'y a-t-il pas des opinions
inacceptables, indignes de respect, et qu'il faudrait combattre au nom de la morale ? A
quelle condition faut-il défendre les opinions d'autrui ? N'y a-t-il pas d'autres priorités à
faire valoir dans ce domaine, comme la recherche de la vérité, qui semble incompatible
avec le souci d'être tolérant envers toutes les opinions ?
1ère partie : Il faut respecter les opinions pour ce qu'elles sont.
-L'opinion, appelée la doxa par les grecs, relève d'un savoir empirique sensible, qui est le
premier degré de la connaissance humaine.
En effet, les premiers savoirs que l'on
acquiert sont des opinions, des points de vue sur les choses, des avis qui nous sont
donnés par le monde sensible (les images, le son, le palpable…).
C'est en partant ainsi à
la découverte du monde sensible que l'enfant découvre les choses.
Pour Platon dans le
VIIe livre de la « République », ce n'est que dans le monde intelligible que l'on peut
accéder à l'epistémè, c'est-à-dire le savoir véritable, forgé par le raisonnement théorique
issu des sciences.
Les opinions sont donc des « pré-jugés », qui ne prétendent nullement
être des savoirs véritables, et en tant que tels, elles méritent d'être soutenues et
défendues.
De plus, elles ne sont pas inutiles et sont dignes de considération car elles
peuvent être un premier pas vers la connaissance.
-Partager et défendre des opinions, c'est s'ouvrir à l'autre, à sa culture, sa différence.
Respecter les opinions d'autrui est donc une exigence de respect et de tolérance envers
l'autre à laquelle il faut se soumettre.
En respectant toutes les opinions, on tolère la
diversité de regards, les différentes manières d'appréhender le monde qui peuvent
exister.
Si l'on ne respecte pas les opinions d'autrui, on le méprise, car on dénigre la
subjectivité qu'il exprime, ses sentiments et sa vision du monde.
Prétendre qu’il y a des
opinions indéfendables serait dogmatique.
- Même si l'on ne partage pas l'opinion d'autrui, la respecter c'est témoigner son respect
pour autrui, et le considérer comme un égal.
En effet, puisque l'opinion ne relève pas de
la raison dont chacun est également pourvu (comme l'affirme Descartes aux premières
lignes du « Discours de la méthode »), ne pas défendre des opinions d’autrui reviendrait
à considérer l'autre comme inférieur, déficient ou moins pourvu de qualités par rapport à
nous.
Voltaire, soucieux de l’esprit de tolérance affirmait : « « Je ne suis pas d’accord
avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de
le dire.
».
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