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Y a-t-il des limites a la liberté d'expression ?

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« Analyse du sujet : - - - - - Il semble de prime abord qu'il n'y ait aucune raison de poser des limites à la liberté d'expression, car parler ne cause aucun tort.

La liberté d'expression véhicule des idées et des paroles mais ne commet pas de crimes. Cependant, la liberté d'expression peut provoquer des crimes qui n'auraient peut-être pas eu lieu sans elle.

Il apparaît ainsi dangereux qu'une société tolère qu'on diffuse des appels au meurtre dans ses journaux. On peut ainsi très bien imaginer que les paroles influent sur l'esprit et qu'elles poussent les esprits faibles dans certaines directions : Socrate n'a-t-il pas été condamné à mort pour « corruption de la jeunesse » ? Considérer également que les paroles ne font pas de mal, c'est s'aveugler au sujet de ce qu'un mal peut être : il n'y a pas que le mal physique qui constitue un crime, mais également le mal moral.

Que la calomnie puisse être relayée par la presse est ainsi problématique. Ce faisant, la liberté d'expression pose problème, car elle existe principalement pour contrer l'arbitraire du pouvoir, or, si on choisit de la limiter, ce sera nécessairement le pouvoir qui la limitera.

Aussi il semble difficile d'encourager une telle limitation, car ce serait comme rendre le plein pouvoir à la puissance en place. Il apparaît donc qu'il n'y a que deux alternatives : soit tolérer une liberté d'expression absolue, soit renoncer à la liberté d'expression. Le problème consistera donc plutôt à évaluer les bénéfices et les désavantages que l'on peut tirer de l'une ou l'autre proposition, et de choisir laquelle des deux est la meilleure. Problématisation : La liberté d'expression semble bien inoffensive.

Toutefois, croire cela c'est peut-être oublier que l'expression est à la source de toutes les actions des hommes, et que mis à part dans le cas de la folie, les crimes commencent toujours par des pensées, sinon par des « idées tordues ».

Ne faudrait-il donc pas empêcher que de telles idées germent dans les esprits fragiles ? Toutefois, peut-il exister une liberté d'expression limitée ? Comment garder le contrôle sur les censeurs s'il n'est pas possible de parler d'eux ? Les maux engendrés par la liberté d'expression sont-ils si grands que l'on doive se priver des bienfaits de cette liberté ? Proposition de plan : 1.

Le contrôle des opinions du peuple est nécessaire à son éducation par l'État. - - - - - - - Platon est un philosophe qui nous présente de bonnes raisons de limiter la liberté d'expression.

Il expose ces raisons dans ses Lois, une de ses oeuvres tardives. Il part de l'hypothèse selon laquelle ce qui doit toujours dominer dans un individu, c'est la raison.

Celle-ci est comme un fil d'or dans l'âme des êtres humains qui ne seraient que des marionnettes pour les dieux.

Platon décrit cette métaphore ainsi : « [les] passions sont en nous comme des nerfs et des fils qui, se mouvant en sens opposé les uns aux autres, nous tirent et nous retirent vers des actions opposées ; et c'est là que se trouve la démarcation entre la vertu et le vice.

Car la raison nous dit qu'il ne faut jamais suivre qu'un de ces fils, sans l'abandonner en aucune occasion, et résister aux autres.

Et ce fil n'est autre que le fil d'or et sacré de la raison, appelé la loi commune de l'État.

Les autres fils sont de fer et raides ; celui-là est souple, parce qu'il est d'or, tandis que les autres sont de toute sorte d'espèces.

» (Platon, Lois, 645a) Nous voyons donc par cela que non seulement le plus sacré dans un individu, c'est la raison, mais qui plus est, nous constatons également que pour que cette raison prévale, il faut que l'État y concourre. Les lois qui régulent la cité ont donc pour but de forger également les individus qui la composent, et c'est pourquoi elles doivent donner des prescriptions très précises sur ce que l'individu doit et ne doit pas faire.

Les lois doivent renforcer le fil d'or présent en chaque être humain car l'État a un rôle d'éducateur à l'égard du peuple et il doit se comporter comme un père avec ses enfants. C'est pourquoi les lois doivent interdire certaines formes d'expression, car celles-ci pourraient dégrader la raison des individus.

Or, détruire la raison chez un homme, c'est détruire chez lui toute possibilité de connaître la vraie liberté. Platon donne à ce sujet l'exemple de la musique et de la danse.

Dans le second livre des lois, il expose sa thèse selon laquelle c'est dans les choeurs de danse et les chants institués à l'occasion des fêtes que les citoyens développent le sens de l'ordre et de l'harmonie qu'ils ont reçu de la nature et qu'ils suppléent ainsi aux lacunes de leur éducation morale.

En effet, la danse et la musique, à l'aide du rythme et de l'harmonie, expriment une certaine harmonie du corps qui renvoie à l'ordre de l'âme. Ce faisant, puisqu'il y a corrélation entre l'harmonie musicale et l'ordre de l'âme, il faut veiller à encourager certaines mélodies et à en interdire d'autres, car de mauvaises harmonies fabriqueront de mauvaises âmes, seule la musique vraiment belle pouvant conduire à la vertu et éduquer les hommes.

Des censeurs doivent donc avaliser ou prohiber les mélodies composées par les artistes. C'est pourquoi Platon dénonce les dérives qui eurent lieu à Athènes : il écrit à ce sujet que les artistes : « ravalèrent inconsciemment la musique et poussèrent la sottise jusqu'à croire qu'elle. »

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