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Y a-t-il des guerres justes ?

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« Comment peut-on justifier une guerre ? Ou peut-il y avoir des guerres menées au nom de la justice ? Peut-être y a-t-il une distinction à faire entre la fin et les moyens.

Un but de guerre peut être désigné comme juste (par exemple, aider un peuple à se libérer de l'oppresseur).

Par contre la guerre comme moyen peut être disqualifiée, et jugée nécessairement injuste (meurtres, mort de civils, etc.).

Peut-on juger la guerre à partir de son but, de son efficacité ? Certaines fins ne justifient-elles pas l'usage de certains moyens, dans la mesure où ceux-ci sont seuls susceptibles d'être efficaces ? Ou doit-on condamner toute guerre, et tout recours à la violence ? Qu'est-ce qu'on disqualifie lorsque l'on condamne la guerre ? La violence et la mort.

Or la politique et le pouvoir en dehors même de l'état de guerre n'administrent-ils pas la mort et la violence : brutalités policières, abandon des exclus...

? Quels sont les rapports entre la politique et la guerre ? Sont-elles intrinsèquement liées ? Ainsi que Clausewitz, grand théoricien de la guerre, a pu la formuler : "La guerre, c'est la politique continuée par d'autres moyens", et ainsi que Michel Foucault a pu reprendre en l'inversant cette formulation : "La politique, c'est la guerre continuée par d'autres moyens" (dans Il faut défendre la société).

Pourquoi la guerre, qui répond à des besoins stratégiques des États (influence, expansion, défense du territoire etc.), a-t-elle besoin d'être accompagnée d'une justification en termes de juste et d'injuste ? Et peut-on intégrer la guerre dans la notion de droit positif ? Prenez garde à ne pas commettre l'erreur traditionnelle des interlocuteurs de Socrate.

Interrogés sur la définition d'une notion abstraite, ils répondent exclusivement grâce à des exemples.

Ne croyez pas donner une réponse suffisante à cette question en opposant des guerres justes (la lutte contre le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale) à des guerres injustes (la conquête de l'Espagne par Napoléon). Interrogez-vous plutôt sur l'existence d'un critère de jugement suffisant pour justifier ou condamner des actes de guerre.

Vous pouvez soutenir, à l'instar d'Alain ou de Kant, que la guerre est une éclipse complète de la justice, car elle fait disparaître tous les rapports juridiques et éthiques.

Il est également possible de reprendre la thèse majeure de l'ouvrage de Hegel, la raison dans l'histoire, selon laquelle toute guerre, quelles que soient les atrocités qui y sont commises, est justifiée par un dessein secret de la raison.

Cette dernière use en effet paradoxalement des guerres comme d'un outil pour créer un ordre politique rationnel entre les hommes. En guise d'introduction, il serait tout d'abord utile de distinguer « juste » de « légitime ».

Ce qui est juste, c'est ce qui est conforme à la justice, à l'équité, mesuré et proportionné.

Ce qui est légitime, c'est ce qui est fondé en droit, ce qui est juridiquement fondé, consacré par la loi ou reconnu conforme au droit. Cependant, comment parler de « guerre juste » quand les deux termes semblent avoir une connotation opposée? I- La reconnaissance d'un recours possible à la force. Selon l'article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies : « les membres de l'Organisation s'abstiennent dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Ainsi l'idée de guerre, tant dans son acceptation commune que dans le droit, tend à être rejetée.

C'est ce à quoi se sont employées nombre d'organisations internationales, en particulier depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Malgré cela, cette même Charte reconnaît la possibilité d'un recours à la force dans certains cas.

La guerre pourrait donc être juste, selon un certain nombre de préalables. 1) Doctrine classique et réadaptation à l'époque actuelle. St thomas d'Aquin exige trois conditions: l'auctoritas principis : la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime (s'oppose à la décision individuelle); causa justa : la cause juste, et enfin intentio recta: l'intention doit être claire, et le but doit être de faire triompher le bien commun. Réadaptation à l'époque actuelle, il faut citer Michel Walzer, principal théoricien, qui rappelle lui aussi trois conditions: Le « Jus ad Bellum » : concerne particulièrement les causes de la guerre.

Le « Jus in Bello » : concerne la justice du comportement des différents intervenants pendant le conflit.

Le « Jus post Bellum » : concerne la phase terminale et les accords de paix qui doivent être équitables pour toutes les parties. Ainsi, ces doctrines mettent en avant le caractère primordial d'une guerre juste: l'objet et le but recherché. 2) Acceptation du recours à la force par la Charte des Nations Unies. La Charte des Nations unies reconnaît, « l'application de mesures coercitives ».

On reconnaît que le recours à la force est licite, selon l'objet et les circonstances.

Est reconnu le droit naturel à la légitime défense en cas d'agression, l'existence de guerres de libération nationales (décolonisation etc.), et l'action coercitive en vue de faire face à une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d'agression : la recherche du rétablissement de la paix.

Ici, c'est le but de la guerre qui la rend juste: se défendre, retrouver sa souveraineté, ou encore maintenir la paix. II- « La justice dans la guerre », ou comment la rendre moralement acceptable? 1) La guerre est juste si les moyens sont justes: le respect du droit humanitaire.. »

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