Y a-t-il des choix absolument définitifs ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
CHOIX: Action consistant à se déterminer en arrêtant une conduite à tenir, retenue entre plusieurs possibles.
La
capacité de choisir est considérée traditionnellement comme caractéristique du libre arbitre.
ABSOLU:
Du latin absolutus, «séparé, délié ».
Est absolu ce qui existe indépendamment de toute autre chose, ce qui ne
dépend que de soi pour être.
Absolu s'oppose à relatif.
1) Étymologiquement: détaché, indépendant, sans lien; absolu s'oppose à relatif.
2) Adjectif: achevé, total, qui ne comporte ni restriction, ni réserve.
3) Nom: l'absolu désigne la chose en soi (ou noumène), telle qu'elle est en elle-même, indépendamment de la
représentation que nous pouvons en avoir.
4) Qui ne peut être transgressé (une loi, un principe absolus).
Un choix définitif serait fixé à jamais, immuable : une fois fait, il serait impossible de choisir autrement.
Par
exemple, choisir un métier serait s'engager pour la vie entière.
Une métaphore courante entraîne vers cette notion
de choix fixe : celle de la croisée des chemins ; quelle route vais-je choisir? J'ignore quelle est la bonne: mon choix
n'est déterminé par rien d'extérieur à lui ; il est absolu ; mais il me met sur une route toute tracée.
Cependant une route peut être en travaux, obliger à des déviations, et même se trouver modifiée dans ses
passages, voire dans son terme.
La métaphore spatiale qui conduit à immobiliser le choix ne peut pas faire
abstraction du temps.
Or le temps est la condition des êtres qui changent.
Ainsi, le métier que j'ai choisi «pour la
vie» s'est transformé profondément : j'ai changé réellement de métier sans avoir modifié mon choix ; sous la même
dénomination («professeur») mon travail n'est plus le même.
Il en est ainsi partout : celui qui travaille la terre a vu
son métier prendre une forme tout à fait nouvelle, et il va encore se transformer ; de même pour l'ouvrier d'usine, le
comptable, le policier, etc.
Y aurait-il alors des choix profonds qui se maintiendraient tout au long de la vie, même à travers les changements
des conditions extérieures? Ce «choisir» me fixerait alors moi-même dans un destin.
Après ce choix, il n'y aurait plus
de choix : ce choix aurait eu un pouvoir absolu, qui réaliserait toute ma vie, dans son déroulement.
On l'a cru
parfois, comme nous le verrons (mythe platonicien du choix de la destinée).
Mais comment concevoir que choisir soit
un acte tout-puissant qui anéantit du coup toute possibilité ultérieure de choisir?
1.
Choisir
1.
Pour choisir réellement il faut n'être contraint par rien, ni de l'extérieur, ni de l'intérieur ; du moins faut-il ne
pas céder à ce qui menace ou qui exerce une violence.
Parfois certains êtres sont conduits à mourir pour une cause
ou pour des êtres qu'ils aiment ; il arrive même que la violence devienne torture, et que la personne frappée,
meurtrie, résiste jusqu'au bout.
L'être engage tout, y compris son existence.
Est-ce simplement pour s'opposer, pour
dire «non» au bourreau et à ses maîtres? Examinons la vie de ces témoins (ou «martyrs », les deux termes sont
synonymes, le premier venant du latin, le second du grec) ; ce n'est pas contre qu'ils choisissent de se sacrifier,
mais pour : pour la cause, pour l'être ou les êtres auxquels ils donnent leur vie.
Conserver sa vie à tout prix ne peut pas être la valeur suprême pour un être humain (le neuropsychiatre K.
Goldstein
l'a montré dans son livre La structure de l'organisme).
Dans l'extrême du choix se manifeste une puissance extrême,
mais elle n'est pas celle d'un isolé, vivant «pour-soi»: elle est l'opposé de l'« acte gratuit» qui prétendait établir une
indépendance individuelle.
Le martyr ne discourt pas comme Kirilov : il se donne.
Ici le choix dernier est définitif : la destinée est fixée.
2.
«La mort transforme la vie en destin» (Malraux, L'espoir) ; il faut que l'existence aille jusqu'à son terme : il n'y
a de véritable accomplissement que dans la durée totale de la vie; «accomplissement» implique l'idée d'une.
»
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