Y a-t-il des actes impardonnables ?
Extrait du document
«
ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION
• Peut-être y a-t-il lieu de différencier la question du « pardon » de celle de « la sanction ».
Ne pas sanctionner
est-ce nécessairement « pardonner » (et vice versa) ?
• Bien saisir que les deux sujets ne sont nullement identiques.
- L'un (le pardon) nous invite (implicitement) à nous poser des questions du type : « Qu'est-ce que le pardon ?
Quels problèmes spécifiques pose-t-il ? Relevant de quels domaines (psychologique, moral, métaphysique, religieux)?
»
L'autre est beaucoup plus déterminé, circonscrit.
Par exemple, entre autres, il y a lieu de noter qu'il est admis
implicitement qu'il y a des fautes pardonnables.
D'où le problème du pardon des fautes n'est pas posé de façon
générale : en fait ce qui est en question c'est de savoir il y a des critères (relatifs aux types de fautes) qui
permettraient d'établir et de distinguer ce qui serait de l'ordre « pardonnable » et ce qui n'en serait pas.
Analyse du sujet et dégagement de la problématique
●
La question « Y a-t-il ? » se pose selon deux axes principaux; le premier questionne l'existence de fait, en
deça du second, qui interroge la simple possibilité.
C'est ce dernier axe qui doit constituer le fil rouge du
devoir, la question du fait s'y greffant ensuite.
●
Le notion de pardon s'oriente sur plusieurs scènes.
La première est le face à face entre la conscience
fautive et la conscience offensée.
Le pardon consiste dans l'annulation d'une dette de la première par la
seconde.
Cette dette est le fruit d'un acte, la faute.
Ainsi, le pardon est un acte par lequel la signification
d'un autre acte est transformée (et non abolie : une faute pardonnée n'est pas oubliée ni annulée).
Ce
dialogue entre deux actes ouvre la seconde scène du pardon, celle de sa temporalité.
On peut donner une
première description de cette temporalité : le pardon se déroule au présent, mais agit sur un acte du passé.
Ainsi, le pardon ne s'inscrit pas dans la temporalité ordinaire des actes irréversibles, mais dans celle,
rétroactive, de la rédemption.
Cette incription est doublée du rôle de la mémoire.
On ne pardonne que les
fautes dont la mémoire est encore vive : une faute oubliée n'est plus pardonnable, elle n'a plus à être
pardonnée.
La dépendance du pardon à une mémoire désigne une troisième scène au pardon : celle de sa
possibilité.
Qui peut pardonner ? Quelles sont les conditions qui rendent le pardon possible? Parmi elles, il faut
distinguer : les conditions de fait (une faute souvenue, une mémoire offensée) et les conditions de droit.
Ces
dernières nous donnent la limite au sein de la quelle se pose la question du pardon : la justice.
A la fois
contre-justice (il propose la rémission des fautes, pour rien), et soumis à la justice (est-il juste de pardonner
? De tout pardonner ?), le pardon est toujours lui à celui qui, en justice, peut le dispenser.
●
Revenons au sujet de la dissertation.
Le pardon est questionné avec un présupposé : sa possibilité serait
une propriété de l'acte.
Ce présupposé n'est pas cependant sans questions : si les actes portent en eux de
telles propriétés, désignent-ils aussi celui qui, ou serait, à même de pardonner ? En d'autres termes, l'acte
ouvre-t-il de lui-même les sphères du pardon? Y a-t-il des actes tels qu'ils n'ouvrent aucun pardon possible,
qu'ils ne désignent aucun être capable de pardonner ? S'il on essaie alors de donner une description de ce
que serait un acte pardonnable, ou impardonnable, deux directions semblent possibles : donner une
description matérielle de l'acte, en donner la loi formelle.
Or, pour être éligible au pardon, un acte doit être une faute, c'est-à-dire appartenir d'emblée au champ de la
justice.
Si, donc, les fautes départagent d'elles-mêmes la sphère de possibilité du pardon, elles désignent
aussi l'ensemble des attitudes justes et injustes à son égard.
Ainsi, penser le pardon à partir de l'acte nous
invite à questionner la possible limitation du pardon par la justice : y a-t-il des actes tels qu'il serait injuste
de pardonner, de la part de celui qui en a le pouvoir ?
●
Il semble alors indispensable d'interroger la nature du pardon.
En effet, le sujet de la dissertation, nous
l'avons vu, nous demande de mesurer, de limiter, les surfaces respectives de la faute, du pardon, de la
justice.
La question du sujet est celle d'une possible incommensurabilité entre la gravité de la faute et
l'effectivité du pardon.
S'il y a des actes impardonnable, c'est que la force du pardon n'atteint pas les
dimensions de certaines fautes.
En d'autres termes, le pardon serait-il un acte né d'une autre mesure que
celle qui définit la faute ? La liberté en acte dans le pardon peut-elle être moins puissante que la liberté
choisissant le mal dans la faute ? C'est, en fin de compte, cette liberté, en acte dans le pardon, qu'il nous
faut comprendre et délimiter.
Dans la tradition biblique, par exemple, seul Dieu peut remettre les fautes.
Dans
cette tâche une orientation nous est donnée : c'est de l'acte fautif qu'il faut partir.
Proposition de plan
I La possibilité du pardon et les exigences de la justice.
»
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