Y a-t-il de l'inconnaissable ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet se présente sous la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre par « oui » ou « non »
en conclusion, au terme de l'argumentation que doit constituer le corps de la dissertation.
Le terme « inconnaissable » fait intervenir la notion de connaissance, sur laquelle il s'agit en premier lieu de
porter notre attention : peut-on, par exemple assimiler la connaissance au savoir ? A l'évidence non : on peut
ne pas savoir jouer du piano mais avoir des connaissances portants sur la manière dont on joue du piano.
Dans
notre exemple, le savoir se distingue de la connaissance en ce qu'il est un savoir pratique, un savoir faire qui
requiert (comme Aristote l'a montré) de l'expérience et qui ne peut s'arrêter à la simple formulation de règles
qu'il suffirait d'apprendre.
L'inconnaissable est ce qui ne peut pas être connu.
Il convient de réfléchir sur le statut de cette impossibilité :
à quoi tient-elle ? Toute connaissance suppose quelque chose de connu, c'est-à-dire un objet de
connaissance, et quelqu'un qui connaît, c'est-à-dire un sujet de la connaissance.
Aussi l'impossibilité peut-elle
échoir au sujet, être une limitation qui lui est propre, ou être immanente (intrinsèque) à l'objet.
Dans ce second
cas, l'impossibilité de connaître viendrait de l'essence même de l'objet qu'on cherche à connaître : il
contiendrait en lui-même quelque chose qui ferait obstacle, résisterait au fait de pouvoir devenir objet de
connaissance.
Pourtant pour que nous puissions désigner ce qui refuse d'être objet de connaissance, il faut bien que nous
puissions le penser (sans forcément le connaître) : ici doit s'introduire une seconde nuance (la première était
celle qui distinguait la connaissance du savoir).
A quelle condition une pensée devient-elle une connaissance ?
Un critère possible de distinction peut être celui de l'objectivité : une connaissance est objective, elle affirme
une vérité, alors que nous pouvons penser quelque chose de faux, voire penser l'absurde.
Problématisation :
La problématisation tend à identifier et hiérarchiser les problèmes qui font obstacle à l'apport d'une réponse à la
question du sujet.
Le premier problème qui semble se présenter est le suivant : s'il y a de l'inconnaissable, comment
l'identifier par rapport au connaissable ? Autrement dit, quel critère va nous permettre de tracer la limite qui sépare
le champ de ce qui peut être connu de celui de ce qui ne le peut pas ?
Le second problème découle du premier : en admettant que l'on puisse fournir un critère de distinction du
connaissable et de l'inconnaissable, il faut que celui-ci soit universellement valable, c'est-à-dire valable pour tout
sujet connaissant, ce sans quoi nous sombrons dans un relativisme total : notre critère deviendrait totalement
subjectif et ne mériterait alors plus le titre de critère.
Proposition de plan :
I – Recherche d'un critère d'identification de l'inconnaissable
Si l'on considère l'avancée permanente des sciences jusqu'à aujourd'hui, il semble difficile de tracer une limite bien
nette entre le connaissable et l'inconnaissable.
La question que nous nous posons pourrait se formuler à la manière
dont Kant la pose dans la Critique de la raison pure : que puis-je connaître ?
Référence : Kant, Critique de la raison pure
« En effet, l'expérience elle-même est un mode de connaissance qui exige le concours de l'entendement dont il me
faut présupposer la règle en moi-même avant que les objets me soient donnés par conséquent a priori, et cette
règle s'exprime en des concepts a priori sur lesquels tous les objets de l'expérience doivent nécessairement se régler
et avec lesquels ils doivent s'accorder.
Pour ce qui regarde les objets en tant qu'ils sont simplement conçus par la
raison – et cela, il est vrai, nécessairement – mais sans pouvoir (du moins tels que la raison les conçoit) être donnés
dans l'expérience – toutes les tentatives de les penser (car il faut pourtant qu'on puisse les penser) doivent, par
conséquent, fournir une excellente pierre de touche de ce que nous regardons comme un changement de méthode
dans la façon de penser, c'est que nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nousmêmes.
»
Aucune tentative de penser des objets par la seule raison, indépendamment de l'expérience, ne peut aboutir à une
connaissance.
La pensée fonctionne pour ainsi dire en circuit fermé.
La connaissance véritable ne peut se construire
que dans le champ des objets dont il est possible de faire l'expérience.
Le critère qui nous permet de tracer la frontière entre le connaissable et l'inconnaissable est donc la possibilité de
l'expérience.
On peut penser à des objets dont on ne peut pas faire l'expérience (on peut par exemple penser le
concept de Dieu, de l'âme, etc.) mais il est impossible d'en avoir une connaissance : il y a bien de l'inconnaissable.
L'impossibilité relève ici entièrement du sujet connaissant : elle est la conséquence de sa finitude radicale.
Si bien
qu'il nous faut interroger le critère que nous proposons avec Kant (la possibilité de l'expérience) quant à son
universalité..
»
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