Y a-t-il de bonnes ou de mauvaises opinions ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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On considère traditionnellement que l'opinion n'est pas une connaissance certaine, qu'elle ne porte pas
sur la vérité de ce qui est, mais sur ce qui semble être et qu'ainsi elle ne parvient pas à l'essence intime des
objets sur lesquels elle porte.
On a alors tendance à affirmer que l'opinion n'est pas fiable, qu'elle est un guide trompeur qui nous mène
par les sens sur des chemins douteux.
On assure généralement que l'opinion nous induit en erreur et qu'il faut
s'en détacher pour avoir une réflexion rationnelle.
Cette conception classique tend à considérer que toute opinion est mauvaise en tant que telle
puisqu'elle est un des vecteurs de l'ignorance et empêche d'atteindre la vérité.
Cependant, qui tentera de vivre en ne s'appuyant que sur une connaissance véritable et certaine de
toute chose rencontrera bientôt de nombreux écueils, car nous ne disposons que rarement de telles vérités.
Notre vie se mène plus souvent « à tâtons », sans avoir l'assurance d'être « dans le vrai ».
Et comme il faut bien vivre, il semble dès lors indispensable de s'appuyer sur l'opinion qui, à défaut d'une
connaissance parfaite, permet de « parer au plus pressé », de continuer à aller de l'avant même si l'on n'est
pas certain du chemin qu'on emprunte.
Ainsi ces opinions qui permettent à continuer de vivre sont très utiles, et en conséquence, ne devraiton pas affirmer que ce sont de « bonnes opinions » ?
Se pose alors la question de savoir, parmi ces « bonnes opinions », laquelle est la meilleure.
En l'absence de critère absolu de vérité, ne faudrait-il pas confronter toutes les opinions pour trouver la
meilleure, si bien qu'au final, toute opinion aurait quelque chose de positif relativement à cette démarche ?
Problématisation :
La tradition philosophique a consacré l'idée selon laquelle toute opinion était fatalement mauvaise puisqu'elle
n'atteignait jamais la vérité en soi des choses.
Cependant, il semble bien que dans certaines circonstances, il soit
illusoire de rechercher une telle vérité.
Dès lors, l'opinion apparaît comme extrêmement salutaire, car sans elle, nous
serions en pure perdition.
Toutefois, il serait problématique de s'en remettre à n'importe quelle opinion sous prétexte
que celle-ci serait « utile pour avancer ».
Ne faudrait-il pas dès lors trouver un moyen de juger des opinions sans
tomber dans un dogme absurde ?
Proposition de plan :
1.
L'opinion : une connaissance partielle.
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D'après Platon, l'opinion est une forme de connaissance qui porte sur un pan trompeur de la
réalité.
Pour ce philosophe, l'opinion est une connaissance qui porte sur le monde sensible.
Le monde sensible est constitué de ce qui est perçu par les sens, c'est-à-dire d'un monde
d'apparences, un flux changeant et indéterminé.
Au monde sensible qualifié d'incertain, Platon oppose le monde intelligible, qui représente le
monde dans lequel se tiennent les formes intelligibles, qui sont des essences universelles et
immuables, qui tiennent le rôle de causes et de modèles des choses sensibles.
La connaissance qui atteint le monde intelligible est la connaissance scientifique.
Dans le Cratyle de Platon, Socrate s'adresse à Cratyle en ces termes : « De connaissance il
ne saurait être probablement question, Cratyle, si tout change de forme et rien ne demeure.
»
(Cratyle, 440a).
Socrate est ici le porte-parole de Platon, et il nous montre donc qu'il ne peut y
avoir de connaissance sûre portant sur le sensible.
Nous pouvons en inférer que d'après Platon, l'opinion consiste en une connaissance
approximative, qui se donne pour un jugement sur ce que semblent être les choses, et qui est
susceptible d'être vrai ou faux sans jamais pouvoir rendre raison de sa vérité ou de sa fausseté.
La science, par contre, permettrait la connaissance vraie et stable de l'objet qu'elle étudie
puisqu'elle porte sur l'intelligible, c'est-à-dire les choses qui « ont elles-mêmes une certaine réalité
qui leur appartient et qui n'est pas relative à nous.
» (Cratyle, 386d-e)
Ainsi, si l'on s'en remet à Platon, il n'est pas de connaissance sensible qui soit bonne et seule
la connaissance scientifique est véritable et valable.
Il s'en suit donc qu'il ne peut pas y avoir de
bonnes opinions et que toute opinion est nécessairement mauvaise.
2.
La nécessité des « opinions de poids ».
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Cela étant, n'est-il pas parfois nécessaire de renoncer à une compréhension véritable des
choses ? Lorsque la vérité ne peut être perçue dans son essence, n'est-il pas plus approprié de
s'en remettre à des opinions plutôt qu'à rien ?
En effet, Platon croyait à la possibilité d'une science de toute chose et d'une unité de la
science.
Mais Aristote a souligné le fait que la réalité se divise en régions distinctes dont chacune
relève d'un savoir propre.
Ainsi n'argumente-t-on pas en éthique avec les mêmes outils
conceptuels qu'en arithmétique..
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