Werner Heisenberg
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Werner Heisenberg
Heisenberg est connu du grand public par la découverte de son principe d'indétermination, qui fut à l'époque, après
la Relativité d'Einstein, l'événement qui a le plus impressionné les milieux philosophiques portant de l'intérêt aux
Sciences.
C'est trop peu de se borner à énoncer et discuter le principe nouveau ; il faut prendre connaissance de
ses antécédents et de la situation scientifique qui lui a donné naissance, pour mieux juger la valeur du résultat et le
mérite de son auteur.
La découverte des quanta dans le rayonnement thermique en 1900 par Planck avait été rapidement suivie de
l'invention du photon par Einstein, de la découverte des quanta dans les chaleurs spécifiques aux basses
températures et surtout de la découverte du noyau de l'atome par Rutherford en 1912, ce qui permettait de
concevoir l'atome comme un système composé d'un centre de charge positive entouré d'un système planétaire
d'électrons négatifs.
C'est sur cette base expérimentale que, moins d'un an plus tard, le jeune Bohr construisit
hardiment une première théorie des systèmes atomiques, et en particulier de l'atome d'hydrogène, qui devait être à
l'origine de tous les progrès théoriques ultérieurs.
La théorie de Bohr repose sur deux postulats fondamentaux,
traduction directe des lois empiriques de la spectroscopie : l'existence de tout système atomique possible seulement
dans une série de niveaux stationnaires discontinus d'énergie ; l'émission et l'absorption de rayonnement par photos
d'énergie hv (h constante de Planck ; v fréquence) égale à la différence d'énergie correspondant à la transition
complète et instantanée du système d'un état stationnaire à un autre.
Ces deux postulats sont en conflit avec les
conceptions classiques de la mécanique et de l'électromagnétisme.
De plus, le second fonde la théorie atomique sur
une loi statistique ou de hasard, exactement comme l'est la désintégration radioactive d'un ensemble de noyaux
identiques.
Cette loi de hasard concerne le phénomène élémentaire, lequel dans la théorie de Bohr est un tout
indivisible, ne faisant plus l'objet d'une description dans l'espace et dans le temps, comme c'était le cas jusqu'alors
pour toute théorie physique.
Personne mieux que Bohr lui-même dès le début n'a vu les conséquences radicales
auxquelles la théorie nouvelle allait conduire.
Cela ne l'empêcha pas cependant d'en pousser les conséquences aussi
loin que possible.
Werner Heisenberg est né en 1902, de famille universitaire, à Munich.
Il fit ses études dans cette ville et, dans les
circonstances difficiles qui suivirent la Première Guerre mondiale, commença par être l'élève de Sommerfeld, maître
admirable qui venait de publier la première édition de son Atombau, et dès 1915 avait apporté d'importantes
contributions à la théorie de Bohr.
Puis il travailla dans le centre important de Göttingen, chez Born principalement.
C'est là qu'il fit la connaissance de Bohr.
Dès lors, jusqu'en 1928, époque où il reçut une chaire à Leipzig, il passa la
plus grande partie de son temps chez Bohr à Copenhague.
A cette époque, Bohr se préoccupait beaucoup, nonobstant les objections de principe, de développer sa théorie en
gardant un contact aussi étroit que possible avec la mécanique et l'électromagnétisme classiques.
Il considérait la
physique classique comme le cas limite d'une microphysique échappant aux représentations habituelles dans un
espace-temps continu ; mais, à la limite, lorsque les moments cinétiques présents dans le système atomique (états
excités) deviennent grands comparés à l'unité naturelle fondamentale de moment cinétique représentée précisément
par la constante h de Planck, alors la nouvelle théorie doit se fondre insensiblement dans l'ancienne théorie
classique.
On doit donc s'attendre à retrouver, déformés sans doute, de nombreux traits de correspondance entre la
physique ancienne et celle des quanta.
D'où le nom de principe de correspondance créé par Bohr.
Il en a fait un très
grand usage et a pu transposer, au moins qualitativement, de nombreuses acquisitions de la théorie classique des
électrons de Lorentz à la théorie nouvelle.
En même temps, on constatait que le principe de correspondance
s'accommodait parfaitement du caractère statistique fondamental de plus en plus apparent dans les phénomènes
quantiques élémentaires.
En 1917, Einstein rattacha la formule du rayonnement thermique de Planck aux postulats
de Bohr en introduisant pour la première fois les coefficients de probabilité qui portent son nom : A, pour la
probabilité de transition spontanée ou d'émission naturelle d'un système atomique, passant d'un niveau d'énergie
supérieur à un niveau inférieur, en tout semblable à l'émission spontanée des noyaux radioactifs ; et B, pour la
transition induite ou forcée d'un niveau à un autre, sous l'influence du rayonnement extérieur (absorption et
émission).
Dans ce raisonnement, le rôle du principe de correspondance était essentiel, autant que celui des lois du
hasard.
Conformément au premier postulat de la théorie de Bohr, complété par les conditions de quantification de BohrSommerfeld, un état stationnaire de l'atome est représenté, pour simplifier, par un électron décrivant une orbite
périodique stable.
Suivant les idées classiques de Maxwell et Lorentz, ce mouvement d'une particule électrique
entraîne l'émission d'un rayonnement lumineux par création d'ondes électromagnétiques dont la fréquence est celle
du mouvement orbital périodique, accompagnée de ses divers harmoniques, et dont l'intensité et la polarisation sont
directement liées aux coefficients du développement de Fourier des coordonnées de la trajectoire.
(Ce rayonnement
devrait d'ailleurs, par la perte d'énergie, entraîner à la longue l'instabilité de l'orbite, si les idées classiques restaient
valables.) Réciproquement, on peut dire que, du point de vue classique, la connaissance du rayonnement émis par
l'atome, en fréquence, intensité et polarisation, équivaut entièrement à la description du mouvement de l'électron
sur sa trajectoire dans l'atome.
Mais, conformément au second postulat de Bohr, ce qu'on observe en réalité dans le spectre optique rayonné par
l'atome, ce sont des fréquences proportionnelles aux différences entre deux niveaux d'énergie de l'atome.
Le tableau.
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