Vous semble-t-il légitime d'affirmer: à chacun sa vérité ?
Extrait du document
«
PREMIERE CORRECTION
Introduction.
— Il est des questions capitales sur lesquelles il est impossible de parvenir à un accord.
Au lieu
d'éterniser les discussions et à plus forte raison de prétendre imposer sa pensée par la violence, ne vaut-il pas
mieux laisser aux autres la liberté de leurs opinions et dire : « A chacun sa vérité » ?
A.
Sans doute la vérité est une.
Si ce que j'appelle ma vérité s'oppose à ce que vous professez être la vôtre,
nécessairement l'un de nous deux se trompe.
Il semblerait donc qu'il faudrait répondre négativement à la question
posée.
Mais comment déterminer cette vérité une et qui devrait être identique pour tous ? Dans bien des domaines de la
vie pratique, l'expérience, soit personnelle, soit collective, y suffit.
On ne discute pas non plus les conclusions des
raisonnements mathématiques.
B.
Lorsque l'accord s'avère impossible, c'est qu'interviennent : d'une part, des conceptions générales ne comportant
pas une évidence qui s'impose à tous ; d'autre part, des passions ou des intérêts personnels.
Citons : la philosophie,
la religion, la politique...
Peut-on, dans ces cas : « à chacun sa vérité » ?
Non, évidemment, lorsque la mise en pratique de ce principe impliquerait sa contradiction.
Ce serait le cas du
fanatique qui se reconnaîtrait le droit d'éliminer par la violence ceux qui professent une opinion contraire à celle qu'il
tient pour la vérité ; du procédurier qui jugerait impensable que le tribunal puisse donner raison à son adversaire.
« A
chacun sa vérité
dans les cas de désaccord irréductible, mais à la condition que chacun reconnaisse le droit de l'autre à sa propre
vérité.
Oui quand la vérité admise n'intéresse que celui qui la professe, et dans deux sens:
en ce premier sens que la prise de conscience des vérités en question étant le fait de chacun, ce que chacun a
reconnu vrai est bien sa vérité ; il faudrait d'ailleurs que chacun fasse siennes, c'est-à-dire s'assimile, les vérités
qu'il tient de son milieu et de son éducation ;
— en ce second sens qu'une règle de vie pratique, par exemple en fait de régime — intellectuel ou spirituel aussi
bien qu'alimentaire —, peut être vraie, c'est-à-dire bonne, pour les uns et fausse, c'est-à-dire mauvaise, pour
d'autres.
Conclusion.
— Ainsi compris, le principe « à chacun sa vérité » n'implique pas une indifférence sceptique.
Peut-être
même manifeste-t-il un respect plus authentique de la vérité que le principe contraire : « la même vérité pour tous
».
SECONDE CORRECTION
Certaines formules sont couramment utilisées, ce sont des phrases pré-conçues qu'il peut nous arriver d'utiliser dans
certains cas.
Par exemple, lors d'un désaccord sur une opinion, on entendra souvent « A chacun sa vérité ».
Il s'agit
là d'une formule que l'on prononcerait presque par défi vis-à-vis d'autrui, pour se singulariser.
Nous voulons en effet
signifier par là que la vérité est de l'ordre des propriétés personnelles de chacun.
On aurait sa vérité, comme on a
ses goûts personnels.
On peut donc en arriver à se demander : Que vaut et que signifie la formule « A chacun sa
vérité » ?
On se demande ce que signifie cette formule, tout d'abord, « chacun » signifie que cela est applicable à
toute personne capable de penser, raisonner, comprendre...
C'est-à-dire à tout être humain.
Si l'on exprime tous les
Hommes à travers le mot chacun c'est qu'on les dissocie, c'est à dire que chaque Homme possède sa propre vérité,
chaque personne pensante possède son opinion et toutes sont différentes.
Enfin, « vérité » exprime ce qui est vrai,
donc censé être impossible à remettre en cause, par définition, la vérité, il n'y en aurait qu'une seule, on observe
donc dans ce sujet une contradiction entre l'emploi des termes chacun et vérité.
Cela dépend toutefois de ce que
l'on comprend dans le terme vérité, si une opinion se trouve également être une vérité, la formule prend alors plus
de sens et on pourrait même la reformuler en « A chacun ses opinions ».
Car dans ce cas, le terme opinion et donc
la vérité prennent une toute autre valeur, on pourrait notamment voir la vérité comme une vérité politique ou
religieuse où il pourrait donc y avoir plusieurs vérités.
Mais finalement, on peut se demander Quand cette formule
est-elle valable ?
En premier lieu, nous examinerons les situations dans lesquelles on peut dire que cette formule vaut
quelque chose, c'est-à-dire les cas où cette formule prend un sens, une signification.
Puis ensuite, nous nous
pencherons sur les situations où l'on peut dire que cette formule ne vaut rien, c'est à dire les cas où les
contradictions au sein même de la formule sont trop fortes pour que la formule puisse prendre un sens et donc avoir
une valeur.
Autrement dit, lorsque l'on ne peut pas dire que chacun possède sa vérité tout simplement car il ne peut
y avoir pour ces cas là qu'une seule vérité.
Un même événement peut être relaté différemment par deux personnes ayant pourtant été témoins de la
scène.
Chacun aura perçu différemment l'événement et chacun possèdera donc sa vérité de l'événement, c'est ainsi
que parfois, dans des tribunaux par exemples, on pourra se retrouver avec deux témoignages contradictoires tandis
que les deux personnes seront persuadées de dire la vérité.
Elle diront en réalité leur vérité, ce qu'elles ont retenu
de la scène, ce qui les a marquées, parfois cela pourra être déformé par leur manière de voir les choses en fonction.
»
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