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Vouloir est-ce plus fort que désirer ?

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« Notre sujet nous interroge sur le rapport entre volonté et désir du point de vue de leur force.

Or, que devons-nous entendre par-là ? S'agit-il d'une intensité accrue, au sens où vouloir quelque chose reviendrait à le désirer plus ? Mais que peut alors signifier ce « plus » ? Nous verrons qu'il peut se comprendre grâce à la constance, la fermeté ou la résolution de la volonté, par rapport à l'aspect aléatoire du désir.

Toutefois, le désir ne possède-t-il pas une puissance de « décharge », qui en fait une force comparable à la volonté ? Ainsi, si la volonté tente d'arraisonner le désir, ne fait-elle pas alors l'aveu d'une force propre au désir ? Enfin, nous nous interrogerons sur la pertinence d'une opposition entre volonté et désir : en effet, si la volonté semble renvoyer à la possibilité de vouloir ou de ne pas vouloir, peut-on penser à l'inverse qu'elle ne puisse pas faire taire le désir, en considérant le fait que vouloir ne pas vouloir, c'est désirer quelque chose ? I – La hiérarchie du vouloir et les parties de l'âme Il est possible, si on le souhaite, d'établir une hiérarchie au sein de l'acte même qui consiste à se porter vers un objet.

Si Y (un sujet) convoite X (un objet), il est possible de marquer la gradation, du plus faible au plus fort, en disant que : « Y souhaite avoir X », « Y a envie de X », « Y désire X », « Y veut X ».

En ce sens, le « je veux » serait le point culminant, la manière la plus intense de se porter vers à un objet ; de ce point de vue-là, le « oui, je le veux » que prononce les mariés (en réponse à la question : « voulez-vous prendre un(e) tel(le) pour époux(se) ? ») serait l'exemple par excellence de la résolution ferme et assurée. En écho à cette hiérarchie, on peut se référer à l'analyse que donne Platon des parties de l'âme.

Pour celuici, l'âme se compose de trois parties : la première, qui correspond à la région du bas-ventre est appelée epithumia ; elle renvoie à la concupiscence, à l'appétit, c'est-à-dire au fait de désirer quelque chose.

La seconde qui se localise près du cœur est appelée thymos et évoque le courage.

La troisième est la partie rationnelle et elle passe par le calcul raisonné. Ainsi, nous pourrions dire que vouloir est plus fort que désirer au sens où le désir renvoie à la partie concupiscente de l'âme, qui dépend des choses sensibles.

Le désir serait ce qui varie selon les excitations extérieures, ce qui se porte d'un objet à l'autre au gré des sollicitations ; en cela, il serait faible, car dépendant d'autre chose que de lui-même et inconstant.

À l'inverse, la partie intellective et rationnelle de l'âme voudrait au sens propre, c'est-à-dire déciderait d'elle-même, de manière ferme et constante.

Cette distinction entre les mobiles est suggérée par Kant : le désir suit le plaisir matériel, quand la volonté est respect de la loi universelle et rationnelle. Quoi qu'il en soit, le vouloir apparaît ici comme plus fort, c'est-à-dire plus assuré, plus ferme, plus constant. Alors que le désir est sourdement ressenti dans tout le corps, notamment sous la forme de la pulsion sexuelle, la volonté se manifeste clairement dans un « je veux ». II – Les forces en présence Le rapport que nous venons de mettre à jour entre volonté et désir s'apparente à la thèse cartésienne.

En effet, pour Descartes, la volonté est une des modalités de la pensée et elle consiste à juger du vrai à partir des idées de l'entendement ; le désir, au contraire, est une passion, c'est-à-dire l'effet dans l'âme de mouvements physiques.

De ce point de vue-là, vouloir est plus fort parce qu'il s'agit d'un acte autonome, libre et raisonnable. Cependant, cette force est-elle signe d'une plus grande intensité ? Pour résumer notre problème, disons que si le désir comme passion ne se manifestait pas avec une certaine force, il n'éveillerait pas la vigilance d'une volonté d'essence rationnelle.

En d'autres termes, c'est la force pulsionnelle du désir qui oblige la volonté à se montrer forte, c'est-à-dire ferme et résolue.

Quand je dis « je veux », c'est un « je veux » qui tente de faire taire en moi les passions qui s'expriment.

En somme, dans cette perspective où la volonté s'oppose au désir, il s'agit de deux forces qui se combattent : la raison contre les passions, l'esprit contre le corps, l'entendement contre la sensibilité, la volonté contre le désir.. »

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