Voir le meilleur, est-ce nécessairement le suivre ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
MEILLEUR (adj., n.
et adv.) 1.
— Supérieur, préférable, digne d'être choisi : pour LEIBNIZ, le meilleur repose sur
une sorte de principe d'économie dans l'appropriation des moyens à la fin ; il correspond au maximum d'effets avec
le minimum de dépenses ; dans le domaine moral le meilleur est le minimum de mal pour le maximum de bien.
2.
—
Meilleur des mondes possibles : pour LEIBNIZ, Dieu ne crée pas les essences qui tendent toutes avec un droit égal à
l'existence ; les existences ne sont pas toutes compossibles ; toute combinaison de compossibles est un monde
possible ; le meilleur des mondes est celui « par lequel se réalise la plus grande production de possibles ».
3.
—
Principe du meilleur : pour LEIBNIZ, principe selon lequel Dieu choisit toujours le meilleur, bien qu'il soit totalement
libre (c'est une cause inclinante et non nécessitante).
NÉCESSAIRE:
Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être, ou être autrement.
S'oppose à contingent.
Sur le plan logique, est nécessaire ce qui est universellement vrai, sans remise en cause possible.
Problématique:
On peut avoir conscience des exigences du devoir, sans être capable de l'accomplir.
L'obéissance aux exigences de
la raison est difficile sans le soutien du désir.
Dans certaines situations extrêmes, la raison peut exiger jusqu'au
sacrifice de notre vie.
Introduction
La mythologie grecque nous raconte qu'Hercule, ayant à choisir s'il utiliserait ses dons au service du bien ou au
service du mal, rencontra deux femmes, l'une symbolisant la Vertu, l'autre le Plaisir.
Hercule à la croisée des
chemins, devant choisir son destin, illustre le problème qui nous est soumis : suffit-il de voir et de reconnaître ce qui
est meilleur pour le suivre ? Le choix découle-t-il nécessairement de la compréhension que nous avons - mais alors y
a-t-il encore vraiment choix ? - ou bien suppose-t-il en outre une libre décision ? Notre appréciation de la situation
détermine-t-elle notre volonté ? Choisir le pire tout en voyant le meilleur, est-ce faire preuve de sa liberté, ou au
contraire de sa faiblesse de caractère, de son incapacité à s'imposer à soi-même des choix réfléchis ?
I) Si la volonté vise toujours le meilleur, le mal n'est qu'une erreur.
A) L'homme ne fait jamais le mal que par ignorance du bien.
(Platon)
1) L'homme ne peut désirer une chose qu'en la croyant bonne.
2) Lorsque l'homme désire malgré tout le mal, c'est parce qu'il se méprend sur ce mal, le confondant avec un bien,
parce qu'il ignore le bien véritable.
3) L'homme qui fait le mal n'est alors qu'un égaré, un homme séduit par les apparences, et non un homme
foncièrement mauvais qui choisirait le mal délibérément.
• « Nul n'est méchant volontairement.
» (Platon)
C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul
n'est méchant volontairement ».
Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée
aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est
coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».
L'injustice est un vice, une
maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être
malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la
subit.
L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon
au livre 2 de la « République ».
Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et
pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.
Il vaut donc
mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.
Cependant, comme subir l'injustice
cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord
pour faire des lois en vue de leur commune conservation.
Nous ne sommes donc justes,
en vérité, que par peur du châtiment.
Si nous pouvions être injustes en toute impunité,
comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous
ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.
Bref,
nous serions injustes pour satisfaire nos désirs.
Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice,
l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice.
Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».
C'est par
une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.
Parce que nous confondons le bien
apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.
Nous
croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce.
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