Vivre selon ses principes: est-ce une obligation morale ou une recherche du bonheur ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Se donner à soi-même des règles à suivre peut être vécu comme une contrainte.
Notre action est orientée
et ne peut donc alors répondre à l'expression « faire ce que l'on veut ».
La présence de contraintes peut
être vécue comme un obstacle à notre bonheur, en ce sens que celui-ci supposerait la satisfaction de nos
envies, de nos désirs et de nos passions.
A première vue donc il semble bien y avoir contradiction entre la
poursuite du bonheur et le respect de préceptes.
Pourtant cette contradiction ne vaut que pour un sens
restrictif du bonheur qui l'assimile à la simple jouissance éphémère.
L'adage « vivre selon les principes » peut
bien être compris comme « obligation morale », précepte, ordre, maxime, mais il n'exclut pas sa participation
au bonheur.
En effet la recherche du bonheur est semée d'embûches et pourrait être rapprochée du chemin
de croix ; le bonheur n'est pas un dû mais nécessite un effort de la part de l'individu à sa poursuite, il doit
être mérité.
Le problème posé par ce sujet suppose que l'on s'interroge sur les rapports entre le devoir et le
bonheur, il s'agit de déterminer s'ils participent tout deux au respect des règles ou bien si au contraire ils
s'excluent l'un l'autre.
Il faudra donc procéder en trois étapes, chacune examinant une hypothèse.
La
première souligne la contradiction qu'il y aurait à faire de la recherche du bonheur un synonyme de l'adage
« vivre selon ses principes ».
La deuxième souligne la proximité qu'il peut y avoir entre le bonheur et le devoir
et cela au sein même de cet adage.
Enfin la troisième tend à préciser la nature des rapports entre l'obligation
morale et la recherche du bonheur.
PLAN DETAILLE
Première partie : La poursuite du bonheur vise l'absence de contraintes.
1.1 Etre heureux en satisfaisant ses passions.
« CALLICLES - Comment l'homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un.
Mais voici ce qui est
beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c'est que, pour bien vivre, il faut laisser
prendre à ses passions tout l'accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute
leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses
désirs à mesure qu'ils éclosent.
» PLATON, Gorgias, 492a.
L'objection de Calliclès à Socrate a pour but de souligner la contradiction qu'il y aurait à vivre selon des
principes dans la mesure où cela nuirait à notre bonheur.
En effet les principes sont compris comme étant
des contraintes, ils sont donc envisagés de manière négative.
Le respect des préceptes ne peut alors
coïncider avec la poursuite du bonheur.
La théorie la plus classique qui définit la liberté comme absence de contraintes et libre jeu des passions est
celle de Calliclès, sophiste du ive siècle av.
J.C., adversaire acharné de Socrate.
Définissant l'impossibilité du
bonheur dans l'état de servitude et d'esclavage à l'égard d'un autre ou des autres, il préconise la culture des
passions et des désirs que l'on doit multiplier et accroître en nombre et en intensité pour les satisfaire
lorsqu'ils atteignent leur plus haut degré.
Si la répression et la maîtrise de ses instincts, volontés, désirs,
pulsions de vie engendrent tristesse et douleur, l'épanouissement et le plein éclat des forces de vie, ainsi que
de notre puissance, nous réalisent dans le plaisir et la volupté.
Cette culture de la force vitale est un art
véritable, réservé à peu de gens.
L'opprobre général auquel un tel mode de vie donne lieu l'atteste largement.
Les disciples d'Epicure n'ont-ils pas été par la suite traités de pourceaux ? Notre lâcheté et notre faiblesse
nous font préférer la tempérance, la mesure et la justice.
Pour quelques caractères d'exception qui en ont le
courage et la force, la liberté consiste à vivre dans le luxe, l'incontinence et les passions démesurées.
1.2 L'opinion de Thrasymaque : le devoir est pénible.
Au début du livre II de la République il est fait référence à l'opinion commune concernant la justice.
Or pour
Thrasymaque et la plupart des hommes, la justice, comme expression de l'obligation morale, est conçue comme
étant pénible.
Elle peut certes procurer richesse et honneur mais elle n'est pas par elle-même un élément du
bonheur.
En ce sens le fait de « vivre selon ses principes » peut être rapproché d'un moyen permettant
l'obtention du bonheur mais il semble qu'il faille bien faire la différence entre le respect des maximes que l'on se
prescrit et la recherche du bonheur.
En effet ce respect est une condition pour ensuite se lancer à la
poursuite du bonheur.
Si la recherche du bonheur est comprise comme occasion de certaines satisfactions ou
plaisirs dans ce cas elle ne doit pas être identifiée au respect des règles qui sont plus à l'origine de contraintes
que de satisfactions.
1.3 L'obligation morale tend à réduire nos chances de bonheur..
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