Vivre l'instant présent est-ce une règle de vie satisfaisante ?
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Problématique:
Le présent n'est-il pas pour l'homme le seul temps qui soit réel ? Le bonheur ne se conjugue-t-il pas seulement au
présent ? Epicure en était convaincu et recommandait de "vivre l'instant présent".
Cette règle de vie est-elle
satisfaite ?
Première partie: le carpe diem des hédonistes.
Estimant que l'homme fait souvent son propre malheur en errant dans la représentation nostalgique du passé ou
inquiète de l'avenir, les hédonistes proposent que l'art de vivre soit centré sur le présent, ce temps du plaisir et de
l'immédiateté.
Le carpe diem nous invite à vivre pleinement le présent en le distinguant du passé qui n'est plus: les regrets sont
vains car nous n'avons plus de prise sur lui.
vivre pleinement consiste donc à s'ancrer dans ce qui est vraiment réel.
(cf.
analyses ci-dessous).
Et pourtant les épicuriens signalent que lorsque le présent est pénible, le souvenir
d'instants heureux peut apporter un soulagement.
La même attitude vaut pour l'avenir: en nous épuisant en considérations sur ce qui n'est pas encore nous oublions
souvent de profiter de ce qui est et nous laissons passer les occasions réelles de bonheur, nous lâchons la proie
pour son ombre.
(Cf.
l'analyse ci-dessous par rapport aux angoisses religieuses)
L'épicurisme et le bonheur.
Épicure pense que le but de la vie humaine est d'obtenir le bonheur.
Le moyen
de parvenir au bonheur est le plaisir né de la satisfaction des désirs.
Il faut
rechercher le plaisir, car c'est son accumulation qui constitue le bonheur.
Cette doctrine s'appelle l'hédonisme (du grec « hêdonê », le plaisir).
Il faut
donc se mettre en état de goûter du plaisir dans la vie, de profiter des bons
moments, et même de chaque jour, de chaque instant, ce que dit la maxime
latine qui reflète l'enseignement d'Epicure : « Carpe diem », « Cueille le jour ».
Pour cela il faut éliminer les soucis et les angoisses.
Le matérialisme contre les angoisses religieuses.
Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure,
l'inquiétude religieuse et la superstition.
Bien des hommes vivent dans la
crainte des dieux.
Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas
aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers
leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les
écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.
Ils
pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur
adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se
concilier leurs bonnes grâces.
Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour
un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.
Toutes ces
croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure.
Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance
métaphysique, cad une science de la totalité du monde.
Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est
la matière, que tout ce qui existe est matériel.
Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous
les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de
mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.
Par
exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance
divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à
votre devenir.
C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications
possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du
phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.
C'est en effet cela seul qui importe
à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.
La mort n'est rien pour nous.
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la
crainte de la mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dans
l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne
leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imagineront que
quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort a
partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dans
l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,
lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui.
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