Vivons-nous dans le meilleur ou dans le pire des mondes possibles ?
Extrait du document
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AIDE FOURNIE PAR L'ELEVE: La question vous demande de vous interroger sur la valeur que l'on peut
accorder au monde dans lequel nous vivons.
Spontanément, nous pouvons penser que le monde qui est le
nôtre pourrait aisément être meilleur.
En effet, aussi bien le spectacle de l'histoire que celui du présent nous
offrent la vision de guerres, de luttes de conflits, d'inégalités et d'injustices qui pourraient disparaître ou qui le
devraient.
Il semble difficile de porter un jugement positif sur un mode dans lequel des gens souffrent, ne
parviennent pas à se nourrir, son tués lors de conflits… On peut aisément faire le tableau des atrocités dans le
monde qui rendent difficile de dire que notre monde est bon.
Toutefois, on ne vous demande pas de dire si
notre monde est bon ou non, mais de dire s'il est le meilleur possible.
En effet, il y a une différence entre ces
deux jugements.
Dire qu'il est le meilleur possible consiste à relever qu'étant données les conditions, les
passions des hommes, les conflits d'intérêts, la vie en commun, etc.… notre monde est le meilleur possible en
considérant qu'il pourrait être bien pire.
Ici, vous pouvez bien sûr penser à Leibniz lorsqu'il montre que nous
vivons dans le meilleur des mondes possibles.
Pour Leibniz, la nature est l'œuvre raisonnée de la création
divine.
Dieu a fait le monde en le calculant : en calculant mathématiquement les moyens d'obtenir, de façon la
plus élégante et la plus économique possible, un monde qui - aussi imparfait soit-il, puisque le monde n'est pas
Dieu lui-même - possède le maximum de perfection possible.
Dieu suit deux principes pour créer le monde : non
seulement un principe logique de non contradiction (A ne peut être non A) ou principe d'identité (A est A),
mais encore un principe de raison suffisante : eu égard à la beauté et la bonté du monde voulue par dieu, il
convient pour A d'être ce qu'il est et d'avoir l'ensemble des attributs qu'il possède.
Dès lors, il s'agirait de se
demander au nom de quoi une telle affirmation est possible.
En effet, cela ne repose-t-il pas sur l'idée d'un
Dieu infini et parfait ? Penser que notre monde est le meilleur possible c'est peut être alors considérer que nous
pouvons penser également les divers possibles et en déduire qu'il n'y en n'a pas de meilleur.
Montrez alors
comment cela suppose une certaine idée de la perfection.
Dès lors, quelle place reste-t-il pour la liberté si on
considère que l'on vit dans le meilleur monde possible.
Vous pouvez ici penser à la formule de Marx commentée
plus bas lorsqu'il dit que les philosophes n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter le monde et qu'il s'agit désormais de le
transformer.
C'est bien alors à partir d'une critique du monde tel qu'il est qu'une telle pensée est possible et
qu'elle considère alors que le monde devrait être meilleur.
En d'autres termes, l'affirmation selon laquelle nous
vivons dans le meilleur monde possible ne consiste-t-elle pas finalement en une acceptation passive des faits,
en une forme de résignation ?
[Si, comme Dieu, nous pouvions connaître le monde parfaitement - dans tous ses détails présents et
futurs -, nous verrions qu'il est organisé de telle sorte que le mal n'y joue pas le rôle que nous lui
attribuons.]
Le meilleur des mondes possibles ou l'optimisme de Leibniz
Entre une infinité de mondes possibles, il y a le meilleur de tous, autrement Dieu ne se serait pas
déterminé à en créer aucun.
Il nous est impossible, en quelques lignes, de rendre compte de cette pensée extrêmement subtile dont
Leibniz est l'inventeur et à vrai dire le seul représentant.
A tout le moins essayons de présenter pourquoi
Leibniz peut dire que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, ce qui n'est pas évident pour
Voltaire (voir Zadig) ni pour beaucoup de ceux pour qui le monde comme il va ne va pas bien, et qui en
plus, ne voient pas pourquoi un autre monde, meilleur, n'aurait pas été possible, surtout que pour Leibniz
la volonté de Dieu n'intervient que pour faire coexister les possibles, non pour les créer en tant que tels.
Car tous les possibles prétendant à l'existence dans l'entendement de Dieu, à proportion de leurs
perfections, le résultat de toutes ces prétentions doit être le monde actuel le plus parfait qu'il soit
possible.
Et sans cela il ne serait point possible de rendre raison pourquoi les choses sont allées ainsi
plutôt qu'autrement.
Autrement dit, compte tenu de la compatibilité entre les possibles (c'est-à-dire entre les compossibles :
tout possible compatible avec tous les autres possibles), tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes possibles.
Dans ces conditions, il s'ensuit que non seulement le mal est possible (comme possible
compatible avec tous les autres possibles) mais encore nécessaire puisque sans lui le monde ne serait
pas le meilleur des mondes possibles ! Donc, puisque tout arrive de par la volonté de Dieu, — c'est le
point de vue de Leibniz théologien —, la raison — c'est le point de vue de Leibniz philosophe —, ne peut
qu'intégrer le mal comme possible nécessaire pour le meilleur des mondes possibles !.
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