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VIOLENCE ET POLITIQUE ?

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?

« - La question se pose de l'usage légal et légitime de la violence.

Il est, en effet, des cas où la violence semble se justifier (légitime violence ou résistance à l'oppression).

D'une manière générale, l'Etat revendique un emploi légal et légitime de la violence qui se transforme alors en puissance souveraine, c'est-à-dire en force.

S'il peut y avoir un droit à la violence, l'Etat n'en est-il pas le dépositaire ? Lire, pour approfondissement, le cours sur le droit et la justice (chapitres consacrés au rapport du droit et de la violence et à la question du droit de révolte). 1) La violence à l'origine du pouvoir politique - Selon Rousseau, la violence est fondatrice de l'ordre politique.

C'est par l'acte d'appropriation, en effet, que tout commença (« Le premier qui, ayant enclos un terrain… »).

Cet acte d'appropriation entraîne l'institutionnalisation de l'injustice, la confiscation des richesses par une minorité, la confirmation de leur puissance par l'Etat et par ses lois.

Cette violence paraît légitime puisqu'elle entraîne un consentement - condition de tout pacte social, de tout droit authentique (la légitimité comme reconnaissance du pouvoir par le peuple).

Mais cet acte est, en réalité, foncièrement illégitime, puisqu'il repose sur une duperie.

Il s'agit d'un faux contrat social (exemple de la prétendue soumission volontaire d'un peuple à un maître selon Grotius ou du soi-disant acte de vente qui présiderait à l'esclavage selon Pufendorf).

Tout droit résultant de la tromperie peut bien être légal, il n'est pas légitime, c'est-àdire moralement acceptable. - Dans le Léviathan, Hobbes distingue l'ordre de la nature et celui de la société politique .

C'est le premier qui incarne la violence et la barbarie : homo homini lupus (l'homme est un loup pour l'homme).

Le pouvoir politique et l'Etat représentent des instruments destinés à mettre fin à cette violence naturelle.

L'Etat naît, selon Hobbes, de la violence, de la nécessité de maîtriser la barbarie première.

En retour, l'Etat exerce une souveraineté absolue, un pouvoir illimité. - Pour Marx et Engels également, dès l'origine l'Etat est fondamentalement violent, car il impose le diktat de la classe dominante aux classes dominées; il assure les conditions de l'exploitation économique de la force de travail, mais dissimule cet état de fait en se faisant passer pour le garant de l'ordre et de l'universel. - Selon Engels, la violence est historiquement liée à l'exploitation de la force de travail de l'esclave rendue nécessaire par la division du travail.

La première division du travail a consisté dans le passage du communisme primitif (chasse-pêche) au mode de production des tribus de pasteurs (élevage).

L'accroissement de la production (élevage, agriculture, métiers domestiques) a rendu indispensable l'acquisition de nouvelles forces productives.

La guerre fut la violence primitive qui fournit une main d'oeuvre servile à la société désormais divisée en deux classes (maîtres-esclaves).

L'Etat sera alors l'organisme chargé d'assurer le bon fonctionnement du mode de production par la domination politique.

L'Etat invoque la nécessité et la légitimité du recours à la force publique au nom de la sûreté nationale (prévention, répression, protection privée…), alors que celle-ci repose sur la violence (aliénation, soumission, exploitation). - A l'origine du politique, la violence est aussi dans la fin et les moyens du politique. 2) La violence dans la fin et les moyens de l'Etat - L'Etat est-il institué pour résoudre la violence, prévenir ou réprimer tout état de guerre intérieure ou extérieure ? L'Etat est , selon Max Weber, l'organisation qui revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence légitime”. - Selon Rousseau, l'Etat fondé sur l'emploi illégitime de la force, c'est-à-dire de la violence, est menacé d'insurrection : la force n'existe que dans un rapport de forces qui peut toujours s'inverser parce qu'il est miné de l'intérieur.

« Tant qu'un peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut secouer le joug et qu'il le secoue, il fait encore mieux : car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre ou bien on ne l'était point à la lui ôter » (Du contrat social, livre I, chap.I). - Absurdité du droit du plus fort, la force ne fait pas droit. 1. – « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir… » La force a par nature un caractère instable : le plus fort exerce sa domination aussi longtemps qu'il ne rencontre pas un plus fort que lui; elle a donc besoin de l'artifice du droit pour dépasser cette caducité (faire croire que la soumission n'a pas pour motif la seule force physique mais la référence à un principe de légitimité). 2. - Il y a contradiction entre les termes “force” et “droit” : la force produit ses effets avec nécessité; céder à la force est un fait inévitable et prévisible, qui est contenu dans la force comme l'effet dans la cause.

D'un fait on. »

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