Vie et philosophie de CICÉRON.
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Cicéron naquit à Arpinum, l'an 106 avant Jésus-Christ. Sa famille était obscure, quoique riche et appartenant à l'ordre équestre. Venu à Rome, vers l'âge de dix ans, il y fut élevé par l'orateur Crassus et par le poète Archias. Les deux Scévola, qui étaient les plus fameux jurisconsultes de l'époque, le dirigèrent dans l'étude du droit, et les grands orateurs de ce temps, Antoine, Cotta, Hortensius, le formèrent à l'éloquence. Après avoir servi comme volontaire dans la guerre sociale, il débuta brillamment au barreau, à l'âge de vingt-six ans, par la courageuse défense de Roscius d'Amérie, accusé de parricide par Chrysogomus, le redoutable affranchi de Sylla. Personne n'avait voulu se charger de celte cause, par crainte du dictateur; Cicéron la gagna. Mais dans l'intérêt de sa sécurité, il partit aussitôt après pour Athènes, Là, il se lia d'amitié avec Atticus et suivit les leçons des philosophes et des rhéteurs. De retour à Rome (78 av. J.-C), il prit part aux fonctions publiques. Il fut nommé questeur et préposé à l'administration de la Sicile. Les Siciliens le chargèrent d'obtenir justice des exactions du préteur Verres qu'il fit condamner; les magnifiques plaidoyers qu'il prononça dans cette occasion consacrèrent sa réputation. Six ans plus tard, il obtint l'édilité, puis la préture urbaine, et enfin le consulat (63 av. J.-C). Le consulat de Cicéron fut l'époque la plus brillante de sa vie politique. C'est alors qu'il déjoua la conjuration de Catilina et mérita le nom glorieux de Père de la patrie. Les fureurs du tribun Clodius, son ennemi, le forcèrent à s'exiler en Macédoine; ses maisons furent pillées et ses biens confisqués. Après dix-sept mois d'exil, Cicéron fut rappelé par les vœux de toute l'Italie, et sa rentrée à Rome fut un véritable triomphe. On lui confia ensuite le gouvernement de la Cilicie, et les succès qu'il remporta en personne, dans quelques expéditions militaires contre les Parthes, lui firent décerner par ses soldats le titre d'Imperator. Quand Cicéron revint de sa province, la guerre civile avait éclaté entre César et Pompée. Après bien des hésitations, il se déclara pour Pompée qu'il alla rejoindre en Epire. La défaite de Pharsale ruina ses espérances et l'éloigna des affaires publiques. Il profita de cette retraite pour composer la plupart de ses ouvrages philosophiques. Sa campagne de Tusculum, où il s'était retiré, devint une sorte d'académie. Le grand homme justifiait ainsi les paroles que lui prêle Plutarque : « Je suis philosophe avant tout; l'éloquence n'a jamais été pour moi qu'un moyen, qu'un instrument, et la philosophie le but de toutes mes actions. » Cependant le meurtre de César vint lui rouvrir la carrière politique. Il se déclara en faveur d'Octave, neveu du dictateur, et prononça contre Antoine ses véhémentes Philippiques. Aussi, celui-ci, devenu triumvir avec Octave et Lépidus, s'empressa-t-il de demander à ses collègues la tête du grand orateur, qu'Octave eut la lâcheté de lui abandonner. Cicéron chercha d'abord à fuir devant les assassins qu'on avait mis à sa poursuite, mais ceux-ci l'atteignirent à Gaëte, le tuèrent et rapportèrent à Rome sa tête et sa main droite, qu'Antoine fit suspendre, comme des trophées, à la tribune aux harangues. Cicéron était âgé de soixante-quatre ans.
«
I.
— VIE DE CICERON
Cicéron naquit à Arpinum, l'an 106 avant Jésus-Christ.
Sa famille était obscure, quoique riche et appartenant à
l'ordre équestre.
Venu à Rome, vers l'âge de dix ans, il y fut élevé par l'orateur Crassus et par le poète Archias.
Les
deux Scévola, qui étaient les plus fameux jurisconsultes de l'époque, le dirigèrent dans l'étude du droit, et les grands
orateurs de ce temps, Antoine, Cotta, Hortensius, le formèrent à l'éloquence.
Après avoir servi comme volontaire dans la guerre sociale, il débuta brillamment au barreau, à l'âge de vingt-six ans,
par la courageuse défense de Roscius d'Amérie, accusé de parricide par Chrysogomus, le redoutable affranchi de
Sylla.
Personne n'avait voulu se charger de celte cause, par crainte du dictateur; Cicéron la gagna.
Mais dans
l'intérêt de sa sécurité, il partit aussitôt après pour Athènes, Là, il se lia d'amitié avec Atticus et suivit les leçons
des philosophes et des rhéteurs.
De retour à Rome (78 av.
J.-C), il prit part aux fonctions publiques.
Il fut nommé questeur et préposé à
l'administration de la Sicile.
Les Siciliens le chargèrent d'obtenir justice des exactions du préteur Verres qu'il fit
condamner; les magnifiques plaidoyers qu'il prononça dans cette occasion consacrèrent sa réputation.
Six ans plus
tard, il obtint l'édilité, puis la préture urbaine, et enfin le consulat (63 av.
J.-C).
Le consulat de Cicéron fut l'époque
la plus brillante de sa vie politique.
C'est alors qu'il déjoua la conjuration de Catilina et mérita le nom glorieux de Père
de la patrie.
Les fureurs du tribun Clodius, son ennemi, le forcèrent à s'exiler en Macédoine; ses maisons furent pillées et ses
biens confisqués.
Après dix-sept mois d'exil, Cicéron fut rappelé par les vœux de toute l'Italie, et sa rentrée à Rome
fut un véritable triomphe.
On lui confia ensuite le gouvernement de la Cilicie, et les succès qu'il remporta en
personne, dans quelques expéditions militaires contre les Parthes, lui firent décerner par ses soldats le titre
d'Imperator.
Quand Cicéron revint de sa province, la guerre civile avait éclaté entre César et Pompée.
Après bien des
hésitations, il se déclara pour Pompée qu'il alla rejoindre en Epire.
La défaite de Pharsale ruina ses espérances et
l'éloigna des affaires publiques.
Il profita de cette retraite pour composer la plupart de ses ouvrages philosophiques.
Sa campagne de Tusculum, où il s'était retiré, devint une sorte d'académie.
Le grand homme justifiait ainsi les
paroles que lui prêle Plutarque : « Je suis philosophe avant tout; l'éloquence n'a jamais été pour moi qu'un moyen,
qu'un instrument, et la philosophie le but de toutes mes actions.
»
Cependant le meurtre de César vint lui rouvrir la carrière politique.
Il se déclara en faveur d'Octave, neveu du
dictateur, et prononça contre Antoine ses véhémentes Philippiques.
Aussi, celui-ci, devenu triumvir avec Octave et
Lépidus, s'empressa-t-il de demander à ses collègues la tête du grand orateur, qu'Octave eut la lâcheté de lui
abandonner.
Cicéron chercha d'abord à fuir devant les assassins qu'on avait mis à sa poursuite, mais ceux-ci
l'atteignirent à Gaëte, le tuèrent et rapportèrent à Rome sa tête et sa main droite, qu'Antoine fit suspendre, comme
des trophées, à la tribune aux harangues.
Cicéron était âgé de soixante-quatre ans.
II.
— PHILOSOPHIE DE CICERON
Cicéron définit la philosophie, la science des choses divines et humaines et des principes sur lesquels elles reposent
: Rerum divinarum et humanarum causarumque quibus hae res continentur scientia.
En maints endroits de ses écrits,
il fait l'éloge de cette science.
« O philosophie, seule capable de nous guider à travers la vie! ô toi qui enseignes la
vertu et qui bannis le vice, que serions-nous sans toi, nous et tous les hommes ? » C'est à la philosophie qu'il
attribue ses plus beaux succès; il avait plus appris, disait-il, dans les promenades de l'Académie que dans les
officines des rhéteurs.
Cet amour de la philosophie, puisé dans l'étude des philosophes grecs, ne l'abandonna pas un
seul instant : la philosophie seule put le consoler de l'inaction à laquelle les événements politiques l'avaient
condamné.
Mais, en même temps qu'il faisait ses délices de cette science, il regrettait qu'elle fût le partage exclusif des Grecs;
il eût voulu voir Rome joindre à tous ses titres de gloire celui d'amie de la philosophie.
Pour faire goûter à ses
concitoyens cette science qui lui avait procuré tant de pures jouissances, il entreprit de la leur faire connaître.
Pour
cela, il voulut faire passer en celle langue latine, qu'il maniait si habilement, tout ce que les philosophes grecs
avaient dit de plus beau.
C'est à ce point de vue qu'il faut se placer pour bien juger les enseignements
philosophiques de Cicéron.
Chercher en lui un système suivi, des aperçus originaux, des questions inconnues de ses
devanciers, serait faire fausse route.
Cicéron est plutôt un écrivain philosophique qu'un philosophe.
Son principal mérite est d'avoir interprété éloquemment la philosophie des Grecs, et d'avoir ainsi procuré aux
historiens de la philosophie des documents et des renseignements d'autant plus précieux que beaucoup des
ouvrages qu'il cite ou qu'il étudie ne nous sont pas parvenus.
A Rome, il avait étudié la philosophie sous l'académicien Philon; il avait pu connaître en même temps l'épicurien
Phèdre, qu'il retrouva plus tard en Grèce.
Lorsque, après ses premiers succès au barreau, il se rendit à Athènes, il y
suivit les leçons de l'académicien Antiochus, qui s'efforçait de concilier avec les doctrines de son maître celles des
stoïciens et des péripatéticiens.
C'est à Athènes également qu'il entra en relation avec l'épicurien Zénon.
A Rhodes,
où il vint ensuite, Cicéron reçut les leçons de Posidonius, disciple de Panaetius.
Les enseignements de Posidonius,
joints à ceux de Diodote, qui fut longtemps son hôte et son ami, l'initièrent à la philosophie stoïcienne.
Toutes ces influences diverses firent de la doctrine de Cicéron une sorte d'éclectisme, où dominent successivement
les théories de la nouvelle Académie et celles du Portique, tempérées parfois les unes et les autres par les
enseignements péripatéticiens.
« J'appartiens à une école où l'on vit au jour le jour, dit-il lui-même; tout ce qui nous
a paru probable nous le disons, et c'est pour cela que nous sommes les seuls libres.
» Aussi a-t-on pu dire de lui
avec assez de vérité : « Il a touché à jeu près à toutes les questions de la philosophie; presque toujours il s'est
prononcé pour les grandes idées, mais toujours il est resté superficiel, et jamais il ne s'est élevé au-dessus d'un
demi-scepticisme.
» La doctrine d'Epicure est la seule qui ne trouve pas grâce devant lui; il ne manque pas une.
»
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