Vie et oeuvre de Martin HEIDEGGER
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«
Né en Bade en 1889, élève de Husserl, Martin Heidegger fut professeur à Fribourg à partir de 1916, puis à Marbourg
en 1923 ; son ouvrage principal « L'Être et le Temps » (« Sein und Zeit ») date de 1927, puis il publie en 1928 «
Kant und das Problem der Metaphysik », en 1930 « Was ist Metaphysik ? » En 1933 il est recteur de l'Université de
Fribourg et reste en fonctions sous Hitler.
Il se consacre depuis sa retraite à des travaux historiques.
Heidegger ne veut pas être considéré comme un existentialiste.
Mon but, dit-il, est le problème de l'« être » et non
pas celui de l'existence.
En fait l'être sur lequel il fait porter son analyse est « l'être de l'existant humain » (Dasein)
et sa méthode est la phénoménologie, ou, comme il dit, l'analyse existentielle.
« L'être des phénomènes n'apparaît
pas ordinairement à première vue.
Quoiqu'appartenant à ce qui se manifeste de façon si étroite et si capitale qu'il en
constitue le sens et le fondement, l'être demeure caché au premier regard.
L'être de l'existant qui se manifeste n'est
pas lui-même immédiatement manifeste.
C'est précisément à découvrir l'être de l'existant que Heidegger se consacre
» (A.
de Waehlens.
La philosophie de Martin Heidegger.
1948).
Le Dasein de la réalité humaine est fondamentalement un pouvoir-être, son être n'est absolument pas une «
essence » immuable et stable, elle est une possibilité, un mouvement, une existence au sens fort de ex-istence,
c'est-à-dire capacité de se dépasser et de transcender l'être actuel.
Le mode authentique d'exister, pour la réalité
humaine, est d'assumer dans la liberté cette possibilité de dépassement ; l'autre mode (inauthentique) est
asservissement ou perte de la liberté essentielle d'exister, c'est le « on » anonyme, impersonnel, inhumain.
Le
mouvement de « pouvoir-être » du Dasein crée un réseau de relations par lequel un « monde » se dispose autour de
lui.
Le Dasein est dans le monde parce qu'il projette nécessairement ses possibilités au-devant de lui-même, sur le
fond obscur et sans signification des réalités brutes.
C'est nous qui donnons un sens à notre monde.
Par là l'homme
est en tant qu'il est-au-monde, mais il est aussi l'être de tout existant brut.
C'est par une illusion que nous croyons
que les choses qui nous environnent sont indépendantes de nous ; il n'y a pas davantage de « monde » sans sujet
que de sujet sans monde, parce que le Dasein (être de l'existant humain) est-projetant-un-monde.
Autrement dit le
Dasein et le Monde sont les deux faces d'une même forme d'existence : l'être-dans-le-monde.
Il faut bien comprendre ici qu'il ne s'agit pas du monde de la pensée, ni même de celui de la perception réfléchie,
mais, à un niveau ontologique plus profond, ou infra-conscientiel, du « fait fondamental » (tel que le cherchait par
exemple Maine de Biran) abordé par la phénoménologie (cf.
ci-dessus Husserl).
Le Monde dont il est question, qui
participe d'une manière essentielle à l'être de la Réalité humaine, inclut les autres Dasein, c'est-à-dire Autrui.
Antérieurement à la conscience de sa propre personne, chacun de nous est un être-en-relation-avec-autrui (le
Dasein est un Mitsein), un être-soucieux-d'autrui.
Cet « être-avec » est susceptible lui aussi d'un mode authentique
et d'un mode inauthentique (où nous retrouvons le « on »).
Nous en arrivons alors à cette thèse centrale que, dans l'existence authentique (l'autre mode ne mérite pas, à vrai
dire, le nom d'existence), l'homme est responsable des significations de son monde (de son environnement et de son
histoire) et responsable de son être, qui est continuel projet ; il est une liberté en exercice qui réalise le moi et le
monde.
Mais l'existence même du Dasein comme bondissement perpétuel, comme transcendance vers le monde et vers
autrui, se trouve, comme tout existant brut, hors de toute intelligibilité propre puisque toute intelligibilité est
projetée par l'homme.
Quand le Dasein veut se comprendre lui-même et transcender sa propre situation
fondamentale, il rencontre l'existant brut, absurde et pour-rien.
Il éprouve alors l'angoisse de se sentir dans la
déréliction, dans l'impuissance, promis au néant et à la mort.
La réalité humaine paraît ainsi être, dans la conception de Heidegger, une sorte de mouvement incessant pour sortir
de soi, effort que l'homme doit assumer sans fin ni repos s'il veut exister authentiquement, et qui malgré tout est
voué à l'inutilité» à l'absurde et au néant.
Les écrits heideggeriens de l'après-guerre tendent vers une sorte de
théologisme (non-chrétien) de l'Être..
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