Vérité et validité ?
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«
Vérité matérielle et vérité formelle
On appelle prémisses d'un raisonnement l'«antécédent d'un raisonnement» (J.
Salem, Introduction à la logique
formelle et symbolique, 1987), c'est-à-dire la (les) proposition(s) dont se déduit la conclusion du raisonnement en
question.
Or, il est possible qu'un raisonnement soit vrai, alors que sa conclusion, ainsi que ses prémisses, sont
matériellement fausses.
Voici, par exemple, deux inférences très simples :
Tout triangle est trilatère, donc tout trilatère est triangle.
Tout triangle est quadrilatère, donc quelque quadrilatère est triangle.
«Un instant de réflexion», écrit Robert Blanché à qui nous empruntons cet exemple, «montrera que la première
inférence n'est pas valable bien que les deux propositions y soient vraies, et que la seconde est valable bien que les
deux propositions y soient fausses» (Introduction à la logique contemporaine, 1968).
En d'autres termes : dans la
première inférence, chaque proposition est matériellement vraie, mais l'inférence est formellement fausse ; dans la
seconde, chaque proposition est matériellement fausse, mais l'inférence est formellement vraie (ou valide).
Caractère formel de la vérité dans les sciences hypothético-déductives
Il ne faut donc pas confondre la validité d'un raisonnement avec la vérité des propositions qui le composent.
La
vérité formelle ignore la réalité, elle est seulement l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.
Or seule cette
vérité formelle intéresse les sciences hypothético-déductives que sont la logique et les mathématiques.
«La "vérité
mathématique"», écrivent en ce sens les théoriciens du groupe Bourbaki, «réside uniquement dans la déduction
logique à partir des prémisses posées arbitrairement par les axiomes» (Éléments d'histoire des mathématiques,
1960).
La question de la vérité se pose donc tout différemment dans les sciences hypothético-déductives et dans les
sciences de la nature : dans le cas de ces dernières, en effet, il est surtout question de ce que les scolastiques
médiévaux appelaient l'adæquatio rei et intellectus, la conformité entre la chose étudiée et l'entendement qui
l'étudie.
Une idée ne serait donc pas qualifiée de « vraie » ou « fausse » en elle-même par ses caractéristiques intrinsèques,
mais seulement par sa conformité ou non à la réalité.
Les scolastiques disaient : « La vérité c'est la conformité de
notre pensée aux choses » (« adeaquatio rerum et intellectus »).
L'idée vraie est celle qui est fidèle à la réalité.
De
là résulte la certitude: ce que je pense ne peut pas être pensé autrement.
Si je comprends les lois de la
perspective, je ne croirai plus en la réalité de ce que je vois: la lune, qui me semble avoir la taille d'un ballon, le
bâton plongé dans l'eau, qui m'apparaît courbe..
»
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