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Vaut-il mieux etre perdu dans sa passion ou avoir perdu sa passion ?

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« Le mot « passion » vient du latin pati qui signifie « souffrir ».

L'origine de terme est donc péjorative, mauvaise.

Elle renvoie en effet en premier lieu à tous les phénomènes passifs de l'âme.

La passion semble donc être subie plutôt qu'agie ou réfléchie.

Les premiers philosophes ont par suite tous, mis en garde contre les dangers de la passion qui enlève toute puissance à la raison.

Le sujet nous demande s'il est préférable, pratiquement mais aussi moralement, de vivre sa passion au point de ne plus être ouvert à autre chose ou de ne plus avoir de passion.

Le terme « perdu » renvoie à une absence totale de la raison et semble s'accorder avec la critique de la passion qui ne permet plus au sujet d'être raisonnable et de réfléchir.

La passion altère donc la partie la plus noble de l'homme. Pourtant, l'homme ne se définit-il pas aussi par les passions ? N'est-ce pas elles qui lui permettent d'agir, de concentrer ses forces et son énergie sur un objectif ? Ne peut-on pas trouver un juste milieu et vivre sa passion sans sombrer dans la folie et l'irraisonnable ? Etre perdu dans sa passion, c'est ne plus savoir ce qu'on fait, perdre contact avec la réalité - Les passions ont été pendant longtemps dénoncées par les philosophes à cause de leur caractère aliénant.

En effet, nous l'avons dit, la passion est une affection subie par l'âme et l'homme y est soumis.

Dans la passion, l'homme n'est pas cause de ses pensées et de ses actions.

Il est déterminé entièrement par les excitations qui viennent de l'extérieur et de son corps.

Descartes définit comme suit la passion dans ses Lettres à Elizabeth : « on peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont excitées en l'âme sans le concours de sa volonté, et par conséquent, sans aucune action qui vienne d'elle.

» Spinoza avait une conception proche de celle de Descartes puisqu'il identifie aussi passion et passivité : « Quand nous pouvons être la cause adéquate de quelqu'une de ces affections, j'entends par affection une action ; dans tous les autres cas, une passion.

»( Ethique) L'homme n'est donc plus maître de lui-même dans ses passions, il n'est plus la cause de ses actions et donc perd sa possibilité de choisir et d'être libre. - Dans la passion, c'est le corps qui a le dessus sur l'âme, l'esprit qui est considéré par les philosophes comme le privilège, la caractéristique de l'homme.

Pour Aristote, par exemple, la raison est la part divine de l'homme et c'est pour cela qu'il faut travailler à l'élever, à l'exercer.

Or, la passion éteint cette part divine de l'homme puisqu'elle ne permet plus à la raison de se mettre en action.

Cicéron (un auteur antique) voyait dans la passion « un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature.

» (Tusculane).

La passion enlève la raison et réduit l'homme à une bestialité primaire. Les passions sont des jugements erronés dus à l'ignorance ou au mépris de la raison et caractérisent une âme faible. Epictète affirmait que "la reconnaissance de la nécessité fait passer du régime de la passion à celui de la raison, de l'ignorance à la connaissance." La passion de plus entraîne à se méprendre sur la nature de la réalité et de ses objets : « le plus souvent, que font les hommes dans l'aveuglement de la passion ? Ils attribuent à l'objet de leur amour des mérites qu'il n'a pas »( Lucrèce, De la nature) - Dans ce contexte, être perdu dans sa passion, c'est ne plus avoir aucune capacité de réflexion.

C'est suivre aveuglément l'affection de l'âme sans pouvoir analyser ce qui est bon de faire ou de ne pas faire.

La passion mène l'homme à sa destruction puisque le sujet de la passion peut se mener lui-même à sa perte.

En effet, si ma passion est de voler( voir le film birdy) alors je vais essayer de la réaliser par tous les moyens au péril sans doute de ma vie. C'est pour cela que Kant affirme que "La passion [est] comme un poison avalé ou une infirmité contractée : elle a besoin d'un médecin." Kant (Anthropologie d'un point de vue pragmatique) Il conclue en disant que « la passion trouve plaisir et satisfaction dans l'esclavage.

» La passion aliène donc l'homme. Vivre sans passion, c'est ne pas vivre pleinement Pourtant il ne semble pas si facile de se défaire d'une passion et c'est peut être pour cela qu'un grand nombre de philosophes a essayé de montrer une voie pour y arriver.

C'est que la passion est inhérente à la nature humaine, mais surtout la passion n'est pas forcément mauvaise. - Descartes reconnaît très tôt que les passions ne sont pas par nature mauvaises.

Il leur reconnaît une origine naturelle et une activité vitale.

Les passions « sont toujours bonnes de leur nature", étant donné qu'elles ont une fonction naturelle qui est de "disposer l'âme a vouloir les choses que la nature nous dicte utiles et à persister en cette volonté" (Traité des passions) Sans passion, nous ne pouvons pas poser une chose comme but et nous ne pouvons pas garder l'énergie nécessaire à une action sur un long terme.. »

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