Valmont : coupable ou victime ? Il faut utiliser autant le roman que l'adaptation de Frears. Il convient d'interroger les limites du personnage ainsi que de mettre en relation le vicomte de Valmont avec des aspects (sentiments, caractère) développés par
Extrait du document
- Introduction :
- Problématique :
«
Introduction :
Choderlos de Laclos publie les Liaisons Dangereuses en 1782 ; comme l'indique notre sujet la parution d'un
tel ouvrage au XVIIIe siècle ne va pas de soi.
En effet, le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, de la Raison et de
la Morale alors que ce roman épistolaire se présente comme une apologie du plaisir malgré sa visée morale.
La
marquise de Merteuil est au cœur des différentes correspondances, c'est elle qui organise la mécanique bien huilée
qui sert à corrompre la vertu, la vertu de la jeune Cécile de Volanges et celle de la grande Mme de Tourvel.
Le
Vicomte de Valmont est avec la Marquise de Merteuil un initiateur dans la perversion.
Toutefois, on peut se
demander si Valmont est réellement coupable dans cette entreprise ou s'il se retrouve victime ? Si est le cas,
victime de qui ? De la marquise Merteuil ? Ou de ses sentiments amoureux pour Mme de Tourvel ou encore de sa
fascination pour le mal et la perversion ? Autant de questions qui révèlent toute la complexité du personnage ?
Problématique :
Comment analyser le personnage de Valmont, peut-on le voir comme un coupable, un bourreau, un
personnage maléfique ? Ou faut-il au contraire le placer du côté des victimes ?
I.
Le Vicomte de Valmont ou l'incarnation de la perversion ?
1) Un homme en quête de défis
Valmont recherche le mal.
Comme le suggère la lettre II de la Merteuil, Valmont recherche l'héroïsme dans
le mal : « elle est digne d'un héros : vous servirez l'amour et la vengeance ; ce sera une rouerie de plus à mettre
dans vos Mémoires : oui, dans vos Mémoires car je veux qu'ils soient imprimés un jour et je me charge de les
écrire.
» Cette citation est importante car elle souligne le désir des personnages de passer à la postérité pour leur
victoire dans le domaine de la perversion.
Ainsi, c'est bien sur le mode du défi que Valmont comprend les relations
amoureuses.
Les femmes sont autant de proies qu'il faut séduire et corrompre.
En ce sens, Valmont se place ainsi
dans la lignée des Don Juan, qui séduisent les femmes pour en tirer une gloire et les abandonnent sans faire de
sentiments.
Par exemple, il décrit ainsi son entreprise avec Mme de Tourvel : « Vous connaissez la présidente de
Tourvel, sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères.
Voilà ce que j'attaque, voilà l'ennemi digne de
moi ; voilà le but où je prétends atteindre.
» Mme de Tourvel est un ennemi qu'il s'agit de dominer et de vaincre.
En
ce sens, Valmont est bien coupable, il est l'initiateur e la perversion, il provoque le mal.
2) La fascination et l'amour du mal
Valmont non seulement fait le mal mais il lui voue un véritable culte.
Il est épris du besoin de corrompre et
de vicier l'innocence comme le révèle son aventure avec la jeune Cécile de Volanges à qui il fait découvrir les plaisirs
de l'amour.
En effet, c'est une véritable éducation sentimentale que la Merteuil et Valmont font subir à la petite
Volanges mais une éducation à la jouissance et au plaisir du corps.
On peut penser à La Philosophie dans le Boudoir
du marquis de Sade publié en 1795, sous-titré Les instituteurs immoraux.
Dans ce traité qui a particulièrement
choqué le public, il est question d'une éducation aux plaisirs du corps, à la jouissance, d'une initiation à la
perversion.
La perversion n'est pas présentée comme coupable, c'est là le nœud du problème, Sade en fait quelque
chose de naturel.
Dès lors, si l'on place Valmont dans ce schéma, on peut se demander jusqu'à quel point il est
coupable.
Certes il est à l'origine de l'éveil des sens de la petite Volanges mais si l'on se place dans une perspective
sadienne, il lui rend service plus qu'elle ne la corrompt.
Cette remarque fait apparaître toute l'ambivalence de notre
sujet qui tient autant à la morale et à la philosophie.
Pouvons-nous réellement porter un jugement moral sur un
personnage de roman ? C'est bien la question que pose Mme de Volanges à Mme e Rosemonde lorsqu'elle dit « ma
fille est donc bien coupable ? » Cécile est-elle coupable d'avoir trompé Danceny et de s'être laissé prendre au
piège ? Ou Valmont est-il le véritable coupable ? Ou encore l'attrait des hommes pour la perversité est-il le seul
coupable ? Quoi qu'il en soit, Laclos ne se réclame pas de la position de Sade puisque lui-même engage son lecteur
dès l'avertissement et dans la dernière lettre à tirer une leçon de tout cela et à se méfier des liaisons amoureuses.
Transition : Certes Valmont apparaît sous bien des aspects coupables mais ce jugement moral peut varier selon le
point de vue duquel on se place, notamment si l'on s'intéresse au point de vue du marquis de Sade.
Dès lors, peuton comprendre le personnage comme une victime ?
II.
Les limites du personnage : le vicomte perçu comme une victime
1) Le vicomte n'est qu'un jouet entre les mains de La marquise de Merteuil, la véritable instigatrice du complot
Dans la lettre II, le vicomte de Valmont apparaît très nettement subordonné à la marquise de Merteuil qui
lui dicte ses ordres « vous devriez venir avec empressement, prendre mes ordres à genoux ».
Dans la relation avec
Mme de Tourvel, l'ambiguïté du personnage apparaît nettement car peu à peu, Valmont s'éprend de la jeune femme
ce qui lui vaut la vengeance de la Merteuil qui le force à rompre dans la lettre CXLI.
Merteuil écrit la lettre de
rupture qui finira par conduire Mme de Tourvel à la mort « on s'ennuie de tout, mon ange, c'est une loi de la nature ;
ce n'est pas ma faute ».
Valmont apparaît alors prisonnier de l'emprise de la Merteuil.
Est-il innocent pour autant ?
Dès lors, un élément de réponse important nous apparaît, il semble moins intéressant de trancher définitivement
pour affirmer que Valmont est coupable ou victime que d'analyser les liens entre les différents personnages pour
comprendre comment Valmont est influencé et manipulé malgré son penchant pour la cruauté.
Finalement le piège
se referme sur lui-même..
»
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