Valeur morale et rôle social de la politesse ?
Extrait du document
«
La politesse se manifeste d'abord par des signes, la main qui se tend, le corps qui se courbe « pour saluer » ; autant
de signes bienveillants qui doivent avoir, pense Alain, un effet favorable.
C'est évidemment un effet tout contraire
que produisent les signes malveillants.
C'est pourquoi, conclut Alain, il reste en tout homme une crainte des signes,
et un attachement à la politesse.
Il est raisonnable de nous poser cette question : la politesse est-elle naturelle à l'homme ? Est-elle, comme le laisse
entendre Alain, le résultat d'une crainte superstitieuse qui se serait peu à peu atténuée pour laisser la place aux
coutumes civilisées qui sont de rigueur chez les peuples dits évolués.
L'intérêt que les hommes portent à la politesse
ne serait alors qu'un attachement à un cérémonial dénué de tout sens.
C'est alors que se pose le problème du signe
de la politesse.
Signe dénué de tout symbolique et faisant partie des conventions sociales par simple habitude ? ou
nécessité de la vie communautaire actualisant des valeurs profondes ?
Ce jeune homme cède obligeamment sa place assise à un infirme, tel autre s'efface devant une porte, tel autre
propose ses services à une dame et lui porte ses lourds paquets.
Voici quelques exemples d'attitudes polies dont
chacun de nous fait l'expérience dans la vie quotidienne.
Un « raseur » nous aborde et se fait intarissable sur ses
petits malheurs, que nous connaissons fort bien pour en avoir subi le récit à plusieurs reprises.
Nous l'écoutons
cependant d'une oreille attentive et compatissons.
Nous ne pouvons, si nous voulons être polis, laisser éclater notre
mécontentement et notre colère quand on attaque devant nous une conviction qui nous est chère.
Si nous avons
droit à la répartie, nous répondons en termes qui, pour être francs, n'en seront pas moins emprunts de la plus
grande civilité.
Aux plus hauts échelons de la vie publique, les politiciens usent envers leurs adversaires de termes
modérés et choisis pour exprimer un avis dont le fond est beaucoup plus cru.
Dans toutes ces situations de la vie
publique ou privée, nos relations avec autrui sont faites de respect, de déférence, de tact, d'obligeance, de
galanterie.
Nous adoptons une manière de parler et d'agir civile et honnête.
C'est la conduite que tout individu est
tenu d'avoir en société.
Tendre la main, se découvrir, ne sont que des signes.
« Tendre la main, c'est se lier à l'autre, c'est sentir à la fois
notre propre contrainte et la sienne.
» C'est en fait, lier deux vies.
Mais les civilisés se donnent la main en toute
circonstance, ils la donnent toute, et même cette manière de donner la main signifie qu'on ne pense nullement qu'on
la donne..
»
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