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Une théorie scientifique doit-elle nécessairement passer par l'expérience pour être vraie ?

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« Problématique envoyée par l'élève: Il s'agit ici de se demander si l'expérience est une condition nécessaire pour qu'une théorie soit vraie.

En effet, nous considérons spontanément la théorie comme une vue de l'esprit et même parfois comme une abstraction.

Vous pouvez ici penser à des expressions telles que « C'est une belle théorie », qui consiste à noter que nous avons affaire à un discours qui peut être assez éloigné du réel.

C'est dans cette perspective que, si nous considérons que la vérité se définit comme une adéquation entre l'esprit et la chose (cf.

la définition traditionnelle de la vérité comme adequatio rei et intellectu), l'expérience semble être nécessaire pour qu'une théorie soit vraie.

L'expérience est ce qui vient valider la théorie et montrer son adéquation avec le réel.

En ce sens, une expérience peut venir invalider une théorie et nombreux sont les exemples dans l'histoire des sciences. Quel sens faut-il alors accorder à la notion d'expérience ? Vous pouvez remarquer ici que cette notion désigne toute rencontre sensible.

Or, il faut distinguer l'expérience première de l'expérience construite.

Ainsi Newton, par la théorie de la gravitation universelle nous montre que la lune tombe, ce qui est contraire à ce que nos sens nous montrent. Toutefois, il serait nécessaire de revenir sur le sens de la notion de théorie qui est une synthèse englobant des lois particulières et destinées à rendre compte des données de l'expérience.

On parle ainsi de la théorie de la gravitation ou de la théorie de la relativité.

Qu'est-ce qui fait alors la valeur d'une théorie ? Ici, vous pouvez vous reporter aux analyses de Duhem dans La Théorie physique, son objet et sa structure, lorsqu'il montre qu'une théorie physique n'est pas une explication, elle constitue plutôt un modèle abstrait dont on déduira des descriptions ou des explications correctes de la réalité.

Par exemple, la théorie de la relativité d'Einstein n'est pas supérieure à celle de Newton parce qu'elle la rendrait fausse, mais parce qu'elle permet de déduire un plus grand nombre d'explications cohérentes d'un plus grand nombre de phénomènes.

Il y a donc une histoire des théories. Introduction : • Bien définir les termes du sujet : - « Théorie scientifique » : le terme "scientifique", ajouté à celui de "théorie", indique que cette dernière n'est pas comprise ici sous son sens péjoratif d'élucubration abstraite.

C'est au contraire un ensemble de connaissances spéculatives, formant un système cohérent sur un sujet ou dans un domaine déterminé. - « Expérience » : désigne généralement le réel en tant que tel, mais ici, comme c'est l'expérience qui conditionne la vérité de la théorie scientifique, l'expérience a un sens scientifique.

C'est le fait d'observer ou d'expérimenter avec pour but de contrôler ou de former une hypothèse scientifique. - «Nécessairement passer par » : souligne le caractère inconditionné de l'étape de l'expérience –accentué par le verbe devoir - ; la théorie scientifique doit la subir avant de parvenir à son but, ici être vraie. - « Etre vraie » : une théorie scientifique vraie est une théorie conforme à la vérité, c'est ce qui en fait sa valeur. Une théorie est ainsi dite "vraie" lorsque la connaissance dont elle fait part est conforme au réel et l'explique, lorsqu'elle satisfait à l'exigence de cohérence interne, et lorsque l'esprit peut, de ce fait, lui donner son assentiment – parce qu'il y a conformité entre la science et l'objet de pensée. • Construction de la problématique. Le sujet porte sur les critères de validité d'une théorie scientifique ; qu'est-ce qui fait la valeur de la théorie, sa scientificité ? Le problème ne porte pas ici sur la question de savoir comment s'élabore une théorie scientifique, mais plutôt sur comment juger de sa valeur une fois créée.

Le critère proposé par le sujet est celui de l'expérience, c'est-à-dire celui de la conformité et de la correspondance entre la théorie et le donné expérimental. • Etant donné la grande différence de nature entre la théorie et l'expérience, se pose la question de savoir s'il est possible que l'une prouve et légitime l'autre.

En effet, autant la théorie est stable, abstraite et stricte, autant le réel est aléatoire, modifiable, et objet d'illusion. Plan : I/ L'expérience ne fait pas la vérité de la théorie scientifique : • La science et l'expérience ont des caractéristiques opposées : l'une est stable, avec des règles fixes et strictes, l'autre est instable, et dans sa composition rentre une multitude de causes qui ne peuvent être toutes contrôlées.

à Lorsque nous faisons une expérience, rien ne garantit que ce que nous observons est dû à ce que nous croyons. - Cf.

la théorie du phlogistique (Becher) : tous les matériaux inflammables contiennent du phlogistique substance dégagée en brûlant.

à la perte de poids des matériaux (cf.

charbon) brûlés est due à la disparition de leur phlogistique (disparition due à la chaleur).

Cette fausse théorie a été décrétée comme vraie pendant plus d'un siècle, et prouvée par l'expérience : en effet, le charbon est plus léger une fois qu'il est brûlé. Lorsque Lavoisier constate en octobre 1772 qu'un morceau de plomb brûlé pèse plus lourd que le plomb initial, c'est encore un fait polémique puisque d'après la théorie de l'époque un métal qui se consume libère son « phlogistique » et que la chaux résiduelle devrait alors peser moins lourd ! Il appartiendra à Lavoisier de rétablir un système intelligible en montrant que la combustion n'est pas une décomposition chimique mais tout en contraire une combinaison.

La combustion d'un corps implique non le départ d'un « phlogistique » mais la fixation de l'oxygène de l'air.

Dans tous les cas, le fait ne tire son sens que d'un contexte d'idées.

Le fait polémique a le sens d'une contradiction.

C'est ce qu'on peut appeler le fait-question ; le fait expérimental qui confirme une hypothèse nouvelle c'est le fait-solution, le fait-réponse.

Le fait tire toujours son sens d'un système d'idées.

Il est toujours question ou. »

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