Une théorie sans expérience nous apprend-elle quelque chose?
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Théorie et expérience sont deux notions souvent associées, car elles entretiennent un rapport complexe.
En effet toutes
deux permettent la connaissance : l'une la permet par l'intellection et la réflexion, tandis que l'autre l'apporte par l'action.
D'ailleurs, en grec théorie vient de theôria et signifie contemplation, regard désintéressé.
Pratique se dit prattein et veut
dire agir.
Ces deux modes de connaissance semblent s'opposer et se nécessiter dans le même temps.
En effet, la théorie
nécessite un mouvement de l'esprit, tandis que l'expérience demande un mouvement du corps.
Cependant, toutes deux se
complètent et s'affirment.
Nous pouvons, par exemple, apprendre quelque chose à l'école (comment construire une
horloge) et ne le comprendre véritablement qu'en fabricant réellement l'horloge.
De même, nous pouvons construire un
objet immédiatement (du premier coup) et comprendre ensuite par la théorie ce que l'on a fait, grâce aux calculs, ou aux
lois géométriques.
Mais alors, est-ce qu'une théorie qui reste purement théorie et ne se matérialise jamais nous apprend
véritablement quelque chose ? En effet, la théorie nous donne à connaître, mais la pratique nous montre que c'est
possible.
Théorie et expérience vont-elles de paires ou bien est-ce que l'une d'elle est inutile ?
I.
Seule l'expérience est importante, car il n'y a pas de lois théorique universelle sur la relation de
cause à effet.
Platon dans le Théétète raconte l'histoire d'un homme qui était tellement occuper à regarder la
couleur du ciel, qu'il en est tombé dans un puits.
L'on comprend que lorsque l'on n'a pas les
pieds sur terre, que l'on n'est pas pragmatique, que l'on ne s'occupe que de théorie et d'astre,
alors des accidents peuvent survenir.
Cette histoire témoigne de la nécessité de rester dans
l'expérience.
Hume va pousser cette nécessité à son maximum : il explique que le seul moyen
de connaissance possible est l'expérience.
Comment fait-on la différence entre du poivre et de
la poudre explosive ? Par expérience.
Comment sait-on que le feu brûle ? Par l'expérience que
l'on a fait de vouloir le toucher et de se brûler.
Mais qu'est-ce qui nous empêche d'apprendre
tout cela par théorie ? C'est le fait que la relation de cause à effet ne souffre d'aucune logique
et d'aucune nécessité.
L'on ne peut donc émettre de jugement universel (théorie), on ne peut
que se fier au particulier de l'instant qui se livre au cours de l'expérience.
Mais alors, si la
connaissance n'est accessible que par l'expérience, comment se fait-il que nous cherchions à
établir des théories ?
II.
Une théorie sans expérience nous apprend bien plus que l'expérience, mais cette
dernière cherche à montrer le contraire.
Kant explique que ce qui peut nous donner l'impression qu'une théorie ne nous
apprend rien, c'est que l'expérience la montre comme s'avérant fausse.
L'auteur
donne l'exemple de l'idée de république de Platon qui est devenue le symbole d'un
rêve, d'un idéal irréalisable.
L'expérience fait montre de l'impossibilité d'une théorie.
En effet, pour voir si une hypothèse peut porter le nom de théorie, il faut la tester et
si elle s'avère justifiée par l'expérience, alors elle sera une théorie réalisable.
C'est
donc l'expérience qui décide de validité ou de l'invalidité de la théorie.
Kant montre
qu'aucune expérience ne peut préjuger d'une théorie.
Car même si concrètement la
théorie semble irréalisable, il n'en reste pas moins qu'elle est une idée à exploiter
différemment.
Ainsi, Kant propose de reprendre l'idée théorique de Platon afin qu'elle
soit la base d'une constitution politique.
Ainsi l'auteur montre qu'aucune théorie
politique ne peut être réfutée par l'expérience, car si la théorie était en place la
situation contraire que met en avant l'expérience pour la réfuter, ne pourrait pas
avoir lieu d'être.
Mais alors comment concilier ces deux instances que tout oppose ?
III.
Les deux indispensables.
La théorie et l'expérience, lorsqu'on ne les concilie pas, s'auto-détruisent
mutuellement.
Elles se font obstacle, se réfutent et n'avancent pas.
L'autre situation
envisageable, est celle où l'expérience et la théorie toujours accordées, ne progresse
plus car elles n'ont plus rien à dépasser, plus rien à étudier, à évaluer.
Hors, depuis des millénaires, le monde ne cesse
d'évoluer vers le progrès.
Comment cela est-il possible ? C'est Popper qui nous donne un début de réponse, lorsqu'il écrit
qu'une théorie doit pouvoir être réfutée.
L'on comprend à travers cette thèse, qu'il est non seulement nécessaire que la
théorie ait un temps de vie où elle est effective, mais qu'elle n'est pas pour autant une vérité universelle qui aura cours
éternellement.
Ainsi, pour que nous apprenions quelque chose, et pour que le monde grâce à ses connaissances
progresse, il faut que l'expérience et la théorie entretiennent des rapports proportionnels d'accord et de dépassement.
Elles doivent se donner mutuellement une chance, quitte à s'avérer fausse plus tard.
Conclusion :
-
La théorie sans l'expérience ne nous apprend rien, car elle ne peut établir de lois générales étant données que
la relation de cause à effet ne fonctionne que sur le mode de l'instant expérimental.
Aucune expérience ne peut préjuger de la théorie, et cette dernière nous en apprend bien plus que toute
expérience réfutatrice.
Enfin, il semble que ces deux instances soient nécessaires l'une à l'autre pour faire avancer la connaissance et
faire progresser le monde..
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