Une société juste peut-elle s'accomoder d'inégalités ?
Extrait du document
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Introduction
La question du juste et de l'injuste est de celles qui provoquent de vives réactions.
Chacun se sent agressé lorsqu'il
a le sentiment de n'avoir pas été traité d'une façon comparable aux autres.
Dès lors, il peut sembler qu'un accord
unanime peut être aisément obtenu entre les individus qui composent une communauté: les personnes doivent être
traitées d'une façon égale.
Mais ce qui constitue une revendication personnelle ne suffit pas pour autant à définir un
principe d'organisation des sociétés complexes.
Il n'y, a rien sans doute de plus injuste qu'une société égalitariste:
donnera-t-on à chacun exactement la même chose sans tenir compte des différences individuelles? Faut-il traiter
d'une façon identique tous les individus? Mais l'égalité n'est pas l'identité.
Comment alors penser en même temps
l'égalité et la différence?
Ce qui revient à se demander s'il est possible d'organiser une société autour de ces deux valeurs que sont la liberté
et l'égalité.
Dès lors, une société juste ne sera-t-elle pas condamnée à s'accommoder de certaines formes
d'inégalité?
1.
Société et individus
Légalité et égalité
Une société est une association de personnes unies par certains intérêts communs sous l'égide de règles de
conduite.
Chaque individu, afin de bénéficier des avantages de la collectivité, est sans nul doute prêt à accepter de
limiter ou perdre certains de ses pouvoirs individuels.
Toutefois, la coopération sociale produit certaines richesses
qu'il faudra redistribuer.
Ainsi, l'ordre social, fondé sur un intérêt commun, ne peut empêcher cependant les conflits
d'intérêts entre les particuliers.
Il faudra donc dégager des principes équitables permettant une redistribution juste
des différentes richesses et avantages nés de la coopération sociale.
Mais cela signifie qu'une société juste doit
être organisée autour d'une conception publique de la justice, où les principes qui définissent la répartition des
charges et des richesses sont identifiés.
Quelles que soient les demandes des uns ou des autres, il est nécessaire
qu'un point de vue commun soit publiquement manifesté à partir duquel les demandes individuelles puissent être
évaluées.
Dès lors, l'idée de justice évoque la fonction du législateur et celle du juge.
La fonction du législateur est d'établir un
ordre souverain, cadre politique d'une légalité qui doit être respectée.
Le pouvoir judiciaire, quant à lui, est chargé
d'examiner la conformité des faits avec la loi et, en fonction de cette appréciation, d'évaluer sanctions et
dédommagements.
La justice est alors définie par le droit et peut être doublement caractérisée, avec Aristote, de la
façon suivante : « le juste est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l'égalité» (Éthique à Nicomaque, 1129
b).
Autrement dit, le juste est à la fois le légal et l'égal.
Dès lors, il peut sembler clair qu'une société juste ne doit en
aucune manière tolérer les inégalités.
Justice commutative et justice distributive
Une dissertation est un ensemble formé de raisonnements, d'argumentations, d'expositions d'exemples.
Il faut tout
au long du devoir manifester le fil conducteur de la pensée, et pour le lecteur articuler les différents paragraphes.
On dispose pour cela en français de nombreux mots de liaison.
Pourtant, qu'entend-on par cette idée d'égalité? On distingue la justice commutative et la justice distributive.
La
première a pour principe l'égalité mathématique et la réciprocité ; elle consiste dans une équivalence des choses
échangées, des obligations et des charges.
Il est donné à chacun la même chose.
La seconde se fonde sur la
proportionnalité ; elle consiste en une répartition des biens en fonction d'une échelle de valeurs identifiée.
Ce que
chacun reçoit varie en fonction de normes discriminantes.
Il peut sembler, d'abord, que seule la justice commutative
formule le principe d'une répartition égale des richesses.
Mais une stricte égalité entre des personnes, en certaines
circonstances, peut se révéler être injuste : donnera-t-on la même chose à chacun sans tenir compte du mérite des
uns et des autres ? Faut-il traiter d'une façon identique les personnes quels que soient leurs besoins? Comment
déterminer ce qui est dû à chacun?
La justice distributive instaure une inégalité entre les individus.
Mais cette discrimination repose sur une égalité des
personnes en face d'une même échelle d'appréciation.
Ainsi, l'inégalité qui résulte de l'application de cette justice
distributive est malgré tout fondée sur une égalité plus originaire.
Cependant la justice est alors inséparable d'un
jugement de valeur porté sur les personnes.
Elle suppose une définition publique, d'une part, de cette échelle de
valeurs servant de référence commune et, d'autre part, les modalités de la mise en oeuvre de cette discrimination.
Une société juste peut dès lors autoriser certaines formes de discrimination.
Encore faut-il qu'une même échelle de
valeurs puisse être identifiée ; échelle devant laquelle les personnes sont considérées d'une façon équitable.
Or, dans les sociétés démocratiques, le sujet libre fixe ses propres objectifs et développe une conception
personnelle de son bien privé et du bien commun.
Comment dans ce cadre s'accorder sur une définition de la justice
distributive, c'est-à-dire sur une conception commune d'une échelle de valeurs ?
2.
L'utilitarisme et ses limites
Bien-être individuel et collectif
La théorie utilitariste, initiée notamment par David Hume, constitue une tentative pour donner un contenu au
concept de bien commun en partant de l'individu concret et de sa recherche individuelle du bien-être.
Cette.
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