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Une science humaine est-elle une science comme une autre ?

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« LES SCIENCES HUMAINES SONT-ELLES DE VRAIES SCIENCES ? Les sciences humaines, ou sciences de l'homme, se sont constituées progressivement, à partir du milieu du XIXe siècle notamment, comme autant de disciplines animées chacune par un projet de constituer en un domaine scientifique autonome un secteur des phénomènes humains.

Il n'est pas rare qu'elles se trouvent évoquées, aujourd'hui encore, par les spécialistes des sciences de la nature sous le nom de « sciences molles », par opposition aux « sciences dures » que constitueraient prioritairement les disciplines physico-mathématiques. Appellation dédaigneuse, qui semble remettre en question leur appartenance au champ scientifique proprement dit. Ces disciplines ont pourtant bouleversé très profondément notre représentation même de l'humain.

Précédées depuis plus ou moins longtemps par la philologie, l'économie politique et par l'histoire, la sociologie, la psychologie, l'anthropologie, la linguistique ou encore l'ethnologie ont ainsi entrepris de développer autant d'approches spécifiques d'une dimension de l'humain.

En sorte qu'aujourd'hui il apparaîtrait déconcertant de prétendre apporter sans naïveté une réponse à la question : « qu'est-ce que l'homme ? », dont Kant faisait pourtant celle qui rassemble toutes les autres questions de la philosophie, sans ménager dans cette réponse une place centrale aux enseignements des sciences humaines. Force est donc de se demander, compte tenu de l'importance de ces apports, si les sciences humaines, pour n'être pas des sciences de même type que les sciences de la nature, ne sont pas malgré tout de vraies sciences : non pas seulement des « sciences vraies », mais bien des « vraies sciences », c'està-dire des disciplines qui, en dépit du mode de vérité spécifique qu'elles atteignent et qu'on ne saurait certes entièrement subsumer sous celui des sciences de la nature, méritent pleinement d'être reconnues comme des sciences. I.

Que nous apprennent les sciences humaines ? Dans chaque secteur particulier de recherche investi par l'une des sciences humaines, s'est instaurée depuis plus ou moins longtemps une concurrence, plus ou moins vive, entre l'approche qu'en avait faite la philosophie et celle qu'en ont développée, en reprenant l'étude par d'autres moyens, des disciplines nouvelles.

Le premier exemple d'une telle concurrence, emblématique de la relation ultérieure entre philosophie et sciences humaines, concerne le domaine du langage, qu'avait abordé avec insistance la philosophie depuis Platon et Aristote, mais qui a donné lieu à un autre type d'interrogation à partir de la naissance de la philologie. C'est au IIIe siècle avant notre ère que la philologie telle que nous l'entendons s'est constituée, à Alexandrie, comme une discipline dont l'objet est d'étudier les textes, surtout littéraires, produits dans une langue devenue, par son ancienneté, malaisément accessible.

Il s'agissait alors de pouvoir continuer à comprendre les poèmes homériques, transmis oralement depuis cinq ou six siècles dans un grec fort différent de celui de l'époque et dont il fallait, pour en fixer une transcription écrite, étudier avec rigueur les mots, les tournures, les règles syntaxiques.  000200000C9300000C8D 1. »

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