Une pensée cohérence est-elle une pensée vraie ?
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Introduction
Le sujet pose la possibilité d'une équivalence et nous invite à l'examiner quitte à devoir la contester.
L'équivalence
est ici entre cohérence et vérité.
La cohérence signifie ici la cohérence logique, qui s'entend comme noncontradiction.
Suffit-il qu'une pensée soit formellement cohérente et logique pour qu'elle accède de plein droit à la
vérité ? C'est le modèle formel de la vérité qui se joue ici, comme modèle mathématique : ce modèle formel sousentend en effet l'incohérence du monde sensible, incohérence qui le disqualifie de la sphère du savoir.
Mais tout ce
qui peut être démontré s'en trouve-t-il nécessairement vrai pour autant ? Un critère formel de la connaissance
peut-il lui suffire, ou ne peut-elle se passer d'un critère matériel si elle prétend pouvoir être vraie ?
Lignes directrices
I.
Une pensée ne peut être vraie si elle n'est pas cohérente : le critère de la vraisemblance peut être ici mobilisé, la
vraisemblance s'entendant, dans l'un de ses deux sens, comme plausibilité logique.
En mathématiques, l'énoncé de
cette thèse peut être radicalisé : en l'absence de tout critère matériel possible, ne sont effectivement vraies que
les pensées cohérentes.
Les mathématiques fournissent-elles pour autant le modèle de toute connaissance.
2.
Toute pensée cohérente n'est pas nécessairement vraie pour autant, à moins d'en rester strictement dans les
frontières du monde de la logique.
On peut en effet recenser quantité d'énoncés parfaitement cohérents
logiquement, au sens où ils n'entraînent aucune contradiction, sans qu'ils soient vraies au sens matériel du terme.
Vrai signifie donc aussi réel : le critère formel ne suffit pas à la vérité, qui requiert également un critère matériel.
Kant peut être mobilisé pour donner corps à cette thèse.
3.
L'insuffisance du critère formel de la vérité, et des mathématiques comme modèle de la connaissance, nous
montre que tout n'est pas mathématisable et que l'idéal de l'unité du savoir ne peut se réaliser sous la férule des
mathématiques si le savoir doit se soucier de vérité.
C'est que la vérité n'est pas seulement adéquation et
exactitude, mais aussi justesse.
[Une pensée déductive est forcément vraie.
Toute pensée étant fondée sur des présuppositions
indémontrables, la vérité d'une pensée réside dans sa cohérence plutôt que dans son contenu.]
La vérité c'est la déduction
Pour Descartes, les mathématiques constituent le modèle de toute
pensée rigoureuse.
Démontrer, c'est montrer comment les idées sont
toutes liées les unes aux autres par des liens logiques donc
nécessaires.
Une pensée qui respecte ainsi les règles de la logique ne
peut manquer d'être vraie.
La mathématique rassemble toutes les sciences où l'on étudie l'ordre et
la mesure, indifféremment de leurs objets.
La science universelle qui
rassemble toutes les autres sciences, qui n'en sont que les parties
subordonnées, se nomme mathématique universelle.
Ce doit être la
science la plus utile et la plus facile de toutes, n'ayant aucun rapport à
un objet particulier.
Les difficultés qu'elle renferme se trouvent déjà dans les autres
sciences, puisqu'elle leur est commune.
Si cette mathesis universalis a
été négligée par tous, c'est en raison de son extrême facilité.
L'ordre de
la recherche de la vérité requiert pourtant de commencer par les
choses les plus simples et les plus faciles à connaître, et de ne passer à
un ordre plus élevé que lorsque toutes les difficultés auront été
résolues.
Ainsi, on est sûr de ne jamais se tromper.
Parmi les sciences
connues, seules l'arithmétique et la géométrie sont absolument
certaines.
Quelle en est la raison ? Nous ne pouvons connaître que de
deux manières : soit par l'expérience, soit par la déduction.
Si l'expérience est souvent trompeuse, la déduction, qui consiste à inférer une chose à partir d'une autre,
peut être manquée si on ne la voit pas, mais ne peut jamais être mal faite.
"Toutes les erreurs où peuvent
tomber les hommes ne proviennent jamais d'une mauvaise inférence, mais seulement de ce qu'on admet.
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