Une oeuvre d'art est-elle un objet sacré ?
Extrait du document
«
Sens du sujet.
Un ensemble organisé de signes et matériaux manifestant un idéal de beauté représente-t-il une réalité stable —
quasi religieuse — séparée des choses profanes ?
Une oeuvre d'art est d'abord destinée, semble-t-il, à nous plaire et nous séduire, à nous charmer par un jeu
d'apparences.
Comment pourrait-elle représenter et être réellement chose religieuse et absolue ?
Le plan.
Il faut montrer, par l'examen des deux acceptions de l'oeuvre d'art que contient le schéma, que celle-ci est bien une
réalité spirituelle, ce qui lui permet d'accéder au statut d'objet sacré.
Le plan sera donc du type progressif.
1.
L'oeuvre d'art, loin d'être un objet sacré, représente une plaisante copie des apparences sensibles,
copie qui nous séduit et nous enchante.
a.
La contemplation de la nature et du beau naturel immédiat provoquent une émotion sensible.
Devant un paysage, mais aussi une fleur ou un visage, face à de multiples aspects de la nature, l'homme ressent
une émotion d'ordre sensible.
La combinaison heureuse d'éléments divers au sein des choses, le bon accord des
formes ou des couleurs déterminent en nous plaisir ou même joie.
C'est de cette émotion engendrée par la beauté
vivante qu'est partie la conception qui voit dans l'oeuvre d'art une copie du réel.
La beauté naturelle fut antérieure
au beau artistique.
Dès lors, ne convient-il pas de la copier fidèlement ?
b.
L'imitation de la nature a pour fin d'exprimer cette beauté naturelle.
S'il existe une beauté naturelle suscitant en nous de la joie ou de l'émotion, si le coucher de soleil en sa splendeur
précéda tout art proprement dit, la beauté artistique est.
dès lors, destinée à exprimer ces apparences si
séduisantes qui charment l'homme.
Ainsi l'oeuvre d'art semble-t-elle, fondamentalement, une copie de ce qui existe,
une reproduction des choses données dans le monde extérieur.
Son caractère essentiel serait alors la perfection
même de cette copie.
Un des pères de cette esthétique imitative, qui vit dans l'art et l'oeuvre d'art une reproduction du milieu physique où
vit l'homme, c'est essentiellement Platon : il conçut la production de la beauté par les oeuvres de l'homme comme
une copie du sensible et des réalités naturelles.
Ce qui est premier, c'est l'Idée, l'Essence, c'est-à-dire la réalité
intelligible ultime donnant sens aux choses.
Ainsi l'Essence du lit, c'est le lit idéal, l'Idée de lit.
Le lit sensible imite
l'Idée de lit.
Quant à l'oeuvre d'art, elle n'est qu'une copie au second degré, une copie de copie ! Art et oeuvre d'art
ne représentent, dès lors, qu'une illusion.
c.
Le plaisir esthétique, plaisir d'ordre sensible.
Dans cette perspective imitative, la jouissance esthétique serait, fondamentalement, d'ordre sensible : elle aurait sa
source et son origine dans le plaisir immédiat de nos sens agréablement touchés.
Plaisir et jouissance concrète
caractériseraient la participation esthétique, qui serait, en somme, une séduction sensible par les belles apparences
qui nous enchantent.
Telle la vision hédoniste (du grec hèdonè, plaisir) de l'art et de l'oeuvre d'art..
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