Une communauté politique n'est-elle qu'une communauté d'intérêts ?
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Une Communauté politique n'est-elle qu'une communauté d'intérêts ?
Introduction :
Le sujet semble ici affirmer que la communauté politique est d'abord une communauté d'intérêts.
Ne peut-on pas
légitimement remettre en doute le caractère absolu de cette affirmation ?
Le pluriel a été choisi pour le terme « intérêts : ce qui renvoie donc non à un intérêt commun mais à des intérêts
personnels et égoïstes.
La communauté politique n'est-elle qu'une communauté d'intérêts personnels ? Ne peut-on pas imaginer un lien
social qui serait fondé sur un sentiment plus « noble » que l'égoïsme ? Pourquoi éprouvons-nous le besoin de se
poser cette question ? Pourquoi une communauté politique fondée sur l'intérêt personnel de chacun ne nous
contente-t-elle pas?
I) En quoi la communauté politique est-elle une communauté d'intérêts ?
A)
En tant qu'étudiant en philosophie je ne suis pas capable de réparer une fuite ou de faire du pain.
J'ai donc
besoin d'autrui pour toutes ces tâches.
Communauté « d'intérêts à ».
J'ai intérêt à vivre en société pour
pouvoir me nourrir ou me laver.
B)
Mandeville, La Fable des abeilles, Les vices privés font le bien public.
L'intérêt personnel, l'égoïsme sont ce
qui permet à l'Etat de subsister.
Pas d'économie sans désirs personnels.
C'est Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776], I, 2) qui est
l'auteur central de l'idée que le moteur des échanges n'est autre que l'intérêt personnel ou l'égoïsme privé.
Il
développe l'idée que la recherche de l'intérêt individuel aboutit in fine, par la grâce d'une régulation
immanente appelée " main invisible ", à la réalisation de l'intérêt général (voir aussi B.
Mandeville, " la fable
des abeilles ").
Comment expliquer que, malgré la compétition généralisée, une harmonie se dégage entre les hommes ? Pour
Smith, tout se passe comme si une "main invisible" dirigeait l'ensemble des égoïsmes dans l'intérêt de tous:
tout en ne cherchant que son intérêt personnel, l'individu oeuvre souvent d'une manière efficace pour
l'intérêt de la communauté toute entière.
En effet, n'est-ce pas la quête de l'enrichissement personnel qui
concourt à fonder la prospérité d'un pays ?
Cette fiction de la main invisible - hypothèse providentialiste à souhait - est le symbole de l'optimisme libéral
qui croit en l'harmonie des règles spontanées du marché et à l'agrégation des intérêts individuels en intérêts
collectifs.
L'explication de cette surprenante main invisible est que le conflit entre des intérêts opposés oblige les
partenaires de l'échange à limiter leurs prétentions, à s'accorder sur des compromis, à réaliser un équilibre
correspondant à l'affectation optimale des ressources.
Au XXe siècle, Hayek proposera une explication
supplémentaire : l'interaction des pensées de tous les acteurs de l'activité économique l'emporte en
connaissances et en capacités d'invention sur n'importe quelle instance centrale.
Le meilleur ordre possible
est donc celui qui résulte de la régulation opérée par des millions d'individus qui prennent des décisions
rationnelles en fonction de leur intérêt.
II) Pourquoi le simple agrégat d'intérêts personnels et égoïstes n'est-il à nos yeux pas suffisant pour
fonder la communauté politique ?
A)
Pour la solidité du corps social : une communauté politique peut-elle être assez solide si elle n'est fondée
que sur l'égoïsme de chacun ? Ne peut-on pas penser que son équilibre risque de s'effondrer lors de n'importe
quel conflit d'intérêt ? Besoin d'un accord sur certains points pour pouvoir maintenir la société.
Rawls :
principes de justice issus d'un consensus.
[Rawls, La justice comme équité].
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