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Un souvenir est-il la simple reviviscence d'un état antérieur de la conscience ou la reconstruction intellectuelle de cet état ?

Extrait du document

« INTRODUCTION.

— Pour le sens commun, nous revivons le passé.

Pour certains psychologues, au contraire, nous ne pouvons que le reconstruire, et c'est à cela que se réduit le pouvoir de la mémoire.

A laquelle de ces deux conceptions nous arrêterons-nous ? A.

Il est des souvenirs qui semblent n'être qu'une reviviscence du passé.

Exposer un exemple de souvenir de cette sorte, en marquant sa spontanéité, sa vivacité ou sa vitalité, son caractère concret et précis. B.

Il en est d'autres qui paraissent ne résulter que d'une construction intellectuelle.

Donner un exemple : quand ai-je rencontré Pierre pour la première fois ? Montrer le jeu des recoupements et des raisonnements qui permettent d'arriver à la réponse. C.

Simples apparences : le souvenir est à la fois reviviscence et reconstruction. a) Cette réponse nous est d'abord suggérée par l'observation des faits courants, dans lesquels le passé revécu et le passé reconstruit se mêlent d'une façon intime.

Donner des exemples. b) Elle est confirmée par la discussion des prétendus exemples de simple reviviscence et de pure reconstruction. Le passé que nous disons revivre n'est qu'un extrait ou même un abstrait du passé réel, qui, par suite, se trouve transformé (je reconnais bien dans Pierre un air qui n'est qu'à lui, mais je suis incapable de préciser la forme du lobe de son oreille; donc, je ne le vois pas en souvenir comme je Je voyais dans la réalité).

La trame ou même l'étoffe dont est fait le souvenir est essentiellement différente de ce qui caractérise l'image : celle-ci est inconsistante et se prête aux modifications qu'on lui fait subir.

Enfin, la simple reviviscence du passé ne serait pas un souvenir, le passé ne se présentant plus comme passé. De même, une reconstruction intellectuelle de mon passé m'en fournit un savoir, mais non un souvenir.

Je puis arriver à découvrir, par exemple, par ma signature sur un registre, que j'ai visité il y a trente ans le château de Pau; mais ce n'est pas plus un souvenir que la découverte du fait qu'un personnage célèbre visita le même château le même jour.

Il n'y a pas de souvenir véritable sans un sentiment du déjà vu qui suppose une certaine reviviscence. Conclusion.

— Comme il arrive bien souvent, la théorie de la reconstruction imaginée par les psychologues réagit heureusement contre la conception simpliste du sens commun, qui n'avait vu que le caractère le plus apparent du souvenir; mais sa réaction est excessive, et il reste vrai qu'il n'y a pas de souvenir véritable sans reviviscence du passé.. »

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