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Un monde libre est-il un monde juste ?

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Les hommes ont donc la possibilité d?agir aussi librement que leur puissance le leur permet. L?état de nature peut donc être envisagé comme un monde à la fois totalement libre, puisque les hommes ne sont tenus à respecter aucune loi, et comme un monde ni juste ni injuste, c'est-à-dire un monde où l?idée même de justice ne peut pas avoir de sens. Mais un tel monde en marge de toute justice est décrit par Hobbes comme un monde violent, un état de guerre généralisé de chacun contre tous. En effet, puisque chacun peut prétendre à tout ce que sa puissance peut lui procurer, le pouvoir de chacun n?est limité que par celui des autres, et chacun considère donc tout autre comme son rival. La liberté totale coïncide donc avec une violence maximale, en deçà de toute justice. II. Il y a une justice inscrite dans la nature des choses, qui précède les lois positives. Un monde humain dépourvus de lois contreviendrait à cet ordre naturel, et serait donc injuste.            On peut remettre en question le présupposé selon lequel en l?absence de toute loi positive (créée par les hommes), nul critère ne serait disponible pour juger du juste et de l?injuste. En effet on peut considérer que des lois inscrites dans la nature des choses tracent immédiatement la limite entre le juste et l?injuste.

« La justice désigne ce qui est conforme au droit.

Or le droit peut s'entendre de deux façon 1) le droit naturel, qui renvoie à des lois inscrites dans la nature même des choses 2) le droit positif, qui renvoie aux lois qui ont été instituées dans une société particulière. Dans les deux cas la loi désigne une obligation, mais une obligation à laquelle l'homme a le pouvoir de se soustraire (on peut choisir de voler alors que la loi morale ou celle d'un pays donné l'interdisent).

Dans cette perspective, la liberté s'entend d'abord négativement comme pouvoir de ne pas obéir à la loi (je suis libre de ne pas respecter la loi).

Or si l'on considère que les lois n'ont d'effectivité qu'en tant qu'elles sont clairement énoncées dans un droit positif et connues de tous, un monde libre entendu au sens d'un monde qui ne serait pas réglé par des lois positives ne pourrait être ni juste ni injuste.

Ce serait donc un monde où la question même de la justice ne pourrait pas être posée.

Mais si l'on considère que la justice se fonde sur le droit naturel, et que ce droit naturel est immédiatement compréhensible par les hommes, cela voudrait dire qu'une société humaine où chacun ferait ce que bon lui semble sans respecter aucune loi, serait injuste, car elle ne respecterait pas les lois naturelles.

Mais si la liberté peut être définie négativement comme le fait de ne pas subir de contrainte externe de la part d'un autre qui limiterait notre pouvoir d'action, elle s'entend positivement, comme la capacité de se déterminer soi-même à prendre un parti plutôt qu'un autre.

En ce sens la liberté peut donc consister dans la décision même de respecter la loi, qui ne brime pas alors la liberté, parce que l'on a décidé positivement de la respecter.

Dès lors il se pourrait que seul un monde libre soit un monde juste, puisque ce serait un monde où chacun aurait décidé de respecter la loi. I.

Pas de justice sans loi qui fixe le juste et l'injuste.

Or un monde libre serait un monde dépourvu de lois, il ne serait donc ni juste ni injuste Pour déterminer si une action est juste ou injuste, il faut disposer d'un critère pour le faire.

Or le critère qui permet d'effectuer ce jugement, c'est une loi, qui détermine clairement ce qui est permis et ce qui est proscrit.

Donc en l'absence de lois clairement énoncées, il n'est pas possible de déterminer ce qui est juste et ce qui est injuste.

C'est la raison pour laquelle, dans le Léviathan, Hobbes considère qu'à l'état de nature, il ne saurait y avoir ni bien ni mal, donc ni justice ni injustice, puisqu'il n'y a pas de lois pour fixer le juste et l'injuste.

Les hommes ont donc la possibilité d'agir aussi librement que leur puissance le leur permet.

L'état de nature peut donc être envisagé comme un monde à la fois totalement libre, puisque les hommes ne sont tenus à respecter aucune loi, et comme un monde ni juste ni injuste, c'est-à-dire un monde où l'idée même de justice ne peut pas avoir de sens.

Mais un tel monde en marge de toute justice est décrit par Hobbes comme un monde violent, un état de guerre généralisé de chacun contre tous.

En effet, puisque chacun peut prétendre à tout ce que sa puissance peut lui procurer, le pouvoir de chacun n'est limité que par celui des autres, et chacun considère donc tout autre comme son rival.

La liberté totale coïncide donc avec une violence maximale, en deçà de toute justice. II.

Il y a une justice inscrite dans la nature des choses, qui précède les lois positives.

Un monde humain dépourvus de lois contreviendrait à cet ordre naturel, et serait donc injuste. On peut remettre en question le présupposé selon lequel en l'absence de toute loi positive (créée par les hommes), nul critère ne serait disponible pour juger du juste et de l'injuste.

En effet on peut considérer que des lois inscrites dans la nature des choses tracent immédiatement la limite entre le juste et l'injuste.

Ainsi la justice peut se comprendre comme le fait de rendre à chacun ce qu'on lui doit.

La question est alors de comprendre comment il faut s'y prendre pour y parvenir.

C'est cette question que Platon aborde dans la République, dialogue consacré au fait de déterminer ce qu'est la justice.

Platon considère que l'individu et la cité sont dans un rapport analogique.

Dans la cité, ce qui est juste c'est que chacun tienne la fonction qui est la sienne.

Platon considère que la cité idéale est faite de trois classes, les artisans, qui produisent les denrées nécessaires à la survie, les gardiens, qui défendent la cité, et les philosophes, qui la dirigent.

De la même façon dit Platon, un individu ne peut être juste que si c'est son âme rationnelle (l'équivalent des philosophes) qui commande à la fois à l'âme végétative (équivalent des artisans) et à l'ardeur (équivalent des gardiens).

La justice, dans la cité comme dans l'individu, est donc harmonie des parties.

Elle est obtenue quand c'est la partie qui doit commander qui est effectivement aux commandes.

C'est ce qui permet de régler nos actions à partir de la considération de l'idée du bien.

Dans cette perspective celui dont l'âme rationnelle ne commande pas, et qui est donc incapable de régler ses actions à partir d'une notion claire du bien, selon une loi inscrite dans la nature des choses, serait injuste.

Et il en irait de même pour une société dont les rapports entre les citoyens ne seraient pas régis par des lois.

En ce sens un monde libre, où chacun ferait ce que bon lui semble, serait nécessairement injuste. III.

La liberté véritable provient de la loi.

Un monde libre serait donc un monde réglé par la loi, c'est à dire juste. Nous avons jusqu'ici envisagé la liberté au sens négatif d'une absence de contrainte extérieure.

Dans cette perspective la liberté se comprend comme indépendance, c'est-à-dire comme le fait de ne régler sa conduite selon aucune loi.

Mais la liberté peut se comprendre comme pouvoir de se donner à soi-même sa propre loi.

Dans Le contrat social, Rousseau considère que la véritable liberté n'est pas la liberté naturelle, comprise comme indépendance, mais celle à laquelle on s'élève en entrant dans l'état civil.

Cette entrée se fait à la faveur d'un contrat par lequel pour assurer leur sécurité, les hommes se démettent de leur liberté naturelle au profit de tous, c'est-à-dire au profit de la volonté générale.

Or c'est la volonté générale qui ensuite fait les lois, et chaque citoyen participe de cette volonté générale.

On voit donc que si l'individu perd sa liberté naturelle de faire tout ce qui lui plaît, il gagne la liberté civile, qui consiste dans le fait de n'obéir qu'à la loi (et non à tel ou tel individu).

Or puisqu'il a lui-même contribué à l'établissement de la loi en tant qu'il est membre de la volonté générale, l'individu n'obéit ainsi qu'à lui-même et il est véritablement libre.

On comprend alors que la liberté ainsi comprise ne s'oppose en rien à la justice, mais est au contraire ce qui permet de la réaliser au mieux.

En effet si l'individu accède à sa vraie liberté en respectant la loi, et que le respect de la loi est proprement la justice, la liberté bien comprise réalise la justice. Conclusion Le fait de savoir si un monde libre serait un monde juste dépend à la fois de la conception de la justice et de la liberté sur lesquelles on se base.

En effet pour qu'il y ait justice, il faut une loi qui trace la limite du juste et de l'injuste.

Or cette loi peut être pensée comme instituée par les hommes ou comme donnée par la nature.

Dans le premier cas on dira qu'en l'absence de lois positives il n'y a ni justice ni injustice.

Dans le second cas on dira que la loi est toujours donnée et que celui qui ne la respecte pas est donc nécessairement injuste.

Mais la liberté peut également s'entendre comme pouvoir de se donner à soi-même la loi.

En ce sens elle réalise la justice, et un monde libre est nécessairement un monde juste.. »

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