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Un être ne se sent-il obligé que s'il est libre

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« «Un être ne se sent obligé que s'il est libre ».

Que pensez-vous de cette affirmation ? Introduction.

— A en croire Kant, la conscience psychologique nous apprend que nous sommes déterminés.

C'est la conscience morale, d'où nous vient le sentiment d'obligation, qui nous amène à admettre la thèse de la liberté. Mais peut-on prétendre qu'un être ne se sent obligé que s'il est libre ? I.

Pour être, sujet d'une obligation, il faut être libre.

Quand la liberté manque, on peut être contraint par une force extérieure, entraîné par une irrésistible impulsion intérieure, on ne saurait être obligé. Mais on peut se sentir obligé, (et en fait, certains se sentent obligés) sans être libres.

C'est d'abord le cas de personnes dont la conscience n'est pas formée ou qui sont portées au scrupule.

Il arrive aussi que les consciences éclairées ont une impression si vive de l'importance d'un mal à éviter ou d'un bien à atteindre, qu'elles éprouvent un certain sentiment d'obligation qu'elles ne peuvent 'dissiper, bien qu'elles se sachent incapables de rien faire pour cela. Prise au sens ordinaire du verbe « sentir », l'affirmation d'après laquelle « un être ne se sent obligé que s'il est libre doit donc être rejetée. II.

Mais il en serait tout autrement si l'on entendait dire qu'un être ne se juge obligé que s'il est libre, que l'affirmation rationnelle d'une obligation implique la liberté. Parfois la conscience de la liberté précède le jugement d'obligation, la conscience de pouvoir est antérieure au jugement de devoir. Mais il est sans doute plus courant que « conscience de pouvoir » et « conscience de devoir » soient simultanées. Alors c'est la conscience de devoir, parce que relative à la pratique, qui est sentie plus vivement ; mais ce sentiment n'est considéré comme objectivement valable qu'en vertu de la conscience de pouvoir qui lui est en quelque sorte sous-jacent. On ne peut donc pas se juger obligé sans être et sans se savoir libre. Conclusion.

— « Sans se savoir libre », disons-nous.

Et par là, nous nous séparons de Kant.

Pour lui, admettre la liberté, est un acte de foi en une prérogative du moi transcendantal.

Nous pensons, au contraire, qu'elle est une donnée du moi empirique, c'est-à-dire que nous faisons l'expérience de la liberté comme de l'obligation.. »

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