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Un critique d'art contemporain faisait remarquer, dans un récent article, que la laideur sous toutes ses formes envahit le monde actuel. « Sur le plan de l'affiche, par exemple, de l'objet usuel, du décor intérieur, des lieux publics... nous assistons, d

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CONSEILS    Pour traiter clairement ce thème si controversé, il est indispensable de fixer, même imparfaitement, les critères de la beauté et de la laideur.  Il est ensuite facile de montrer que la laideur et la beauté sont engagées dans une rivalité perpétuelle. On justifiera son opinion par des exemples précis.  En conclusion on peut souligner le caractère injustement pessimiste de la pensée.    DÉVELOPPEMENT    Avertissement. — Certains exemples proposés sont empruntés à la région parisienne. Il est bien certain qu'on peut trouver dans toute autre région des exemples aussi caractéristiques.  A notre époque, où on prétend rejeter la plupart des valeurs du passé et remettre en question toutes les conventions admises au cours des siècles, la conception de la beauté n'a pas échappé à l'entreprise de destruction. On donne tellement de définitions de la beauté qu'on risque de ne plus savoir distinguer le beau du laid.  Dans les arts plastiques, l'insolite semble l'emporter ; le désordre et la juxtaposition brutale des formes et des couleurs remplacent l'harmonie. Ce que l'on admire chez Picasso, par exemple, c'est la vision originale qu'a l'auteur de 1'« objet » même si des milliards d'yeux le voient autrement. L'art abstrait prétend, lui, adresser des messages philosophiques ou traduire les subtilités des sentiments. Naturellement il est de bon ton de s'extasier sur la prétendue puissance évocatrice de la composition. En musique, la beauté c'est le rythme ou la suggestion, par une sorte d'onomatopée instrumentale, d'une ambiance ou d'un cadre d'activité.

« Un critique d'art contemporain faisait remarquer, dans un récent article, que la laideur sous toutes ses formes envahit le monde actuel.

« Sur le plan de l'affiche, par exemple, de l'objet usuel, du décor intérieur, des lieux publics...

nous assistons, disait-il, à une constante et rapide dégradation.

» Avez-vous été frappé vous-même par des impressions du même genre ? Que croyez-vous que l'on devrait faire pour y remédier ? CONSEILS Pour traiter clairement ce thème si controversé, il est indispensable de fixer, même imparfaitement, les critères de la beauté et de la laideur. Il est ensuite facile de montrer que la laideur et la beauté sont engagées dans une rivalité perpétuelle.

On justifiera son opinion par des exemples précis. En conclusion on peut souligner le caractère injustement pessimiste de la pensée. DÉVELOPPEMENT Avertissement.

— Certains exemples proposés sont empruntés à la région parisienne.

Il est bien certain qu'on peut trouver dans toute autre région des exemples aussi caractéristiques. A notre époque, où on prétend rejeter la plupart des valeurs du passé et remettre en question toutes les conventions admises au cours des siècles, la conception de la beauté n'a pas échappé à l'entreprise de destruction.

On donne tellement de définitions de la beauté qu'on risque de ne plus savoir distinguer le beau du laid. Dans les arts plastiques, l'insolite semble l'emporter ; le désordre et la juxtaposition brutale des formes et des couleurs remplacent l'harmonie.

Ce que l'on admire chez Picasso, par exemple, c'est la vision originale qu'a l'auteur de 1'« objet » même si des milliards d'yeux le voient autrement.

L'art abstrait prétend, lui, adresser des messages philosophiques ou traduire les subtilités des sentiments.

Naturellement il est de bon ton de s'extasier sur la prétendue puissance évocatrice de la composition.

En musique, la beauté c'est le rythme ou la suggestion, par une sorte d'onomatopée instrumentale, d'une ambiance ou d'un cadre d'activité.

On entend même dire, surtout par le vulgaire pour qui le goût ne peut être ni bon, ni mauvais, que ce qui est beau, c'est ce qui plaît.

Pour certains même, la beauté n'existe pas, c'est une vue de l'esprit, une sorte de création artificielle et dogmatique.

Ils n'apprécient que la valeur fonctionnelle de l'œuvre ou la technique qui l'a réalisée ou bien encore les matériaux employés.

Le paradoxe n'embarrassant pas nos contemporains, on entend même dire que le « laid » est « beau » dans la mesure où il provoque un choc émotionnel.

Comme on attribue à toutes ces théories sur l'esthétique la valeur transcendantale du progrès de la civilisation en marche vers un nouvel Eden, comment les jeunes peuvent-ils former leur goût avec sûreté? Heureusement, la nature nous a dotés de bon sens et de réflexion pour la formation de notre jugement.

La laideur est le caractère de ce qui heurte notre sensibilité, donne une impression de malaise ou de déséquilibre et invite à l'éloignement.

Est beau ce qui provoque le ravissement, ce qui engendre un émerveillement sans cesse renouvelé, ce qui résiste à l'épreuve du temps et s'impose universellement.

Le Parthénon ou le temple d'Angkor, la Sainte-Chapelle ou le Trianon, les fresques de Michel-Ange ou la Joconde, la Vénus de Milo ou la Fontaine des Innocents sont des exemples probants de la beauté impérissable. La beauté, indissociable de l'œuvre d'art est relativement sûre et, si l'on ne peut raisonnablement l'exiger des créations passagères qui constituent le cadre de notre vie ordinaire, il est souhaitable et possible qu'on nous épargne la laideur. Abstraction faite de la production artistique actuelle où la primauté est accordée aux « fantaisies » les plus discutables, je ne crois pas que l'agressivité de la laideur soit plus virulente qu'autrefois.

Les premières locomotives, les chaises paillées et la lampe à pétrole de mes aïeuls, les stations de métro de 1900, les machines à coudre à pédale n'étaient-elles pas laides? Aujourd'hui la plupart des appareils électroménagers ne sont pas laids ; on a recherché la sobriété des lignes, la simplicité des volumes et l'effet est souvent agréable.

Je préfère les gazinières modernes à l'antique fourneau à gaz avec four et le moulin à café électrique à la boîte à manivelle.

On ne peut nier que dans l'ensemble les carrosseries automobiles se soient affinées et embellies.

Beaucoup d'autocars ou de camions, certains coupés — Peugeot 404 ou Mercedes — ont quelque chose de séduisant, comme d'ailleurs le matériel ferroviaire actuel.

Et les avions? qui oserait prétendre qu'ils sont laids? Il faut reconnaître pourtant que dans les constructions nouvelles la froideur pénible des appartements explique l'engouement actuel pour les « antiquités » qui, judicieusement distribuées, donnent à l'intérieur un caractère plus douillet, plus intime, avec un cachet particulier.

La faillite du mobilier moderne n'est pas contestable et rares sont ceux qui s'adaptent à son austérité, à la froideur de ses lignes, au dépouillement de son décor encore que certains ensembles ne manquent pas de noblesse par la savante répartition des surfaces, les proportions des volumes et l'adjonction pertinente de moulures. Dans le domaine de la construction publique ou privée on peut aussi bien déplorer la laideur que se féliciter de la beauté. Si la plupart des immeubles de la banlieue parisienne ont un aspect désolant, on trouve ailleurs, avenue Foch ou à Cannes, par exemple, des édifices qui ne manquent pas d'élégance et d'attrait.

Les façades du complexe Montparnasse, sauf celle que borde l'avenue du Maine sont désolément plates et uniformes ; le fameux Palais de la Défense, prouesse technique, est d'une étrangeté qui ne séduit guère.

Par contre les nouveaux lycées, les récents bureaux des P.T.T., les « Maisons de la Presse » et même certaines usines ont été réalisés avec un goût certain.

Traditionnellement les châteaux d'eau sont bien placés pour le premier prix de laideur, mais les ponts modernes donnent une impression d'audace et de légèreté et on apprécie la pureté de leurs lignes. L'affiche, elle, doit assurer une fonction, c'est un agent publicitaire.

On lui demande a priori d'appeler l'attention, de forcer l'observation et de fixer un souvenir.

La laideur n'est pas un gage que ce triple but sera atteint.

Une belle image, un dessin agréable y réussiraient aussi bien.

Mais est-il raisonnable de s'insurger contre les formes agressives, cocasses, osées ou de mauvais goût de ces éphémères et accessoires créations? D'ailleurs certaines affiches, comme certaines pages publicitaires de quelques hebdomadaires sont réalisées avec un art enrichi de trouvailles spirituelles. Il est donc vrai que la laideur nous assaille mais le bon goût résiste à ses atteintes et si l'on est porté à croire que la première l'emporte c'est que le développement de la publicité, la multiplication des biens dits « de consommation » et la prolifération des produits manufacturés lui donnent une diffusion de plus en plus étendue.

Le mal s'est étalé mais ne semble pas plus profond.

N'en a-t-il pas toujours été ainsi? Dans la vie, tout n'est que dualité : le Bien et le Mal, la Vérité et le Mensonge, le Beau et le Laid.

On ne peut donc que faire confiance à la Sagesse des hommes pour assurer le triomphe du premier terme de chaque diptyque sur le second.. »

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