Travail sur l’art chez Souriau: le sublime
Publié le 01/05/2023
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«
L1 Philosophie
Devoir : TD Philosophie de l’art et de l’esthétique
L’art a été abordé par de nombreux philosophes, que ce soit Kant,
Schopenhauer, Nietzsche, et d’autres.
Chacun a sa manière de penser le concept
de sublime, de génie, chacun à sa manière de penser la création.
Étienne
Souriau, philosophe du XXe siècle, s’y est particulièrement intéressé et cela
nous permet de poser la question suivante : quelle(s) conception(s) de la
création élabore-t-il ? L’objectif est de répondre à cette question en nous
appuyant sur ces trois textes : « L’œuvre à faire », « Le sublime » de Souriau
lui-même, ainsi que du « Sphinx de l’œuvre » écrit par Isabelle Stengers et
Bruno Latour.
Pour comprendre les conceptions de la création chez Souriau, il faut
commencer par mettre en évidence le lien entre la création artistique et son
existence.
Souriau pose ce problème dans « l’œuvre à faire », il se demande
comment exister, quelle est la manière ou quelles sont les manières d’exister.
Un être achevé est une œuvre à faire, c’est-à-dire qu’en elle, différents modes
d’existence se trouvent.
Prenons un exemple, celui d’un objet : une lampe.
Cette
lampe existe physiquement, elle est utile pour l’Homme parce qu’elle l’éclaire
mais imaginons cette lampe en tant qu’être spirituel ou intellectuel, représentée
sur un tableau, ou décrite dans un poème.
C’est ce que Souriau propose de faire,
et cette manière de voir les objets physiques en tant que leur existence est plus
poussée permet de les regarder d’une autre manière.
En effet, sur un tableau, la
lampe a une valeur que personne n’a tendance a lui accorder et c’est aussi le cas
dans un poème qui offre à la lampe une nouvelle façon de se la représenter : sa
lumière peut être liée à l’espoir, à la connaissance ou encore au bonheur.
A ce
moment, la lampe n’est plus qu’un objet physique parce que l’artiste a trouvé en
elle de nouveaux modes d’existence.
A ce propos, Souriau dit ceci : « Si bien
que cette table physiquement est faite par le menuisier, elle est encore à faire, en
ce qui concerne l’artiste ou le philosophe.
» (Il avait pris l’exemple d’une table
pour expliquer ce qui a été dit précédemment).
Maintenant que nous savons que Souriau parle de modes d’existence en tant
qu’ils sont une des conceptions de sa définition de la création, nous pouvons
évoquer les conditions de la création.
Il parle de trois caractères : la liberté,
l’efficacité et l’errabilité.
La liberté comme pouvoir de choisir, par exemple une
couleur sur un endroit du tableau ou encore les mots d’un poème.
L’efficacité
comme effort.
Une création demande un effort de la part de celui/celle qui l’a
produit.
Si le créateur ou la créatrice s’arrête d’agir lorsqu’il fait face à un
problème tel qu’une prise de décision compliquée, la création reste inachevée.
Elle n’existe pas totalement.
Enfin, l’errabilité comme erreur de l’artiste.
Elle
peut intervenir à chaque acte de sa part.
A-t-il bien ou mal fait ? Ces conditions
de la création apportent de la complexité à ce qu’on a tendance à définir comme
étant une création, c’est-à-dire qu’il semble que pour Souriau, être à l’origine
d’une œuvre, c’est s’y déposer soi-même.
Dans chaque œuvre de Van Gogh se
trouve des parts de lui, de sa réflexion, de sa pensée, de son imagination ou
encore de sa vision du monde et des choses.
C’est pourquoi Souriau insiste sur
le fait de ne pas uniquement considérer ce qu’il appelle projet, et qu’il faut aussi
reconnaître l’importance de ce qu’il appelle trajet.
Le projet est l’œuvre, le
trajet est ce pourquoi le projet existe.
Il comporte des actions qui sont à
l’origine du projet qui s’en suit.
« Nous déterminons l’être à venir en explorant sa voie ».
Ici, l’être représente la
création.
Dans l’opinion commune, il est rare de parler d’une création comme
étant un être comme l’être humain, mais pour Souriau, celle-ci possède une
forme spirituelle, une forme spécifique en tant qu’il y a une union entre ce qui
pousse a créer et ce qui est crée.
La forme spirituelle, il l’appelle « l’ange de
l’œuvre » comme si elle provenait du ciel pour communiquer avec l’Homme.
Cela peut sembler étrange.
En effet, on peut se demander pourquoi et comment
l’œuvre nous parle ? Qu’est ce qu’elle veut dire ? C’est une nouvelle forme de
la conception de création chez Souriau : l’œuvre arrive d’un ailleurs, non pas en
ayant l’objectif de dire qui elle est ou ce qu’elle doit être, mais en ayant
l’objectif de nous demander de choisir.
Entre l’Homme et l’œuvre à faire, nous constatons une relation particulière.
D’abord, il y a trois formes de l’existence de l’œuvre à faire : la situation
questionnante (avoir l’impression qu’il faut ajouter quelque chose à l’œuvre
parce qu’elle semble incomplète, l’œuvre s’adresse à nous), l’exploitation de
l’Homme par l’œuvre (elle a besoin de l’Homme.
Il est directement impliqué
lorsqu’il s’agit d’elle) et le lien entre l’œuvre à faire et l’œuvre faite.
(rapprochement des deux aspects de l’œuvre, l’objectif est que l’œuvre à faire et
l’œuvre faite ne fassent plus qu’un).
Concernant ces trois formes de l’existence
de l’œuvre à faire, il faut y revenir en évoquant la question du sublime et du
génie chez Souriau.
Il faut en parler pour bien comprendre la façon dont il
pense la création.
Le sublime ne provient pas réellement de l’œuvre mais plutôt
de la façon dont on la perçoit.
C’est pourquoi le sublime frappe différemment
selon les personnes et leur sensibilité.
Tout le monde n’est pas sensible aux
mêmes œuvres : ce que nous trouvons sublime peut ne pas l’être pour d’autres.
Dans « Le sublime », Souriau le défini comme étant un message d’une nouvelle
forme d’existence que l’on se doit de comprendre, c’est pourquoi le sublime,
lorsqu’on y fait face, nous transporte, nous amène à ressentir des choses
particulière, nous amène à nous poser des questions sur le sens de la vie, sur le
sens du monde.
Si « l’œuvre à faire » et « le sublime » sont des textes
intéressants à étudier pour mettre en évidence les conceptions de la création
chez Souriau, c’est parce que certains éléments se rejoignent, tels que les trois
formes d’existence et la question du sublime, mais également celle du jugement
de goût.
Avec la situation questionnante, l’artiste observe son œuvre et se dit
qu’il manque quelque chose, qu’il faut encore ajouter des éléments pour que
l’œuvre soit supérieure, puisse s’élever bien plus haut.
A ce moment là, soit
l’artiste sait faire en sorte que son œuvre devienne sublime, soit il ne sait pas.
Le génie intervient ici, parce qu’il est celui qui sait faire.
Souriau explique qu’il
intervient à la dernière minute dans le sens ou il trouve en lui de quoi rendre son
œuvre particulièrement marquante.
Le génie créateur est celui qui sait
totalement écouter et comprendre son œuvre lorsqu’elle s’adresse à lui.
Pour
Souriau, l’important n’est pas de savoir si le génie possède un talent inné parce
que ce qu’il faut surtout comprendre, c’est le caractère supérieur du sublime en
tant que celui-ci inspire le monde et pousse à l’amélioration.
Le génie, lorsqu’il
est à l’origine d’une création sublime,....
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