Toutes les inégalités sont-elles injustes ?
Extrait du document
«
Interrogez-vous sur les différents champs de l'inégalité (inégalité sociale, inégalité physique, inégalité
intellectuelle...) puis essayez de saisir celui dans lequel le sujet est le plus significatif.
Le sujet pose une véritable
difficulté dans la mesure où il se remet en cause un truisme (vérité évidente, lieu commun) : l'inégalité est injuste
(c'est ce que nous pensons tous).
D'ailleurs, nous associons volontiers justice et égalité.
Mais il y a des situations
dans lesquelles cette association vole en éclats.
Que nous ne soyons pas égaux sur un plan physique, c'est
absolument nécessaire (certains sont plus forts ou aptes que d'autres).
Sur un plan intellectuel également (cf.
distinction raison et intelligence dans le lexique de webphilo).
C'est évidemment sur le plan social que la question
pose problème.
Mais la société n'est-elle pas là, à travers son organisation politique, pour interdire que des
inégalités naturelles se traduisent par des inégalités sociales (cf.
Discours sur l'inégalité de Rousseau) ? Il faut, dans
ce sujet, saisir les enjeux politiques de la réponse, il faut même s'en méfier.
Dire que certaines inégalités ne sont pas
injustes, c'est creuser le lit du totalitarisme qui, précisément, exploite ces inégalités au lieu de les résorber.
L'égalité est l'oeuvre de la raison
C'est en vue d'avantages communs que les hommes se sont réunis en société.
Nulle société humaine n'est
concevable sans lois.
Les progrès de la raison ont permis de définir l'égalité comme étant le seul fondement possible
du droit et de la justice.
Les hommes naissent libres et égaux.
Il appartient à la raison de maintenir cette liberté et
cette égalité au sein de la société civile.
L'égalité devant la loi est le principe du droit
L'efficacité de la loi réside dans le fait qu'elle est la même pour tous.
C'est seulement en ce sens qu'elle peut
garantir les droits de chacun.
La notion même de loi est vidée de son contenu dès l'instant où son application varie
selon l'âge, le sexe, la fortune ou bien encore la naissance.
La loi traite également tous ceux à qui elle s'applique.
C'est le principe d'isonomie, selon lequel la loi est la même pour tous, quelles que soient par ailleurs les différences
entre les individus, puissants ou humbles, riches ou pauvres, hommes ou femmes.
« Le juste, donc, est ce qui est
conforme à la loi et ce qui respecte l'égalité », écrit Aristote (Éthique à Nicomaque, V, 2).
L'égalité est l'essence même de la justice
Il n'est pas moralement et juridiquement concevable qu'un homme, en tant que personne humaine, soit traité
différemment parce que ses aptitudes physiques, intellectuelles sont supérieures ou inférieures à celles d'un autre.
L'ordre et la justice dépendent d'une parfaite égalité établie, non par la nature, mais par convention.
Pour Rousseau,
le lien social doit être fondé sur un « contrat ».
Seules des conventions sont susceptibles de lier les hommes et de
faire naître la société.
Il y a des inégalités naturelles
Rousseau, qui pourtant défend l'égalité parmi les hommes comme principe politique absolu, ne nie pas qu'il existe des
inégalités naturelles: la différence d'âge, la santé, la force du corps, les capacités intellectuelles...
Ces inégalités ne
sont injustes que dans la mesure où elles concernent l'homme.
L'ordre naturel, quant à lui, n'est ni juste ni injuste.
Dire qu'il est injuste que mon voisin soit plus grand que moi est une ineptie..
»
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