Toutes les inégalités sont-elles des injustices ?
Extrait du document
«
Introduction.
La notion de justice nous paraît — du moins aujourd'hui; car elle fut d'abord fondée sur l'inégalité —
impliquer une certaine égalité.
S'ensuit-il que toute inégalité soit une injustice?
I.
En quel sens la justice implique l'égalité.
A.
— La justice est le respect de la dignité humaine.
La dignité de la personne étant la même chez tous les êtres
humains, il en résulte que la justice implique une égalité fondamentale, qui se traduit dans le principe de l'égalité des
droits.
Il y a des droits universels et inaliénables : droit à la vie, à l'éducation, à l'instruction, au travail, à la participation à
la vie politique, à la propriété.
Ils sont appelés « droits naturels » parce qu'ils tiennent à la nature de l'homme.
B.
— Donc de prime abord, la justice, c'est l'égalité.
Dans la pensée moderne, la justice est le principe de l'égalité
qu'elle produit et respecte.
Elle consiste à maintenir également le droit de chacun.
Toutefois, justice et inégalité ne
sont pas totalement opposées.
II y a des inégalités justes, par le travail, le mérite : tous ne contribuent pas de
façon identique aux richesses de la société.
Vous serez donc conduits, lors de l'analyse du sujet, à bien examiner les
domaines différents dans lesquels on peut parler de justice (droit, économie, honneurs, etc.).
Mais le principe d'égalité n'entraîne ni la méconnaissance des différences entre les individus — or, ces différences
entraînent nécessairement certaines inégalités, les aptitudes n'étant pas les mêmes chez tous — ni surtout
l'obligation de traiter de la même façon les méchants et les bons, les coupables et les innocents.
II.
L'égalité juste.
Ce qu'exige la justice, c'est donc seulement l'égalité au point de départ, l'égale possibilité pour tous de développer
leurs aptitudes naturelles, en un mot l'égalité des chances.
Les inégalités injustes sont donc seulement celles qui
résultent des obstacles que la structure de la société peut apporter à ce plein développement.
L'égalité juste n'est
pas une égalité arithmétique : c'est une égalité de proportionnalité.
Texte à utiliser pour cette partie:
"Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là où elle se
montre insuffisante en raison de son caractère général.
Tout ne peut être
réglé par la loi.
En voici la raison : pour certaines choses, on ne peut établir
de loi, par conséquent, il faut un décret.
En effet, pour tout ce qui est
indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de
ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos*, avec la règle de plomb ; cette
règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même
les décrets s'adaptent aux circonstances particulières.
On voit ainsi
clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est supérieur
à une certaine sorte de juste.
On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable : celui qui
choisit délibérément une telle attitude et la pratique ; celui qui n'est pas trop
pointilleux, au sens péjoratif, sur le juste, mais qui prend moins que son dû
tout en ayant la loi de son côté, est un homme équitable, et cette disposition
est l'équité, qui est une forme de justice et non une disposition différente."
ARISTOTE
* la "règle de Lesbos" sert à mesurer les courbes.
1/a) Quelle est la thèse retenue par Aristote ?
b) Comment l'établit-il ?
2/a) En quoi le "caractère général" de la loi appelle-t-il un "correctif" ? Qu'apporte à l'analyse l'image de la règle de
plomb ?
b) Expliquer : "l'équitable est juste et [...] il est supérieur à une certaine sorte de juste".
c) En quoi consiste la pratique de l'homme équitable ?
3/ Peut-on appliquer la loi de manière injuste ?
I - LA THÈSE DU TEXTE
Aristote veut établir, dans ce texte, la nécessité de l'équitable, qui est une forme de justice supérieure à celle
strictement définie par la loi, et qui a pour but de la parfaire.
L'équitable n'est ni le laxisme et l'arbitraire ni une application trop rigide de la loi..
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